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toujours alarmés pour les Moluques 5 fur les efpa-
gnolsj qui pouvoient craindre pour les Philippines
} fur les barbares des parages voifins , dont
la liberté fèmbloit menacée, quelquefois même fur
nneconfpiration de tous ces ennemis , qui avoient
Uni leurs.haines & leurs intérêts. De quelque main
''que foit parti un trait inattendu , le mal n’eft
:pas fans remède. La nation Britannique pourra
retrouver à Queda , fur Une autre partie du continent
de Malaca 3 ou dans quelqu’une des nom-
breufesifles.répandues dans ce détroit , ce qu’elle
a perdu à Balairibangan. Si des obftacles trop
pùilfans reridoient encore une fois fes efforts inutiles
3 elle trouveroit cent motifs de confolation
dans le Bengale. *
Il y a lieu de croire que l’auteur de l’hiftoire
politique 8c philofophique des établiffemens européens
dans les deux Indes 3 fe trompe fur l’inutilité
de l’établiffement que les anglois ont formé
à Sumatra. Outre le poivre ils en tirent une quantité
d’or confidérable 3 de l’étain 8c d’autres métaux
, du caffia , du benjoin , du camphre 3 de
l ’ivoire 3 8cc. Nous renvoyons fur cet objet à
l’excellente hiftoire de Sumatra que M. Marsden
a publié en anglois 3 après avoir paffé dix ans dans
cette ifle.
C e t auteur parle de rétablifTement que confère
n t leis hollandçis dans une partie de Tifle.
SU PR ÉM A TIE . Serment dt 'fuprimatie.
u Lorfque les arïglois fe féparèrent-de la communion
de Rome , il fut paffé un adte folemnel fous
le règne de Henri V I I I , qui abolit l’autorité du
faint liège , défendit de lui payer le tribut qu’on
lui payoit depuis long-tems , & qu’on appelloit
U denier de St.-Pierre , décerna la peine de mort
contre^ quiconque reconnoîtroit dans le pape un
pouvoir fouverain fur l’Angleterre , & obligea le
clergé de ce royaume & celui d’Irlande de prêter
le ferment de fuprématie 3 mot q u i, dans le gouvernement
anglois défîgne la fouveraineté du roi
fur l ’églife auflîbien que fur l’État. C ’eft ainfî
que , par les traités de Paffau 8c de Weftphalie,
les princes proteltans d’Allemagne ont acquis le
droit de réformer les églifes de leurs domaines ,
d’où eft née parmi eux la maxime » que celui qui
pofsède la terre, pofsède auffi le droit de dif-
pofer de tout ce qui appartient à la religion.
Voici la difpofition du ferment de fuprématie britannique.
» Quoique de fait & de d ro it, le roi foit 8c
doive être le chef fuprême de l’églife d’Angleterre;,
& qu’il ait été reconnu pour tel par le
clergé de ce royaume dans fes àffemblées, cependant
tant pour corroborer & pour confirmer
ce titre , que pour l’augmentation de la vertu -
•chrétienne dans ce royaume d'Angletérre a
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pour réprimer 8c extirper toutes erreurs , hé-
refies , 8c autres fcandales ou abus qui s’y étoient
gliffés, il eft ordonné par l’autorité du préfent
parlement , que le roi notre fouverain feigneur ,
fes héritiers & fucceffeurs rois de ce royaume,
feront refpeétivement cdnfés reconnus 8c efiimés
les feuls chefs fuprêmes en terre de l’églife d’Angleterre
, appellée eccUfia Anglicana , 8c qu’ils
auront 8c poiféderont , comme annexé 8c unis à
la couronne impériale de ce royaume, tant ce
titre & ce nom , que tous les honneurs, prééminences
, immunités , profits & avantages qui conviennent
8c appartiennent à la dignité de chef fu-
preme de ladite églife. Notredit fouverain fei-
-gneur, fes héritiers 8c fes fuccefieurs rois de ce
royaume, auront plein pouvoir 8c autorité, quand
| bon leur femblera, de revoir^ réprimer, redreffer,
reformer , prévenir , corriger, reftreindre 8c
cenfurer toutes les erreurs , héréfies, abus , mépris
, 8c défordres de quelque efpèce que ce
foie , qui , en vertu d’aucune autorité ou j.urif-
di&ion fpirituelle , doivent ou peuvent être légitimement
réprimés , redreffés, réformés , pré i
venus, corrigés, reftreints Sc cenfurés pour la
gloire de Dieu tout-puiffant, pour l ’augmentation
de la vertu chrétienne, & pour la cônfer-
vation de la paix, de l’ union 8c de la tranquillité
de ce royaume, nonobftant tout ufage, coutume,
loix étrangères , prèfeription, ou aucunes chofes
à ce contraire. «
Marie , qui étoit catholique , n’eut pas plutôt
fuceedé au roi Ton père , qu’elle abolit, en 1554,,
Je ferment de fuprématie , mais il fut rétabli en
1559^ à l’avènement d’Elifabeth, 8c il n’a pas
Cené depuis d’être en vigueur. Il èft prêté par
tous ceux qui entrent dans les charges 8c emplois
de l ’églife & de l’E ta t, qui afpirènt aux ordres
Tacrés , ou qui font membres du parlement.
La religion étoit auffi dépendaute du roi en
Ecoffe qu’en Angleterre. Le roi Guillaume con-
fentit néanmoins, par des vues politiques , de
remettre aux écoflbis le ferment de fuprématie
8c la cour ne s’ell jamais mal trouvée de cette
indulgence. Elle a peu d’cccafîons de fê mêler
des affairés eceléfîaftiques , 8c les cômmif-
faires même qui affiftent de la part du roi aux
àffemblées presbytériennes, n’y font que pour
la forme.
S U R A T E , ville des indes près du golfe de
Cambaye , où les européens ont des comptoirs.
Ç ’eft la principale ville du Guzurate. Nous allons
dire à quelle époque les européens s’y font établis
, 8c quel elt le commerce du Guzurate 8c
de Surate.
La compagnie françoife des Iodes .jugea en 1^70
qu’il lui convenoit d’abandonner Madagafcar 5 8c
à cette-époque, fes vaiffeaux prirent dirêàement
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la route des Indes. Par les intrigues de Marcara,
né à Ifpahan , mais attaché au fervice de France ,
on obtint la liberté d’établir des comptoirs fur
diverfes côtes de la péninfule. On tenta même
d’avoir part au commerce du Japon. Colbert
offroit de n’ y envoyer que des proteftans : mais
les artifices des hoïlandois firent refufer aux fran-
çois l’entrée de cet empire, comme ils l’avoient
fait refufer aux anglois.
Surate avojt été çhoifîe pour être le . centre de
toutes les affaires que la compagnie devoit faire
dans ces régions. C ’étoit de cette ville principale
du Guzurate que dévoient partir-les ordres
pour les établiffemens fubalternes j c’étoit-là que
dévoient fe réunir les différentes marchandifes
deftinées pour l’Europe.
Le Guzurate forme une prefqu’ifle entre ITndus
8c le Malabar. Il a foixante milles de long fur
une largeur prefque égale. Les montagnes d’Arva
le réparent du royaume d’Agra. L’Indoftan n’a pas
de province où le fol foit auffi fertile , mieux
arrofé, 8c coupé par un plus grand nombre de
rivières. On defireroit qu’ un vent du fud des
plus violens , n’en embrafât pas le climat trois
mois chaque année. Cette contrée jouiffoit déjà
de grands avantages, lorfqu’une colonie étrangère
vint encore augmenter fes profpérités.
Dans le feptième fîècle , le dernier roi de Petiè'3
de la dynaftie des Sanafides , fut détrôné par les
mahométans. Plufîeurs de fes fujets , .mécontens
du peuple vainqueur, fe réfugièrent dans le Ko-
heftan , d’où cent ans après ils defeendirent à
l’ ifie d’Ormifcz. Bientôt ils firent voile pour l’Inde,
8c abordèrent heureufement à Diu. Peu fatisfaits
encore de cet afyle , ils fe rembarquèrent, 8c les
flots les poufsèrent fur une plage riante , entre
Daman 8c Baçaïm. Le prince qui donnoit des
loix à ce canton , ne consentit à les recevoir qu’ à
condition qu’ ils dévoileroient les myftères de leur
croyance, qu’ils quitteroient leurs armes , qu’ ils
parleroient l’idiôme du pays, qu’ilsferoient paroître
leurs femmes en public fans voile, 8c qu’ils célé-
breroient leurs mariages à l’entrée de la nuit,
félon la pratique généralement reçue. Comme
cès ftipulations n’ avoient rien de contraire au
culte qu’ils profeffoient, les réfugiés les acceptèrent
fans difficulté.
L’ habitude du travail, contractée 8c perpétuée
par une heureufe néceffité, les fit profpérer. Affez
fages pour ne fe mêler ni du gouvernement ni
de la guerre , ils jouirent d’une paix profonde au
milieu des révolutions. Cette circonfpeétion 8c
une grande aifance augmentèrent beaucoup leur
nombre. Ils formèrent toujours , fous le nom de
Parfis , un peuple féparé , par l’attention qu’ils
curent de ne point fe mêler avec les . indiens , 8c
par l’attachement aux principes religieux qui leur
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avpit fait quitter leur patrie. C e font ceux de
Zoroaitre } mais un peu altérés par le tems, par
l’ignorance 8c par l’avidité des prêtres.
L’induftrie , l’aélivité de ces nouveaux habi-
tans , fe communiquèrent à la nation hofpitaliêre
qui les avoit fi fagement accueillis. Le fucre, le
bled , l’indigo , d’autres productions , furent na-
turalifés fur un fal que dés rizières avoient juf-
qu’alors pripcipaiement couvert. On multiplia,
on varia , on perfectionna les. fruits 8c les troupeaux.
Les campagnes de l’ Inde offrirent, pour la
première fois , ces haies, ces enclos, ces autres
agrémens utiles 8c champêtres qui embelliffent ou
enrichilfent quelques ■ unes, de nos contrées. Le?
atteliers firent les mêmes progrès que les cultures»
Le coton prit de plus belles formes , 8c la foie
fut enfin mife en oeuvre dans h province. L*at>
croiffement des fubftançes , des travaux , de la
population, étendit avec le tems les relations
extérieures.
L’éclat que jettoît le Guzurate , excita l'ambition
de deux puiffances redoutables.. Tandis que
les portugais le prefloient du côté de la mer
parles ravages qu'ils faifoient, par les viCloires
qu’ ils remportoient , par la conquête de Diu ,
regardé avec raifon comme le boulevard du
royaume > les mogols , déjà maîtres du nord de
l’Inde , 8c qui brûlpient d’ avancer vers les contrées
méridionales où étoiênt le commerce 8c les
richeffes, le menaçoient dans le continent.
Badur, patane de nation , qui gouvernoit alors
le Gnzurate , fentit l’impoflibilité de réfifler à la
fois à deux ennemis fi acharnés. Il crut avoir
moins à craindre d ’un peuple dont les forces
étoient féparées de fes Etats par des mers irnr
menfes , que d’ une nation puiffamment établie
aux frontières d,e fes provinces. Cette confidératiou
le réconcilia avec les portugais. Les facrifices qu’ il
leur fit les déterminèrent même à joindre leurs
troupes aux fiennes contre Akebar, dont ils ne
redoutoient guère moins que lui l'aéHvité 8c le
courage.
Cette alliance déconcerta des hommes qui
avoient compté n’avoir affaire qu’à des indiens.
Ils ne pouvoient fe réfoudre à combatre des européens
, qui paffoient pour invincibles. Les naturels
du pays , encore pleins de l'effroi que ces
conquérans leur avoient çaufé , les peignoienc
aux foldats mogols comme des hommes defeen-
dus du ciel ou fortis des eaux , d’une efpèce infiniment
fupérieure aux afiatiques en valeur, eu
génie 8c en connoiflfances. Déjà l’armée faifie de
frayeur preffoit fes généraux de la ramener à
Delhy , lorfqu’Akebar , convaincu qu’ un prince
qui entreprend une grande conquête doit lui-»
même commander fes troupes , vole à fon camp.
Il ne craint pas d’alfurer fes troupes qu’elles but*
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