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Y O R K (nouvelle) l’un des treizes états unis de
1 Amérique.'La partie de cette république qui
en: fur la cote de la mer, fe réduit à une efpace
de jo milles, non comprife Lille Longue qui en fait
partie} elle fe trouve entre le nouveau Jerfey &
°tnne^ CUt:‘ ^ van'tlc traité de paix conclu avec
1 Angleterre, fon. terrein qui s'élargit infenfîble-
ment, s enfonçoit vers le nord à deux cents milles
feulement dans les terres j mais depuis ce traité de
paix, elle n eft bornée au nord que par le haut
du lac Champlain , le fleuve St. Laurent une ligne
tire par le milieu du lac. Ontario , une partie
du lac Erie, &c.
Ayant de lire les articles particuliers de chaque
province.de 1 union, le leéleur doit parcourir Larti-
cle general Et a t s U nis j il y trouvera un précis
de Lhiftoire politique des états-unis jufqu’à la révolution
} des remarques générales fur les confti-
tutions des treize états } des remarques fur l’aéte
de confédération, fur le congrès & fur les nouveaux
pouvoirs qu'il eft à propos de lui confier} un
état de la dette & des finances des républiques
américaines} des remarques fur l'état où elles fe
trouvent aujourd'hui , fur les abus qu'elles doivent
éviter dans la rédaction de leurs codes.
Nous y parlons de 1 aflociation des Cincinnati
& des dangers de cette inftitution , de la population
des nouveaux états qui fe formeiont
dans le territoire de LOueft} des diftriéh qui demandent
a etre admis a la confédération américaine,
& des traités qu'ont formé les américains
avec quelques puiflances de l'Europe, enfin des
obfervations politiques & dès détails fur les fau
vages qui font dans le voifînage, ou dàns l'enceinte
des Etats-Unis. Nous nous bornerons à
donner ici : i®. un précis de l'hiftoire politique
de la colonie, aujourd'hui état de lanouvelle York.
a°. La conftitution de cette républiques 3°. Des
remarques fur cette conftitution } 40. des remarques
générales fur fon état & fon commerce avant
la révolution, fur fes produ&ions, fon commerce
aéluel, fur la conduite qu'elle a tenue pendant
la guerre & depuis la paix, &c.
S E C T I O N P R E M I E R E .
Précis de l ’hifioire politique de la colonie, aujourd'hui
état de la nouvelle York.
Cette contrée fut découverte vers le commencement
du dix-feptième ,fiècle, par Henri Hud-
fon, fameux navigateur anglois, qui étoit alors
gu fervice de la Hollande. 11 entra dans un fleuve
confîderable , auquel il donna fon nom , en reconnut
légèrement les rives, & remit à la voile
pour Amfterdâm, d’où il étoit parti. Un fécond
voyage de l'aventurier donna de cette fauvage région
quelques notions moins fuperficielles.
Dans le fyftême des européens, accoutumés à
compter pour rien lespeuplesdu Nouveau-Monde ,
ce pays devoit appartenir aux Provinces-Uni es. Un
homme qui couroit les mers fous leur pavillon ,
1 avoit découvert. Il en avoit pris pofièflion en leur
nom 5 & il leur cédoit tous les droits qu'il pouvoir
y avoir perfonnellement. Sa qualité d'anglois n'p^
toit rien à ces^ titres inconteftables. On ne peut
donc qu’être étonné d'apprendre que Jacques I
revendiquoit cette contrée, parce qu'Hudfon étoit
ne fon fujet; comme li la patrie n'étoit pas le pays
qui fait'vivre. Auflî ce prince n'infifta-t-il que légèrement
fur une prétention fi peu fondée.
La republique, qui ne vit dans la propriété qu'on,
ne lui difputoit plus , qu'un établiffement de commerce
pour le càftor & pour d’autres pelleteries
, la céda à la compagnie des Indes Occidentales,
C e corps dirigea toute fon aélion vers ces
fauyages richenés} & pour s'en approcher le plus
qu il etoit poffible, fit élever fur les bords de la ri-
vière d'Hudfon, à cent cinquante milles de Ja mer,
le fort d Orange, qu'on a depuis nommé Albaniî
C etoit la qu'on apportoit à fes agens des fourrures,
& qu'ils donnoient en échange aux Iro-
quois, des armes à feu & des munitions de guerre'
pour combattre les françois arrives depuis peu
dans le Canada.
Alors la Nouvelle-Belge n'étoit qu'un comptoir.
La ville d'Amfterdâm comprit qu'une colonie
feroit judicieufement placée dans cette parue
du Nouveau Monde, & en obtint allez ai-
ifement la ceflion, en donnant fept cents mille
francs a fes propriétaires.
Des vues plus étendues exigeoient d'autr-’ s ar-
rangemens. On IaiflY fubfîfter Je pofte placé au
voifinage des cinq nations} mais il parut nécefi-
faire d’en établir un' plus confîderable à l'embouchure
de la rivière, dans Lille de Mariaha-
tan & l'on y bâtit la Nonvelle-Amfterdam. La
ville , fon territoire , le relie de la province, ne
furent jamais troublés par les fauvages voifîns
les uns trop foibles , les autres toujours en guerre
avec les françois. Aulfi cette polfeflion faifoir-elle
des progrès afièz rapides, lorfqu'un orage inattendu
vint crever fur elle.
L'Angleterre , qui n'avoic point alors avec h
Hollance ces liaifons intimes que l'ambition: &
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les fnccès de Louis X IV cimentèrent dans la fuite
entre les deux puiflances, voyoit d’un oeil jaloux
un petit état à peine formé dans fon voi-
fina^e, étendre dans tout l'univers les branches
de fa, profpérité.- Elle frémilfoit en fecret de ne
pouvoir atteindre à Légalité d'une puilTànce qui
ne devoit pas même lui difputer la* fupériorité.
Ces rivaux en commerce comme en navigation
Lécrâfoiënt par leur vigilance & leur économie,
dans les grands marchés du monde entier , St
par-tout la réduifoient au rôle fubalterne. Chaque
effort qu’elle faifoit pour établir la concurrence,
tournoit à fon déshonneur ou à fa perte, & le
commerce univerfel fe concentroit vifiblernent dans
les marais de la république. La nation s’indigna
dés difgraces de fes négociais , & réfolut de leur
affurer par la force ce qu’ils ne pouvoient par
leur induftrie. Charles I I , malgré fa nonchalance
pour les affaires, malgré fon goût effréné pour
les plaifirs, adopta vivement un plan qui pou-
voit faire tomber dans fes mains les richefles des
régions éloignées , avec l’empire maritime de
l ’Europe. Son frère, plus adtif, plus entreprenant
que, lui, l’affermit dans ces difpofitions, &
d’un commun accord ils firent attaquer les éta-
bliffemeos, les vaifleaux hollandois , fans décia
ration de guerre.
L ’hoftilité, ajnfi commife, eft une lâche perfidie.
C'eft Laétion d’une horde de fauvages &
non d'un peuple civilifé, d'un afîaffin de nuit
& non d'un prince guerrier.
Au mois d’août 1664, une efeadre angloife
mouilla fur lès côtes de la Nouvelle-Belge, dont
la capitale fe-rendit à la première fommation. ;
Le fefte de la colonie ne fit pas plus de réfif-
tance. Cette conquête fut affurée au vainqueur
par la paix de Breda. Mais il en fut dépouillé
par la république en 1673, quand les intrigues
de là France eurent brouillé ces deux puiflances.
maritimes , qui, pour leurs intérêts , n'auroient jamais
dû l'être. Un fécond traité rendit encore,
l’année fuivante, les anglois maîtres d'une pro
vincë qui depuis refta attachée à leur domination,
mais fous la propriété du frère du roi, qui
lui donna fon nom.
La Notivelle-Yorck fut adminiftrée par les lieu-
tenans d'ù prince, avec allez d’adrefle pour écarter
«de leur perfonne l'indignation des' colons. La
haine publique s'arrêtoit fur leur maître, qui avoit
concentré dans fes mains tous les pouvoirs. Cet
efclavage politique déplaifoit également, & aux
holiandois qui avoient préféré leurs plantations
à leur partie, & aux anelois qui étoient venus
les joindre. Accoutumés a la liberté, les peuples
fe montroient impatiens du joug. On paroiffoit
généralement difpofé â un foulèvernenr ou à une
émigration. La fermentation ne s'arrêta que lo-rf-
qu’en 17.83 la colonie fut invitée à choilîr des
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reprefehtans pour régler dans des aflemblées ce
qui conviendroit à lès intérêts.
' Le colonel Dongan , chargé de cet arrangement
, étoit un homme d'un efprit hardi, étendu.
11 ne fe borna pas, comme ceux qui jùf-
qu'alors avoient gouverné la province, à'concéder
des terres à quiconque fe préfentoit pour
les défricher. Ses foins s'étendirent aux cinq nations
, trop négligées par fes prédécefleurs. Les
françois travaiiloient fans relâche 'à divifer ces
fauvages,. dans Lcfpérance de les afiervir, & ils
avoient avancé ce grand ouvrage par le moyen
des néophites que' faifoient leurs millionnaires.
Il convenoit à l'Angleterre de traverfer :ce plan ;
mais le. duc d'Yorck , qui avoit d'autres intérêts
que ceux de fon pays, vouioit que fon lieutenant
en favorifât l'exécution. Dongan, quoique
catholique, s'écarta conftammcnt de la dire&ion
qui lui étoit tracée , & 'il traverfa de toutes fes
forces un fyftême qui lui paroifloit moins religieux
que politique. Il nuifit même de toutes les
manières à la nation rivale de .la fienne, ^ tous
les mémoires du temps attellent qu’i^.en retard*
beaucoup les progrès.,
La conduite de cet habile chef étoit différente
dàns l'intérieur de-la colonie. Par goût & par
ordre, il favoiifa Létabliflernent des familles dô
fa communion & de la communion du. prince.
Une forte de myftèré accompignoit cette protection
Mais aufli tôt que Jacques II fut monté
fur le trône,'le coîleéleuf des revenus publicsy
les principaux officiers, un grand nombre de citoyens,
le déclarèrent partifans de Rome.
. C et état occafionna une grande fermentation
^daris les efprits. On s'alarma pour la caufe pro-
teftante. Les gens fages craignoie-nt une fédition»
Dongan réuflit à contenir lès mécoiîtens : mais
la 'révolution lui fit quitter librement fa place.'
En boni anglois, il fe fournit au nouveau gouvernement
} Ôi par une fierté de caraélère, particulière
à fa nation, ii fit pafler au roi détrôné
tout ce qu’ il avoit acquis de richefles dans une
longue & glorieufe adminiftrat'ion.
C e t homme finguiier avoit à peiné quitté LA-
mérique, que la Nouvelle-Angleterre chafîa fon
gouverneur Edmont Ahdrofs, un des inllrumens
le^plüs aétifs des vues: arbitraires du roi Jacques.
Quelques milices de la NouvèlleYovck, réduites
par cet exemple , voulurent faire le même traitement
à Nicholfon, pafîagèrement chargé du
gouvernement. Il vint à bout de former un parti
en fa faveur, & la colonie fut en proie à deux
factions armées , jufqu'à l'arrivée du colonel
Sloughter.
Le chef envoyé par le roi Guillaume, convoqua
les membres de LEtat le 9 avril 1691.
Cette afîèmblée, annulla tout ce qui avoit été