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Z é l a n d e ou ZÉ E L A N D E l'une des fept
Provinces-Unies. C'eft un amas d’ifles que forment
les bras & les écoulemens de l'Èfcaut, &
que dans le pays on appelle Zeeuwfihe - Stromen.
Elle touche vers le Nord à la Hollande , au'
Brabant vers le Levant, à la Flandre vers le
M id i , & à la mer feptentrionale au Couchant.
Le nom de cette province indique un pays entouré
d'eau & fitué près des eaux. Les deux
ifles de Walcheren & Schouven font continuellement
battues des vagues de la mer ; des dunes
ou monceaux de fable les garantiflent de leurs
fureurs du côté du couchant, & à l’inftar des
autres ifles elles font défendues des autres côtés par
de grolfes digues , dont les fondemens n'ont pas
moins de vingt-cinq aunes d’Allernagrie , Srfout
aflez fpacieufes par le haut pour qUe deux char-
riots puiflent y pafler de front. Quoique, cès
digues aient une élévation confldérable, la mer
les déborde lorfque des ouragans agitent les flots
avec violence. La conftruétiqn. de ces 'digue.s a
été fort difpendieufe, & leur entfetiqn' ne ;l'eft
pas moins. Emmanuel de Merern rapporte cdans^
Je feizième livre de fes commentaires', d'après1
le témoignage des employés de ces mêmes digues,
qu'elles occupent en Zélande une*’étendue de
quarante milles, & que la dépenfe de^cet établif*
fêment a été originairement de trente - quatre
tonnes d’or»
Remarques fu r les divers cantons de cette province.
Le bras droit de l'Efcaut, qu'on nomme l’Ef-
caut oriental, divife cette province en deux
quartiers , celui de l’Efcaut oriental, & celui
de l’Efcaut occidental. Le dernier eft le plus con-
iidérable.
Le quartier de l’Efcaut occidental eft compofé
de quatre ifles.
i° . L'ifle de Walcheren , de laquelle on fait
dépendre le diftriét de St.-Jofle , n’eft pas la
p’ us grande , mais elle eft la meilleure & la plus'
peuplée de toutes celles de la Zéelande.
L'ifle Zuid-Béveland eft la plus agréable
de toutes celles de la Zéelande. Son étendue étoit
jadis plus confldérable , car elle fe prolongeait
jufqu'à l’Efcaut orienral, mais cette partie, ainfi
que le refte de l’ifle , fut fubmergée en 1532 ,
fans que depuis on ait entrepris de la deflecher.
Et dans toutes les cartes on l'a déflgnée fous le
nom de partie du Zuid-Béveland inondée.
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3°. L'ifle de Wolfersdyk eft flcuée entre le
Béveland méridional & feptentrional, Suid &
Noord Béveland. Elle eft petite , & elle ne contient
que le feul village d'Ofterland 3 les autres
ont été fubmergés.
4°. L'ifle de Béveland feptentrional eft féparée
de celle de Wolfersdyk par un canal nommé
Zuidvliet. Elle étoit anciennement une des plus
agréables & des plus fertiles de la Zélande, mais
elle fut tellement fubmergée en 1530 & 1532.,
qu’il périt une immenfe quantité d'hommes & de
beftiaux , & qu'on n’apperçoit plus que l'extrémité
de quelques clochers. -
Le quartier de l’Efcaut oriental comprend
.quatre ifles , favoir :
i ° . L ’ifle de-^ochouwen ainfl nommé d'après
l’Efcaut qui la côtoyé. Elle étoit jadis plus étendue
qu’elle ne l’ eft aujourd’ hui.
i ° . L’ifle de Düifeeland eft féparée de celle de
Schoirweri" pat uh] canal fort étroit , qu'on
nomme Dykwàter, Elle'eft bornée au midi par
la. rivière de Keten , & au levant par celle de
Wydàars » fur laquelle naviguent tous les vaifleaux
qui vont de Hollande en Zélande. Elle a pris fon
nom de la grande quantité de pigeons qu’on y
trouvoit autrefois. Elle fut fubmergée dans toute
fon étendue; par les eaux de la mer en 1530 ;'
çe'ttê inondation coûta la vie à un grand nombre
•de perfonnes & d'animaux s mais peu de tems
après on la deffécha.
30. L'ifle Ter-Tholeneft fltuéefurles confins
du Brabant.
4°. L'ifle St. - Philips - land , de St. - Philippe,
a peu de circonférence 3 elle ne contient qu'un
feul village.
La province de Zélande comprend auffî îe bourg
de Somelsdyk ou Zomerdvk , quoiqu’il foit dans
l’ifle hollaridoife d’Over- flacque. C e bourg eft
poffédé par la famille noble d'Aartfen à titre de
feigneurie.
Précis de 1’hiftoire politique.
Cette province formoit anciennement un comté,
mais elle n’a jamais de comtes particuliers 5 ceux
de la Hollande étoient en même-tems Fomtes de
Zélande. L'une & l’autre de ces provinces tombèrent
par le même traité au pouvoir de la maifon
de Bourgogne.
Voyei la fuite à l'article Pr o v in c e s -U nies,
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Cpnftitution politique d,e la province de Zélande.
Les Etats de Zélande auxquels appartient l’autorité
fouveraine , font compofés comme ceux de
Hollande , de deux membres rfepréfentans la province
entière. Le premier membre eft l’ordre
équeftre. Celui ci n’eft pas nombreux 5 il eft re-
préfenté par le ftathpuder feul, en qualité de
marquis de Fleflingue & de Véere.
L'auteur de l'hiftoire des gduvernemens du
nord dit que; toute la noblefle de friande ayant
péri dans lçs guerres contre l'Efpagne , le prince
d'Orange qui poflede les marquifats des Fleflingue
& de Jerveer, fait un ordre des états.
Des mémoires que nous avons reçu de Hollande
annoncent qu’en Zélande la feule famille de Rorf-
feien piétcnd à Ja noblefle originaire du pays :
& Biin de ces nombreux pamphlets qu’ont produit
les troubles aétuels de la Hollande , obferve
qu'il ÿ a encore en Zélande au moins quatre mai-
fons très-anciennes , & auxquelles on ne pourroit
contefter fans injuftice, une illuftre & antique
noblefle. Quoi qu’il en fo i t , le ftathouder forme i
léul l’ordre équeftre aux états de Zélande,
. Il fe fait repréfenter par un gentilhomme , ou
autre , qu'il çhoifit à fon. gré. C e repréfentant
vote, au nom de fon' alteflé. Il donne le premier
fa voix à l’aflemblée provinciale , au confeil
d’état & 4 la chambre des comptes.
La qualité de premier noble réfervé au marg-
grave de Fleflingue & de Véere , fut fupprimée
après le décès du roi Guillaume I I I , & conférée
de nouveau en 1747 par les états de la province
au ftathouder Guillaume IV , qui en donna l’exer-
ci'ce à Jean Van-Boflele-Van-dër-hoge.' Il fut ré:
fotu poftérieurement que cette dignité ne feroit
attachée à l’avenir a aucun pays , à aucune qualité,
ni à aucune -famille;
Le fécond membre éft compofé de? députés des
fix villes, de Middeibourg , Zeirckzée, Goèsi,
Tholen , Fleflingue & Véere , dont chacun a une
voix en particulier.,On voit combien la conftitution
politique de.cette province eft vicieufe 3; ^ c om bien,
la liberté des bourgeois & des autres habi-
tans eft idéale- Les états de, cette prouince-for-
jnent leurs réfolutions, comme en Hollande^ à la
pluralité des voix , qui, ne. font en tout que fept.
^ Le'prince ftathouder , en qualité de marquis
de Véere & Fleflingue, repréfentant Tordré
équeftre, & ces deux villes ayant de plus chacune,
leur voix lé prince eft toujours afliiré dé
trois voix fur fept dans cette aflemblée. Comme
en qualité de ftathouder de Zélande , il a con-
feryé jufqu'ici là plu$ grande influence, par fa
recommandation très-efficace aux emplois lucratifs'•&
aux grandes charges dés villes de cette
province > que d'ailleurs on lui laifle le paifible
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ufage de nommer , de choifîr, ou du moins d’approuver
les magiftrats annuels dans les villes, le
gouvernement de Zélande eft encore plus ariftocra-
tiqne que celui’ de Hollande. Le peuple de ces
deux provinces , qui fe croit repréfenté par fes
magiftrats refpectifs , J'eft bien peu , & beaucoup
moins en Zélande.
Auffi dans les troubles, aéluels , les états de Zélande.
fe font-ils rangés du côté du ftathouder 5
& la fanglante émeute qu'on a vu à Middeibourg.
j a été une fuite du dévouement du bas peuple de
: cette province , aux vues ambitieufes du prince
: d^Orange.
Le leéleur trouve»-« i I’aujcle P r o v in c e s -
UxNiF« Je s détails fur l'origine de ces troubles 3
tfur l’imperfeiftion de l’aéle fédératif, & des constitutions
particulières des 7 provinces de l’Union :
: nous avons indiqué aufli, aux articles .particuliers
; des fix autres provinces , les réformés qif’il convient
de faire dans le gouvernement & l ’adminif
tration des fept provinces , & nous y renvoyons
le Jeéteur.
Les états de Zélande s’afTemblent toujours'-ià
Middeibourg -, qui eft la capitale. Le collège des
confeillers députés y fiègé aufli avec celui de l’amirauté
, & ils prêtent l'un & l’autre ferment dô
fidélité aux états-généraux^ Cette même ville eft
encore le fîège de ‘ la chambre des comptes , chargée
d'adminiftrer les domaines- &' les revenus de
tout lé pays. Le grande confeil & Ia cour provinciale
ont le même pouvoir dans la province de
Zélande:que dans celle de.Hollande. Ces tribunaux
font communs à.toutes deux. -La Zélande
envoyé aux états-généraux.quatre, députés , qui
confervent. cette dignité: toute leur vie. Ils:font
choifis tour-à-tour .parmi les magiftrats des villes
q 1 ont. d r oi t de fu ffrage , ex cepré feu rément q ue
Middeibourg a la prérogative d 'y . envoyer toujours
un député.
Régime ecclêfaf.ique.
, Le clergé eft divifé en quatre cl'afles : celle de
Walchèren , ; de laquelle dépendent quelques
cgiifes de la Flandre hollandoife 3 celle oe Schou-
V.én'fe dé Duiyéland 3 celle de. Zuid - Béveland ,
dbnt 'qüe^'ués églifes dé "îk Flandre, hoilandoiie
fqnf Jùffi:; ; p a r t i e & êëlle ;de Tdlen , dé laquelle
dépendértt Jes églifes de la ville & du maggraviat
cîe.,Bëfg 6p-zoom. Toutes ces clafles onV entre
elles cent foixante-trois prédicateurs. Le fynode
ou fuivant le langage du pays Je coetus 3 ne s’af-
femble point annuellement'3 cette aflemblée n’a
lieu que lorfque les Etats la jugent néceflarre.3
châqpe clafle. y euvoye deux députés , qui dif-
1 cutent la matière mife en délibération en pré-
| fencé de deux autres députés du confeil C e fy-
l no de juge en dernier reffort les conteflations ^