
baril établi par le ,parlement d'Angleterre , fur
J'importatiop des melaffos. en Amérique,-il y auroit
un'autre droit provincial de huit pences par muid
fur leur importation à la baye de Maflachufet,
dans des vaifleaux appartenant à line autre colonie
, & un droit de cinq pences par baril fur leur
importation des colonies du nord dans la Caroline
méridionale. Si orv ne trouvoit pas1 qu'une
Be ces deux méthodes convînt au Canada & à la
Nouvelle-Ecoffe, les feules colonies qui relient
■ à la Grande-Bretagne , dans le continent de i>A-
mérique, car nous ne parlons pas ici de-l'éta-
bliflement de la baye de Hudfon ; chaque famille
pourroit compofer pour la cofommation qu'elle
fait de cette liqueur ^ foit fuivant le' nombre des
perfonnês /comme des familles particulières com-
pofent en Angleterre pour l’impôt fur la drèehe,
ou fuivant Tige & le fexe desperfonnes, delà
■ même manière dont on lève difrérens impôts en
Hollande , ou à-peu-près comme le chevalier
Matthieu Deker propofe de lever en Angleterre
tous les impôts fur les marchandifes de confom-
irvationV L'on à déjà obfervé que cette manière
d'impoferv appliquée aux objets d'une prompte
confommation, n’eft pas trop bonne. On peut
cependant l'adopter, faute d'une meilleure.
Le fucre, le rum & le tabac n’étant nulle
part des chofes néceflâires à la vie , & étant devenus
les objets d'une confommation univerfelle,
-font par làrmêmè des fujets extrêmement^ propres
.à être impofés. Pofez l'union avec les colonies
, ces marchandifes pourroient être taxées,
ou avant de fortir des mains du manufacturier ,
ou du produ&eur ; ou , fi cette manière d’im-
pofer leur étoit trop à charge , on pourroit les
^dépofer, dans les magafins publics , aux lieux où
.elles font manufaélurées, & à tous les ports de
J’empire auxquels elles ne pourroient être enfuite
tranfportées : elles y feroient fous la garde commune
du propriétaire. & de T-officier du revenu ,
'jufqu'à' ce qu'elles ëri fortifient pour être livrées
ou au confommateiir , ou au marchand exportateur
; le droit ne feroit avancé qu’au moment
de cette délivrance. Elles feroient franches de
d ro it, quand on les délivreroit pour l'exportation;
bien entendu qü'rT 'y auroit bonne caution
qu’elles feroient véritablement exportéés. C e font
peüt-'être Lés principale^ marchandifes q u i, fup1
pofé runioh, demandérb'ient quelque changement.,
•cônfidérablè dans lefÿftême aéluel d’impofition :
férôit-il fage d’eflayer .aujourd'hui Tétabliflement
de ce fyftême ? nous ne le croyons pas : l'Irlande
fe révolieroit vtaifemblnblement, & le Canada &
la Nouvêlle-Ecb'lfe feroient bien tentées de Fe réunir
aux "Américains. * 1
. Au refte que feroit le montant du produit de ces :
fortes d’impôts, fi on les étendoit félon la manière
dont ils font établis en Angleterre , à toutes
les provinces de l'empire ? § ell fans doute
împoflible de le déterminer avéc quelque exactitude.
Par le fyftème d'impofitions a& uel, on
leve annuellement dans la Grande - Bretagne plus
de douze millions IL fur -moins de huit millions
d hommes. L'Irlande contient plus de deux millions
d habitans , on peut faire le calcul de la population
du Canada ou de la Nouvelle-Ecofife s
& trouver un refultat d'après une règle de proportion.
Il faudroit ôter ce qui fe lève annuellement
en .Irlande & dans les plantations pour les frais
de leur gouvernement civil refpettifs. La dépenfe
de l'établilTement civil & militaire en Irlande , y
compris l'intérêt de la dette publique, à prendre la
Tomme moyenne de deux années, finiflant en mars
1775 3 fe montoit a quelque chofe de moins que
fept cents cinquante mille 1. IL par an. On peut
calculer les dépenfes du Canada & de la Nou-
velle-EcolTe. Si fur le revenu aéluel de la Grande
Bretagne , on peut épargner un million en
tems de paix pour le payement de la dette ; on
pourroit donc épargner fur celui qu'ejle auroit
alors, plufieurs millions. C e grand fonds d’a-
mortiflement pourroit être encore augmenté chaque
annee par 1 intérêt de la dette acquittée
Tannée d ’auparavant , & s’accroître, ainfi avec
tant de rapidité, qu’il fùffiroit pour payer toute
la dette en peu d'années, & rétablir ainfi la vigueur
entière de l'empire, aujourd'hui affoibli
& Janguinant. On pourroit, fur ces entrefaites,
foulager le peuple de certains impôts lés plus
onéreux de ceux fur les chofes néceflâires à la vie
ou fur les matières des manufactures. L'ouvrier
pauvre en vivroit mieux, travailleroit & vendrait
fes marchandifés à meilleur marché. Comme
elles coûteroient moins cher, on_en vendroit davantage,
& conféquemment on clemanderoit plus
de travail à ceux qui les produifent : la de^
mande du travail augmentant, le'nombre & le
bien-etre des pauvres ouvriers augmentéroit ;
leur confommation deviendroit plus forte , &
donneroit par conféquent plus de revenu par
tous les articles de confommation qui refteroient
impofés.
I Le revenu provenant de ce fyftême d’impofî-
tion, ne pourroit cependant s'accroître tout de
fuite en proportion du nombre des contribuables.
II fàudr.ôit ufer pendant quelque tems d'une
indulgence à l'égard de ces provinces de
1 empire qu'on foumettroit ainfi à des charges
qu'elles ne font pas accoutumées de porter; 8c
quand même ces impôts fe Jevëroient par-tout
avec la dernière exa&itude, ils ne prod u isent
pas par-tout un revenu proportionné au nombre
des habitans. Dans un pays pauvre , la confom
mation des principales marchandifes fujettes aux
droits de douane & d’accife, eft fort petite ;
& dans un pays où les habitans font clair-ferrtés,
il eft aifé de faire la fraude. La confommation
des liqueurs , faites avec'de la drècbe, eft peu dp
cliofe en Ecofle parmi les. rangs inférieurs du
peuple ; 8c Taccifefur la drèehe, là bière & l’ aile
y produit moins qu’en Angleterre , en proportion
du nombre des habitans & du taux des droits
fur la. drèehe , qui eft différent, à raifon de la
différence qu’on fuppofe dans la qualité. Je né
penfe pas qu’à l’égard de ces branches .particulières
de Tac-elfe * il y ait beaucoup plus.de. »contrebande
dans un dei ce& pays que dans Tautre.
Les droits fur la diftillation ; &' la plupart des
droits de douane , font dans le même cas ; ils
produifent moins, à proportion , en Ecofle qu'en
Angleterre, nionrfeulement parce que. la confommation
y eft moindre, mais. parce4qu’il■ eft
beaucoup plus .aifé de faire, la fraude. En. Irlande,
les claffes .inférieures du peuple font encore
plus pauvres qu’en Ecofle, & plufieurs
parties du pays, font prefque aUfli mal peuplées.
Avec la même facilité pour la contrebande ,
la confommation des marchandifes impofées
doit donc . y. être. encore moindré qu’en ;Ecofle.
En Amérique .& aux Indes occidentales > les
blancs , .même du dernier rang , font beaucoup
plus à leur aife que ceux du même rang en
Angleterre, & leur çonfommatioh des chofes
de iux e qu’ ils fe permettent , y eft probablement
beaucoup plus forte* Comme les noirs,
q'ui. forment là plus''grâfide partie des habitans
des Indes occidentales , font dans un état d’ef-
clavage* leur condition eft fans doute pire'que
celle des j pauvresgens en Ecofle ou en Irlande.
Il ne faut'pas cependant irnaginer pour cela qu’ils
font plus mal nourris L ôu que dans les articles
cjui peuvent1 être fbumis à des droits modérés,
ils confomment moins que les gens de la dernière
clafle' en ' Ang'letetrë'm'êmé; il eft dei'iii-
■ térêt de’ leurs maîtres' de les bien nourir & dé les
bien entretenir, comme il font à l’égard de leur
bétail , pour qu’ils travaillent beaucoup. Aufli les
noirs ont-ils prefque par-tout leur portion, dç rum
& de bière dé melaffe ,jco'mme les domèftiques
blancs, & quand ces articles feroient fournis à
Bès droits modérés, il n’ÿ a , pas d’apparence
qu’elle leur fût retranchée. La confommation
des'marchandifes impofées feroit donc, probablement
aiifii grande dans les Indes Occidentales
' , ; en proportion du 1 nombre des habitans,
quelle l'eft dans toute autre partie de l'empire
britannique. Il y auroit véritablement bien plus 1
de facilité pour la fraude, le Canada, la Noüvelle-
Ecoffe, les ifles d'Amérique étant bien moins peuplées
que l’Ecofle & l’Irlande, en proportion de
l'étendue de fon territoire. Si cependant le revenu
qui fej lève actuellement fur la drèehe & les liqueurs,
faites avec la drèehe.,' étoit levé paç un
feul droit fur la drèehe , on ôteroit prefque entièrement
Tocciifion dè frauder dans Ja plus importante
branche de Taccife ; & fi les droits de
douane , au lieu d’être impofés fur prefque tous
les différées articles d'importation^toient reftieints
à un petit nombre dont on fait le plus d’ufage?
& de confommation, il y auroit fans doute
encore de la fraude, mais il y en auroit beaucoup
moins. En conféquence de ces deux chan-
gemèns fort fimples & fort aifés en apparence,
les droits de douane & d^ccife pourroient peut-
être produire un aufli grand revenu, en proportion
de la confommation de la province la moins
peuplée, que'celui qu'ils produifent aujourd’hui
en proportion de la confommation de celle qui
l'eft le mieux.
Outre la liberté du commerce, l’Irlande ga-
gnéroit, par fon union avec la Grande-Bretagne,
d’autres avantages beaucoup plus importans , &:
qui fe 'oient .plus .que compenfer l'augmentation
d’impôts qui en ferpit'la fuite. Par Tunion de
TEcofle avec TAngieterre , lès clafles moyennes
& inférieures du peuple écoflois ont gagné leur
afftanchiftement complet du pouvoir d’une arif-
tocratie qui les avoit toujours opprimés. Par leur
union avec la Grande-Bretagne, la plupart des
gens de tout rang , en Irlande, fe verroient également
délivres d’une ariftocratie bien plus op-
preflîve ; non d’une ariftocratie fondée , comme
celle d’Écofte, fur les diftin&ions naturelles 8c
rëfpë&ables de" la nàiflance & de la fortune
mais fur les plus odieufes de toutes les diftin&ions
celles des préjugés religieux & politiques; dif-
tirnftions q'ui, plus' que toute autre, animent,
80 Tinfpleriçe des opprefleurs , 8c 1 a haine & Tin-
dignafiôn des opprimés, & qui , communément
rendent lés habitans du même pays plus acharnés
les uns contre les a.utres, que riè le font
jamais ceux de pays différens. Sans .cette union
avec la Grande-Bretagne , il n’eft pas -vraifem-
blable q u e , de plufieurs fiècles , les Irlandois
fe regardent comme un même peuple.
On trôuveroit peut-être àme autre fource de
revenu plus abondante que .toutes "celles-là, dans
; les acquifitions territoriales de la compagnie des
i Indes, i fur. lefquelles l’Etat a des droits incon-
teftables. On repréfente ces pays-là comme plus
fertiles , plus étendus , & comme beaucoup plus
riches & plus peuplés que la Grande-Bretagne,
en proportion de leur étendue. Probablement il
ne feroit pas néceffaire , pour en tirer un grand
revenu , d'y introduire un nouveau fyftême d’im-
pofitions, puifqu'ils font aflez , & même trop
chargés. Peut-être vaudroit-il mieux alléger qu'aggraver
le fardeau qui les accable, non en y mettant
de nouveaux impôts , mais en mettant ordre
à ce que la plus grande partie de ceux qu'ils
payent déjà , ne foit pas divertie & pillée.
Si l'augmentation du revenu, par tous les moyens
que nous venons d'indiquer, eft jugée impraticable,
il ne peut plus relier à la Grande-Bretagne
qu’une feule reflource, qui eft celle de diminuer
fa dépenfe. Quoiqu'il y ait encore des