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vidus de chaque famille* la qualité de cette liqueur
dont ils devoit s’approvifionner dans les brafferies
du gouvernement de Suède.
Il y eut des révoltes , 8c on propofa d’envoyer
dans les provinces des détachemens quiforceroient
le peuple à acheter l’eau-de-vie.
En 1779 on évaluoit à plus de dix millions la
perte occafionné parlamauvaife entreprife de l’eau
de-vie. Audi le roi vient-il (au mois de juin) 1787
de rendre à la province de Finlande la braffage des
eaux-de-vie * moyennant une modique taxe. Gn
afilire que la même faveur fera accordée aux autres
provinces* qu’on exceptera feulement les grandes
villes, où l’on continuera de brader pour le compte
du roi. A cette époque les finances de la Suède
éroient en mauvais ordre 2 on étoit embarraffé
pour payer les intérêts des emprunts faits en Hollande
& à Gènes.
L ’armée fuédoife eftdivifée en milice nationale
8c troupes réglées * ou régimens de garnifon. Ces
derniers qui font fur le pied allemand, font com-
pofés de fuédois * & d’étrangers enrôlés fuivant
l’ ufage : ils font dans diverfes garnifons & payés
.en argent. A l’égard de la milice nationale* fon éta-
bîifl'ement fixe eft dû à Charles XI : ce prince
s’étant remis en pofieffion des domaines de la couronne
prodigués par fes prédécelfeurs * en reftitua
quelques-uns* à condition , que ceux qui pofféde-
ïoient une certaine étendue de terres, fourniroient
un foldat. Il affigna d’autres terres à l’entretien des
officiers. 11 fut réglé par un loi que les terres afli-
gpées ainfi à l’entretien de la milice * refteroient à
perpétuité affectées à cet ufage * 8c ces règlemens
furent confirmés 8c étendus en 1723* avec la claufe
qu’ils feroient cenfées faire une partie fondamentale
dé la eonftitution, & qu’ ils ne pourroient
jamais être révoqués.
Pour comprendre la nature de cet établiffement*
il eft néceffaire d’obferver que le royaume eft di-
yifé en diftriéts, qui doivent fournir & entretenir
un nombre déterminé de foldats. Tout homme
qui a une certaine étçnÜue de terres de la couronne,
appellée hemman * entretient un foldat
311 moyen d’ une portion de terre qu’il lui affigne
avec une petite maifon & une grange ou étable,
outre une paie annuelle de cent dollars de cuivre ,
ou une liv. fterl. fept fols huit trois-quart den.
un habit complet d’étoffe groffière & deux paires
de fouliers. Quand le foldat eft abfent * ou parce
qu’il eft à l ’armée en temps de guerre * ou à l’oc-
;cafion. des revues annuelles, le tenancier doit cultiver
fa terre à fes frais pour l’entretien de fa femme
8c I I fa famille. Quand il eft préfent* il peut l’oc-
puper pourfon compte en lui payant fa journée
«comme à un laboureur ou journalier. A la mort
çiu foldat * fa femme & fes enfans font obligés de
eçder la t.eri\e 8c la maifon 3 fon fuccefTei-ir* que le
s UE
tenancier doit fous peine d’amende y établirons
l’efpace de trois mois.
On reunit un certain nombre de hemmans pour
1 entretien d’un cavalier & de fon cheval.
Outre les quatre fchéllings deux den. qu"e paient
les proprietaires de chaque’ hemman pour les uniformes
des loldats, il y des domaines de la couronne
affignés au même objet > mais ils font en fi
petit nombre, qu’ils fuffifent à peine pour habiller
deux régimens. Les troupes nationales n’étant pas
fous les armes en te ms de paix plus de trois fe-
maines par an * on leur donne rarement des uniformes
neufs d Iu s d’une fois dans l ’efpace de huit
ou neuf ans.- * V
De même les officiers de ces troupes * au lieu
de folde en argent, font entretenus au moyen de
certaines terres , nommées boftælle , qu’on leur
affigne. dans les provinces auxquelles le régiment
appartient. O11 leur accorde de plus une certaine
quantité des grains provenant des dîmes royales.
Chaque province contient le nombre de hemmans
fuffifant pour l’entretien d’ un régiment j les petites
provinces tiennent un régiment d’infanterie * les
grandes un régiment de cavalerie. La terre affignée
à un colonel eft fituée au centre de la province &
des terres de fon régiment ; celle d’un capitaine au
milieu desterres qui appartiennent à fa compagnie,
& ainfi de fuite jufques au capofalî
Tous les ans, avant ou après la moiflon, lorsque
les paÿfans font le moins occupés, les compagnies
dè chaque régiment font alfemblées fépa*
rément pendant quinze jours ou trois femaines.
Le tenancier eft obligé de faire aller à fes frais le
foldat & fon bagage au lieu du rendez-vous * &
de l’y entretenir pendant le tems de la revue. Il y
a outre cela une revue générale dç tout le régiment
tous les trois ans. On exerce auflî les foldats
par petits pelotons tous les dimanches après le
fervice divin, & en plus grandes troupes avant les
revues & fur-tout au printemps. En temps de
guerre, fi ces troupes marchent hors du pays * la
couronne fe charge de recevoir les contributions
ordinaires des tenanciers * & pourvoit le foldat
d’habits & de tout ce qui lui eft néceffaire.
La milice nationale de Suède a reçu des éloges
dans l’Europe entière. Ceux qui en ont vu les effets
de plus près * l ’ont moins approuvée. Ils ont
obfervé que ces terres * qui paüoient rapidement,
d’une main dans l’autre * étoient toujours dans le
plup grand défordre * que le caractère agriculteur
étoit diamétralement oppofé au paraélère militaire ;
que l’homme qui cultivoit la terre * s'attachait £
la gtebe par les foins qu’il lui donnoit, 8c s’ en
éloignoit avec défefpoir j tandis que le foldat conduit
par fon état d’une provinde dans une autre
province » d qn royaume au fond d’un royaume
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éloigné, devoit toujours être prêt à partir gaiement
au premier coup du tambour * au premier
fon de la trompette > que les travaux de la campagne
languifloient * lorfqn’ils n’étoient pas fécondés par
une nombreuse famille > & qu’il falloit par confèr
e n t que le laboureur fe mariât* tandis que le
fejour fous des tentes, l’habitation des camps, les
hafards du métier de la guerre demandoiënt un
célibataire dont aucune liaifon douce n’amollît le
courage * & qui pût vivre par-tout fans aucune
prédile&ion locale * &expofer à tout moment fa
V1"?/a!?s reSret j que la perfeélion de la difeipline
militaire fe perdoit fans des exercices continuels,
tandis que les champs ne laiffant de repos & ne
foüffrant d intermiffion que dans la faifon rigou-
reufe qui féparoit les armées & qui endurcifîbit le
fol -, les mêmes mains étoient'peu propres à manier
l’épée 8c à pouffer le foc de la charrue 3 que
les deux états fuppofoientl’un & l’ autre une grande
expérience, & qu’en les réunifiant dans une même
perfonne, c’étoit un moyen sûr de n’avoir que de
médiocres agriculteurs & de mauvais foldats j que
ces terres qu’ondeur diftribuoit deviendroient héréditaires
* ou reviendroient à l’Etat j qu’héréditaires,
bientôt il n’en refteroit plus à d’autres propriétaires
j & que rendues à l’E ta t , c ’étoit d’un
moment à l’autre précipiter dans la mendicité une
multitude d’enfans de l’un & de l’autre fexe * 8z
peupler un royaume* au bout de cinq oufix campagnes
, de malheureux orphelins j en un mot,
que la pratique des hemmans leur paroiflbit fi per-
nicieufe qu’ils ne balançoient pas à la placer au
nombre des caufes qui rendent les difettes de
grains fi fréquentes en Suède.
Au printemps de 17 79 l’armée fuédoife étoit
compofée comme il fuit ( 1 ).
Troupes régulières.
N e u f régimens-d’infanterie.
Deux de cavalerie...................................
Artillerie. . . . . . . . .
. 9*000.
2,909
T o t a l . . 12,700
Milice nationale.
Vingt-un régimens d’infanterie, environ 24*000
Sept de cavalerie. .................................. 7,400
Dragons...................................... ...... . . ^ 400
Total de la milice nationale . ,34,800
Total d e s t r o u p e s r é g u l i è r e s & n a t io n a l e s . 4 7 , 5 0 0 |
Indépendamment de cés troupes, il y a encore
en Suède trois brigades de troupes de fortification i
favoir, la brigade du corps, celle de Weft-Gothie
& celle de Scanie.
Les officiers des régimens & les trabans ou gar-
des-du-corps du roi à chev al, ne font pas compris
dans cet état. Le corps d'officiers de chaque régiment
confifte en un colonel, un lieutenant-colonel
. deux majors , & pour chaque compagnie,
uu capitaine, un lieutenant, un enfeigne, & deux
adjudans. — Les gardes du roi à cheval font des
gentilshommes, & ont le grade de lieutenant & de
cornette. Leur garnifon eft â Stockholm. Ils font
compofés de cent hommes & forment quatre ef-
cadrons , chacun de vingt-cinq hommes, de deux
caporaux & de deux vice-caporaux. Ils gardent
Je roi 8c la famille royale, & fuivent fa majefté
lorsqu'elle fait des voyages.
On compte aétuellemenr en Suède deux feld-
maréchaux , trois généraux de cavalerie & d'infanterie
, dix fept majors-généraux 8c cinquante-
deux colonels ; un grand - amiral , un amiral-
général , un amiral, quatre Vice-amiraux , deux
contre-amiraux, un adjudant général & neuf colonels
de marine.
1 Les trouPes de marine font réparties en deux
regimens de volontaires , compofés chacun de
fept cents hommes.
beaucoup occupe de cet objet ; & les forces navales
fuedojfes en fg g g g fe momoienr dans les
états a trente vatffeaux de ligne , y compris ceux
de quarante canons, & à quinze frégates, outre
les galeres, les prames & les chebecs. Mais plu-
<!Ç“ rs dlL ces va,lffeaux étant très-vieux , & hors
detat dette réparés on ne doit pas compter
eZn Véta.t Tde fre °rvr'i cpel,u &| deen vvi.,rno8nt dix frégatedse. ligBne
Quoique je n'aye pu me procurer, dit M r<ivp'
un état exaft de toute la flotte, je penfe pou-’
vojr y fuppleeren quelque forte par la lifte fui-
vante de tous les_ vaiflfeaux qui étoient en com-
nnflion , & équipés pour croifer dans IaBaltiaue
1 année tyyv , e'eft-à-dire, à l'époque de la neu-
traîne armee.
• Vaijfeaux équipés en mars 177p.
Noms' Canons.
Sophie-Magdelaine, vaifleau neuf . . 74
Guftave I I I , vaifleau n e u f ...................... ....
Le prince Guftave. . . . . .
(0 Ce calcul eft tiré du voya ge de
pavoîc plus exacte. M . Coxe : on a fait d'autres évaluations fu r les troupes de Suède , mais eeiie- ci naus