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dérables que le Tzar leur accorda , * ils obtin-
v rent une entière liberté de faire le commerce
» dans toute rétendue de fes Etats fans payer
»» aucun droit d’entrée ni de fortie , & fans être
*> fujets à aucune efpèce de contrainte , péage &
» impofition quelconque. »
Les liaifons d’Ivan avec la reine Elifabeth, le
defîr qu’avoit le premier de fe ménager au be-
foin un afyle & un appui dans les Etats de
cette princefîe , l’engagèrent à augmenter encore
ces privilèges. Ainfi la compagnie des marchands
Anglois obtint un vrai droit de monopole : Ivan
ayant défendu expreflfément à toute autre nation
qu’aux Anglois de faire aucun commerce fur les
côtes feptentrionales de la Rujfie.
C e commerce devint très- confidérable fous ce
règne. La compagnie établit des comptoirs à
Kolmogori 3 à Novogorod, à Vologda; ion principal
établiflement étoit à Mofcow. Elle expor-
toit des fourrures, des peaux 3 des mâts, du
l in , du chanvre , des cordages, du fu if, de
l’huile de baleine , du goudron , de la poix , des
cuirs. Elle faifoit venir d’Angleterre des draps,
des étoffes , du coton, de l’étain. Bientôt elle eut
une occafion imprévue d’étendre encore fon commerce,
Ivan ayant fournis les Tartares de Cafan
& d’Aftracan pouffa fes conquêtes jufqu’à la mer
Cafpienne, & établit ainfï une communication
avec la Perfe & la Bucharie. La factorerie angloife
fe fit donner le privilège exdufif de ce commerce
, & plufieurs marchands Anglois allèrent
négocier dans ces contrées.
La mort d’Ivan les priva de leur plus zélé
protecteur j fon fucceffeur Féodor rerufa d’abord
de leur confirmer leurs privilèges, cependant
ils en recouvrèrent dans la fuite une grande
partie, mais Boris Godunof ne voulut pas leur
rendre leur privilège exclufif. 11 admit au commerce
de fes Etats les Holiandois, & les villes
Anféatiques rentrèrent dans leur ancien droit de
commercer à Novogorod & Plefcof. Les troubles
qui défolèrent la RuJJte après la mort de Démé-
triüs. fufpendirent le commerce des Anglois. Il fe
releva fous Michel fon fucceffeur, & fut anéanti
fous fon fils Alexis qui bannit les marchands
Anglois de fes Etats. Ç ’é to it , à ce qu’on a dit,
un effet de l’indignation qu’avoit caufée à ce
prince le meurtre de Charles I , avec lequel il
avoit des liaifons d’amitié & des traités d’alliance.
Mais la vérité eft que cette expulfion des Anglois
a précédé d’une année la mort de Charles, &
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I qùe le vrai motif en étoit les offres faites par les
Holiandois de payer un droit de quinze pour
cent de leurs marchandifes, fi on vouloir les
mettre à la place des Anglois. Car peu de tems
après le Tzar reçut un agent de Cromwel à
Archangel, & permit aux Anglois de commercer
dans ce port fur l’ ancien pied. Mais ni eux ni
aucune nation ne purent obtenir d’Alexis de faire
le commerce ailleurs que dans cette ville.
Charles II. effaya d’obtenir pour fes fujets le
rétablifîemènt d’ un commerce entièrement libre.
Il envoya pour cet effet en RuJJte \e comte de'
Cariifle en qualité d’ambaffadeur , mais cette négociation
échoua par la faute de ce miniftre pointilleux
& hautain. Tout ce qu’ il obtint, fut que
les Anglois pourroient négocier dans toute la
RuJ/ie , en payant comme les autres nations les
droits d'entrée & de fortie. Depuis cette époque,
leur commerce n’a fouffert aucune interruption.
Archangel continua à être le feul port où fe
faifoit ce commerce , jufqu’à ce que Pierre le
tranfporra à Pétérsbourg & aux autres ports de
la mer Baltique (i^)., 1
Les marchands Anglois que ce prince favori-
foit extrêmement en toute occafion, s’établirent
dans la nouvelle capitale, qui devint en peu de
tems le principal entrepôt de tout le commerce
de RuJJte. Les privilèges de la factorerie angloife
furent confirmés par un traité de commerce & de
navigation conclu en 1734, entre George II. &
l’impératrice Anne, & renouvelle en 1766 entre
George III. & Catherine II. Mais ce traité qui
a fini en 1786 n’a pas_ encore été renouvelle ,
au moment où nous écrivons i & le cabinet *de
Pétérsbourg n’ eft pas difpofé à le renouveller fur
le même pied 5 car il a figné au commencement
de cette année 1787 , avec la France, un traité
très-défavorable à l’efpèce de monopole que les
Anglois s’étoient appropriés en Ruße : nous rapporterons
ce traité plus bas.
Tout le commerce de Pétérsbourg , en mar-
chandifes exportées & importées pendant l’année
1777 3 avec les Anglois & les autres nations >
fut.
Exportations........................L. fterl. 2,400,000
Importations. . . . . . . . . • 1,600,000
Balance en faveur de la Ruße . . . 800,000
La part que les Anglois eurent dans
ce commerce fut
( 1 ) lie r r e o ta meme à Archangel fes privilèges & fes anciennes immunités , mais elles lu i ont été rendues par Elifabeth,
cette v i le taie aujourd’hui un commerce affez conlïdérable. Elle verfe dans les provinces cPArchangel, du bas Novogorod
ce de Calan les marchandises de l ’Eu rop e , & «^exporte du grain , du chanvre , du lin , de greffes to ile s , des mâts , du
Sc leVcr ’UI d elcemlemg f f la jjSÇSÇ» d k cft » « ^ l ’entrepôt des productions d ’une partie de la Sib é r ie , comme les pelleteries
R U S
Rn exportations environ L* ft* ,508,782
42. J , 942
6
12
i , oS+j 839 H
Conféquemmcnt le commerce.
avec les autres n<.uons les Ruffes
compris, fut
F.n exportations de . . . . L. 8 9 1 ,12 7 11
Importations . 1 ,17 6 .0 5 7 8
284. 829 17
D-’où il réfulteroit que la Rujfie
gagnoit annuellement par fon commerce
avec les Anglois environ 1,084,829 17
& qu’ elle perdoit par fon commerce
avec les autres nations .. . 284,829 17
Reftoît un gain annuel d’environ . 800,000 o
Mais fi l’on y comprend le commerce de
contrebande , dans lequel la valeur des importations
excède de beaucoup celle des exportations ,
de auquel les Anglois n’ont que peu ou M | j de
part, cela diminuera confidérabiement la balance
qu’on vient de fuppofer.
Suivant cette eftimation , la moitié du commerce
de Pétérsbourg étoit à cette époque entre les
mains des Anglois 3 mais comme leur commerce
en 1777 a été plus conficierable cette annee a
que les précédentes & les fuivantes , on- doit la
regarder comme trop Forte , & conclure d apres
un calcul plus modéré que la factorerie angloile
ne faifoit que le tiers de ce commerce.
Le commerce total de Pétérsbourg en 177$ 3
fut en exportations de liv. fieri., > 2,042,097
En importations.............................G 3
.3, 360,526
La même année il entra dans le port de
Cronftadt :
Vaifleaux Anglois. .. . . 1 5 1
François . • • . . . i
Espagnols . . . 6
RuITes . • . . . z 2
Portugais ' • . . . 2
Suédois . . * • • 47
Holiandois . . . 147
Danois . . • . - . 39
Pruffiens . . 26
de Lubeck • 3S
de Roftock . • • . . . 29
R U S 1 33
de ...................................................
1
de Hambourg................................
de S tra lfu n d ................................ . s
de B rêm e ...................................... i
Tota l.............................., . 607
'C e tableau indique la part que prenoient les
diverles puifiances au commerce de la RuJJte.
Le commerce de Rufte fe fait aufli par les
ports de Riga , Revel , Narva I Wibourg. On
exporte par Riga une grande quantité de grains
que les Anglois, les Suédois , les Ho.landois y
viennent charger, & qui y ell amenee par la Duna
des provinces de Pleskof, de Smolensko , & de
Novogorod. Il en fort aufli des mâts en petite
! quantité. Les autres marchandifes exportées de
ces divers ports font les memes que celles de
Pétérsbourg, c’eft-à-dire, du chanvre, du lin ,
des cuirs , de la cire , du fuif. du goudron3 des
crins , des cordages » de la rhubarbe 3 de grones
toiles , toutes fortes de peaux & de pelleteries,
du caviar, de la potatfe, des grains, &c. Scc.
Du commerce des Anglois Jur la mer Cafpienne 3 de
celai des Rujfes Jur la même mer , des divers
ports de cette mer , du commerce avec la Bucharie
& la Chine.
Dès le quatorzième iîècle les Vénitiens & les
Génois faifoient venir par la mer Cafpienne 8c
par Aftracan dans leurs comptoirs d 'A zo f 8c de
Caffa les marchandifes de 1 Inde 3 de la Perfe 8c
de l’Arabie , 8c de-Ià ils les verfoient dans le
midi de l’Europe, tandis que les pays du nord
les recevoient par la route d Aftracan , 8c la
rivière de V o lk o f, d’où les marchands ruffes
de Ladoga les envoyoient à Wisby dans l'ifle
de Gothlande fur les côtes de Suède. Cette ville
qui en étoit le grand entrepôt appartenoit à la
Ligue Anféatique ; mais les ravages exercés par
-, Tamerlan 8c les Tartares vers la fin du quatorzième
fiècie changèrent la route de ce commerce.
Il ne fe fit plus que par Alep 8c par Smyrne.
Ces villes étoient d’ ailleurs plus à portée de
recevoir les marchandifes d'Arabie : aufli cette
branche de commerce leur refta-t-elle pendant
qu’une partie de celui de Perfe rentra.dans fes
anciens canaux.
Ce commerce ne fe fit d’ une manière fùre que
depuis la conquête de Cafan 8c d’Aftracan par
Ivan II. en i;Ç 4- Alors ** y eut une commnm-
' cation facile entre Mofcow 8c la mer Cafpienne.
( i ) ’ En tems de guette , les marchandifes de F r an c e , 2c celles qui font exportées
gées fu t des vaUTeauirhoUandoisi, ce qui fait que cette année on ne Toit qu’ un
la valeur de ces marchandifes fût-de liv . fterl. 7 y î *
de Rufjie pour la France , fo n t cliar-
yaiffeau arrivé à Cro»lladc , quoique