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mak Sc Tes Cofaques obtinrent leur pardon , des
préfens , & l ’affurance d’avoir part aux grâces
de l'empereur. Le C za r promit en même tems
d’envoyer un général en Sibérie ; ce général s’y
rendit effectivement en i j 8j , avec cinq cens
hommes, & il arriva à Sibin en^iy84. Mais
Jermak fut tué la même année, & les Ruffes quittèrent
Sibin & tout le pays. En 1686 on y envoya
d’autres généraux & de nouvelles troupes ,
qui bâtirent la ville de Tumen. Il arriva encore
un corps de troupes en 15 8 7 , après quoi on
bâtit la ville de Tobolsk. La ville de Sibin fut
de nouveau prife & faccagée en 1588. Le Kan
Kutfçhum battu en 1598 , ne put plus fe relever ;
& il fut affaffiné bientôt après. Depuis cette
époque les Ruffes ont continué d’ étendre leur
domination en Sibérie. On étoit redevableauxCo-
faques de cette conquête , & toutes les troupes
envoyées en Sibérie , leur furent incorporées, &
portèrent leur nom ; c’eft pour cela que la milice
de Sibérie , porte encore aujourd’hui le nom
de Cofaquesr
Avant les derniers arrangement faits par C a therine
II. , la Sibérie formoit deux grands
gouvèrnemens , celui de Tobolsk , & celui
d’Irkutzk.
Le gouverneur de toute la Sibérie réfîde à
Tobolsk , & il a fous lui le fous - gouverneur
de Jenifeisk & tous les palatins ; mais aucun
de ces palatins n’eft à fa nomination, & il eft
obligé de les recevoir tels qui lui font envoyés
jxir la chancellerie Sibérienne de Mofcou. Il y
a dans la chancellerie de régence de Tobolsk ,
deux fecrétaires qui ne changent pas , ainfi que
les gouverneurs. Comme ils demeurent toujours
en place , les grands & les petits leur font la
cour , & ils font plus confédérés que le gouverneur
lui-même : les principaux officiers de la
garnifon , font obligés de fuivre leurs ordres,
Se ils exercent pour-ainfi-dire, :dans la ville de
T o b olsk , un pouvoir fans. bornes. l’article
R ussie.
SICILE. ( royaume de ) C ’eft une ifle de la
méditerranée , qui appartient aujourd’hui au roi
de Naples..
Sa figure reffemble beaucoup à un triangle ;
c ’eft pour cela qu’anciennement on l’ appelloit
Tinacria & Triquetra ; c’ eft la plus grande de
toutes les ifles de la méditerrannée , elle contient
environ cinq cens foixante-feize milles géographiques
quarrés.. . . Dans les fiècles reculés,
cette, ifle s’appelloit Sicania , du nom de fes ha-
bitans Siçani^ns, Mais les Siciliens y ayant abordés
, & s’étant rendus maîtres delà plus grande
partie de rifle , ils lui donnèrent le nom de
Sicile. Dans la fuite prefque tout le pays fut culs
1 c
tivé & peuplé par des Grecs ; en forte que leur
langue y fut long-tems la langue ordinaire. Elle
pana enfin fous la domination des Romains. Nous
avons parlé de fon hiftoire moderne, à l ’article
N aples.
Sol y production.
L ’ifle eft très-fertile , quoiqu’elle ne paroiffe
compofée que rochers j on l’appelloit autrefois
le grenier de Rome. Aujourd’hui même la quantité
de bled que l ’on y recueille , furpaffe de
beaucoup celle qu’on y confomme ; elle eft
moins peuplée & moins cultivée qu’elle ne l’é-
toit jadis ; car elle renferme beaucoup de cantons
déferts, principalement vers l’extrémité occidentale.
Le vin y eft très - bon , on y trouve
en abondance des fruits excellents , de l’huile,
du fafran , & on y cultive des cannes de fucre ,
fur-tout aux environs du mont Etna ; elle produit
enfin du fel & du miel. La pêche que l’on fait
fur toutes fes côtes eft très-avantageufe : celle du
thon, fu r -to u t, eft lucrative ; le bétail y èft
d’ une belle efpèce , & elle abonde en quadrupèdes
, en gibier, & en volaille. La culture de
la foie s’ÿ introduifit en 1 130 , lorfque Roger,
après fon expédition à la terre fainte , eut pris
Athènes, Corinthe & Thebes , & qu’ il en eut
tiré des hommes qui entendoient cette partie
de l’économie rurale ; la foie qu’on exporte
de Mefline , . éft préférable en qualité & en
quantité à cellé de Parlerme. D e là Sicile elle
paffa enfuite au royaume de Nap les , à Milan ,
en Efpagne,- & dans les provinces de France ,
les plus voifines de l’Italie.
On compte jufqu’à foixante dix-neuf e'fpèces
de productions exportées annuellement àt Sicile ,
le bled forme le principal article : elles font
tranfportées par des mulets , faute de chemins
battus, ce qui les renchérit beaucoup.
On évalue à cent mille âmes, la population
de Palerme , & à quarante mille le nombre ,
des eccléfiaftiques. On compte dans toute la
Sicile y onze à douze cent mille habitans; on y
trouve environ foixante duchés , cinquante - fix
marquifats, plus de cent comtés, & une très-
grande quantité de baronnies & autres terres
nobles.
Il y a en Sicile un fimverain tribunal ecelé-
fiaftique, qui juge toutes les caufes eccléfiaftiques.
Son préfident qui porte le titre de juge de la
monarchie de Sicile , a toute l’autorité d’un légat
a latere. La cour de Rome cherche à
borner le pouvoir de ce tribunal ; Or de fon côté
le roi de Naples , fait fes1 efforts pour le fou-
tenir , de peur que le clergé ne s’adreffe
au faint liège. Le pape Urbain I I , ayant déclaré
en 1098, pour fon légat né en Sicile , le comte
S I É S I L S I L fa.
Roger, 8r fa poftérité \ le roi fe regarde comme
fouverain abfolu dans cette if le , tant au fpiri-
• tuel qu’au temporel.
Le gouvernement de ce royaume, eft admi-
niftré par un vice-roi qui réfîde à Palerme.
Les,revenus que le roi de Naples, tire de la
Sicile , font très - confidérables î mais nous ne
pouvons en marquer la fomme ; avec quelque
précifîon.
La Sicile eft divifée en trois provinces qu’on
nomme vallées.
On peut voir dans le voyage de Brydone , &
dans quelques autres voyages encore plus récens ,
à quel état déplorable la mauvaife adminiftra-
tion a réduit ce pays. L ’article N aples eft
fort étendu, & nous y renvoyons le le&eur.
SIÉGEN. Voye\ N assau.
SILÉSIE, duché fouverain de l’Europe.
La Siléfie eft bornée à l’orient par la Pologne
, & de ce côté elle eft platte & ouverte j au
midi elle eft féparée de la Hongrie par des montagnes
& des brouffailles touffues , dont l’épaif-
feur en quelques endroits eft d’ un mille d’A llemagne.
La propriété de ces brouflailles n’eft
pas encore bien déterminée : on ne fait fî elles
appartiennent à la Siléfie ou à la Hongrie, qui
les a réclamés plus d’une fois. Comme ce dé-
fert ne peut être défriché, & qu’on n’y a pratiqué
qu’un chemin qui fert de grande route, il
forme un boulevard naturel pour ces deux contrées,
La Siléfie eft bornée au couchant par la
Moravie , la Bohême , le comté de Glatz & la
Luface. 11 eft féparé des deux premiers pay s ,
par une grande chaîne de montagnes ; mais du
côté de la Luface, il eft uni & ouvert, ainfi
qu’au nord , où il a pour frontière la Marche
de Brandebourg. Son étendue eft d’environ fix.
cens cinquante lieues géométriques quarrées.
C et article contiendra;. i ° . un précis de l’hif-
toîre politique de la Siléfie, & des ôbfervations
fur les rapports de ce pays, avec l’empire d’A llemagne;
i ° . des détails fur les domaines que
le roi de Pruffe poffède en Siléfie, & fur ceux
qu’y poffède la maifon d’Autriche ; 30. des remarques
fur les productions , la population, les
diverfes claffes d’habitans, & le régime ecclé-
fiaftique ; 40. des détails fur les manufactures ,
& le commerce ; 50. d’autres détails fur l’ad-
miniftration , & les tribunaux ; & 6°. enfin nous
y traiterons des contributions , des impôts &
des revenus»
S E C T IO N P R EMI E R E .
Précis de V hiftoire politique de la Siléfie , & ob-
fervations fur les rapports de ce pays , avec Ventv
pire (VAllemagne.
La Siléfie faifoit jadis partie du pays des L i-
giens & desQuades. Les Slaves s’étant emparés vers
le milieu du fixième fiècle du diftriéi: des Quades ,
une partie de ce domaine fut réuni à la Pologne,
& . reçut lé nom de Siléfie , proprement Z le z ia ,
Czlezien ; les Polonois expriment dans la langue
efclavonne par Z l e z i , la. lignification du mot
de quad , qui lignifie en vieux Tudefque un
méchant, & l’expreffion zle préfente .le même
fens en Efclavon ; aujourd’hui même les Polonois
appellent les Siléfîens Zlefakas. Les conqué-
rans jntroduifïrent en Siléfie la.langue, Iesmceur$
& les ufages de la Pologne , ainfi que la doétrin«
chrétienne , qui y trouva un appui dans l’évêché
: fondé par Mirciflas I à Schmoger , & fixé depuis
à Breflau. Lorfqu’en 1138 Boleflas I I I , régent de
la Pologne, partagea fes états entre fes fils, l ’aîné,
nommé Wladiflas I I , eut avec les terres de Cra-
covie , de Siradie & de la Poméranie, la Siléfie ;
mais ayant cherché à dépouiller fes frères de leur
poffeffion , il fut chaffé lui-même de la Pologne ,
& fon frère Boleflas IV en obtint fes terres & fa
dignité. C e lu i - c i , de concert avec fes frères,
céda en 1163 aux fils Wratiflas I I , c ’eft-à-
dire , Boleflas , furnommé Alta s , Mieciflas &
Conrad, la Siléfie , qui' alors n’avoit pas Jes
mêmes bornes que la province qui porte ce nom
de nos jours. Ces trois frères partagèrent le pays,
de manière que la partie du milieu échut à l ’aîné ,
la fupérieure au fécond , & la baffe au dernier.
La Siléfie mitoyenne comprenoit ce qui forme aujourd’hui
les principautés de N e iffe , Brieg
(Els , Munfterberg , Breflau , Schweidnitz *
Jav er, Lignitz & Wohlaù , ainfi que les terres
de Militifch, Trachenbert & Wartenberg.
La haute Siléfie renfermoit ce que l’on appelle les
principautés de Tefehen, Ratibor, Oppeln), avec
les terres de Pleffe & de Beuthen. La baffe enfin
contenoit les diftri&s de Glogau , Sagan, Croffen ,
Beuthen , Schwiebus , & toute la portion de la
Marche de Brandebourg jufqu’à la rive de la
Warta , qui à cçtte epoque fe trouvoit comprife
dans la Siléfie. Conrad étant mort en 1178 fans
poftérité , Boleflas s’empara de toute la baffe S iléfie
, & s’y maintint malgré les oppofîtions de
fon frère Mieciflas. Dès-lors la dénomination de
la Siléfie moyenne n’eut plus lieu , & l’étendue
de la baffe, qui venoit d’être réunie à la moyenne,
devint prefque le double de la haute. Les def-
cendans de Boleflas & de Mieciflas, qui pre-
noient tous le titre de ducs de Siléfie , fondèrent
fucceflivement les diverfes-principautés qui font
dans ce duché, & dont nous rapporterons l’origine