
liqueurs diftillées , des impôts fur les penfîons ,
appointemens & emplois , de la taxe fur les cheminées
y & du monopole du falpêtre.
Le revenu , en 1772 , avant la révolution, étoit
de neuf cents huit raille quatre cents trente-quatre
livres fterlings ; & au moyen de quelques règle-
mens faits enfuite, de l'aveu de la diète, à l’époque
de la révolution, ce revenu, eft monté à environ
un million fterling. Mais il faut obferver que les
dépenfes publiques ne font pas prifes fur cette
fournie , parce que la plus grande partie de
l ’armée , & une petite partie de la flotte 3 font
entretenues en Suède , fans qu’il en coûte rien à la
couronne.
Les dettes montoient 3 fept millions cinq cents
mille livres lorfque Charles X I arriva au trône.
C e prince, économe de la manière dont il convient
aux fouverains de le t r e , les paya. Il flt plus ;
il rentra dans plufieurs des domaines conquis en
Allemagne , & qui avoient été engagés à des voi-
fins puiflans. Il retira les diamans de la couronne,
fur lefquels on avoit emprunté en Hollande des
fommes confidérables. Il fortifia les places frontières.
Il fecourut fes alliés, & arma fouvent des
efcadres pour maintenir fa fupériorité dans la mer
Baltique. Les évènemens qui fuiviren? fa mort,
replongèrent les finances dans le chaos d’où il les
avoit tirées. Le défordre a été toujours en augmentant
, malgré les fubfîdes prodigués par la
France & quelques autres fecours moins confidérables.
En 1772, l’état devoit fîx cents trois tonnes
d’or, ou quatre-vingt-dix millions quatre cens cinquante
mille livres qui, pour unintérêt de quatre &
demie pourcent, payoient aux nationaux ou aux
étrangers, quatre millions foixante- dix mille deux
cents cinquante livres. A cette époque , il n’y
avoit pas plus de deux millions d’ argent en circu-
culation dans le royaume. Les affaires publiques
& particulières fe traitoient avec le papier d'une
banque appartenant à l’E ta t, & garantie par les
trois premiers ordres de la république C e t établif-
fement a eu des cenfeurs , il a eu des panégyriftes.
A-t-il été utile, a-t-il été funefte à la nation ? Le
problème n’eft pas réfolu.
La banque de Suède fut établie en 1668 3 fous
la garantie des trois premiers ordrsdu royaume,
celui des payfans n’ y ayant pas concouru.
Lors de l’aflemblée des états , la banque fè
trouve fous leur admîniftration immédiate. On
établit un comité de trente - fix membres, dont
dix-huit font tirés de la noblefle, neuf du clergé,
& neuf de la bourgeoifie. C e comité reçoit fes
inftru&ions des états , qui rectifient enfuite fes
opérations. Dans l ’intervalle d’une diète à l’autre,
l’adminiftration de la banque eft confiée a neuf
députés ; favoit , trois pour chaque ordre ,
conformément aux arrêtés des diètes de 1769 &
1778. L ’adminiftration des députés cefife lorfque
les états font aflèmblés, & à la fin de la diète
les mêmes députés font confirmés dans leurs emplois
, ou remplacés par d’autres. Dans lé cas ou
l’un dès députés meurt, ou donne fa dé'miflîon
dans l’intervalle d’une diète à l’autre , le directoire
des chevaliers & de la noblefïe, le chapitre
d’Upfal & le magiftrat de Stockholm en nomment
un autre à fa place. A la diète de 1778 , fes états-
ont jugé à propos d’établir des révifeurs de la banque
, qui font chargés d’ en examiner î’ àdminiftra-
tion. Les révifeurs, au nombre de vingt-quatre ,
dont douze de la clafle des chevaliers & de la
noblefle, fix du clergé & fix de la bourgeoifie ,
font tenus de s’aflembler tous les trois ans le premier
octobre, dans les intervalles des diètes. A .
leur aflemblée, après avoir prêté ferment, ils examinent
tous les points de Tàdminiftration de la
banque, depuis la tenue de la dernière diè te, ou
depuis la dernière révifion, .& fe font rendre
compte par les députés, les commiflaires & autres
employés de la banque , de toutes les opérations
quelconques. S’ ils trouvent de la négligence ou du
défordre dans l’admmiftration, leur devoir eft de
réprimer ces abus , & de faire enforte qu’il n’en
réfulte aucune fuite fâcheufe pour la banque. Lorfque
les députés demandent confeil aux révifeurs'
dans des affaires importantes, ceux-ci doivent le
donner conformément aux principes de laconftitu-
tion de la banque. Les révifeurs n’ont pas le droit
de difpofer des fonds de la banque fous quelque
prétexte que ce foit ; ils ne peuvent pas non plus
faire des avancemens dans les emplois, augmenter
le nombre des employés , & accorder des pçn-
fions ; mais ils connoiffent des plaintes & griefs
des employés , & rendent juftice fur ce point.
Leur aflemblée eft de la durée de deux mois, pendant
lefquels on leur alloue une rixdale par jour ;
on leur paie en outre le voyage. A la fin de chaque
révifion, les douze révifeurs de; la noblefle
élifent, conjointement avec le directoire , douze,
autres révifeurs pour la révifion prochaine ; on en
choifit quatre dans chacune des trois clafles ae la
noblefle. Le clergé procède à cet égard de la manière
fuivante ; les fîx révifeurs de eet. ordre
font élus fucceflivement par tous fes confîftoi-
res du royaume , d’après l ’ordre qui a été
établi parmi eux , de forte que cTabord les révifeurs
font tirés des fix premiers confiftoires, &
ainfi de fuite jufqu’à ce que tous les confiftoires
aient nommé à cette comraiflion. L ’ordre de la
bourgeoifie fait fon élection de la manière fuivante
: la ville de Stockholm nomme toujours
un des fix révifeurs de cet ordre, & les autres
villes du royaume les cinq autres, d’après la
claflification adoptée par les états le trente janvier
1770, qui répartit cés villes en cinq clafles , dont
chacune a le droit d’élire un révifeur. Six mois
avant la révifion, le magiftrat de Stockholm affem-
ble les cinquante anciens, & en leur préfence on
procède, par forme de lotterie, à l’hôtel-de-ville*
au choix des Villes qui doivent nommer des révifeurs
: les noms des villes font écrits chacun fur
un b ille t, & jettés enfuite dans une roue ; on en
tire un billet, & la ville qui eft écrite deflfus
nomme un révifeur. Cette opération eft répétée
cinq fors : fi une ville renonçoit à fon droit, le magiftrat
en choifiroiMine autre de la même manière;
la ville qui â fourni un révifeur, ne participe plus
au fort jufqu’à ce que toutes les autres villes de
la même clafle aient aufli donné des révifeurs.
Un révifeur de la noblefle peut être choifî deux
fois,, & il en eft de même de celui pour la ville
de Stockholm. La première révifion de la banque
eut lieu le premier oftobre 1 7 8 1 , la féconde
le premier oélobre 178J. A l’affernblée générale
des révifeurs , le plus ancien comté porte la parole.
Les révifeurs fe partagent en deux divifions ,
dont l’une eft appellée le comité du comptoir, &
l’autre le comité de la chancellerie.
Elle offre une banque de change, & une banque
d’emprunt. Celle-ci prête de l’argent fur des immeubles
, des biens & des maifons nobles, jufqu’à
ïa concurrence des deux tiers & même des
trois quarts de leur valeur , fur de l’or & de l’ argent,
pour la valeur entière des hypothèques ; &
fur toutes efpèces de métaux , du grain , du fel ,
des laines, des foies & autres matières crues ;
mais elle ne prête rien fur des bijoux. Elle donne
fes aflignations fur la banque du change , qui acquitte
d’ailleurs tous fes capitaux & les intérêts.
Cette banque a la jurifdi&ion fur les commis &
domeftiques ; & dans les affaires civiles avec des
particuliers , elle, n’eft obligée de répondre que
devant le confeil de la cour de Stockholm. De
cette banque dépendent huit départemens-Comme
elle a effectué la circulation de la plus grande partie ,
des biens-fonds de la Suède, on peut juger que fes
avances doivent avoir confidérablement augmenté
dans les derniers tems , puifque tous les douze ou
quinze ans le capital rentre par le moyen des intérêts
qui font payés tous les fix mois.
La députation de la banque, lors de la diète de
1752 voulut prévenir les fuites funéftes que pour-
roit entraîner l'augmentation- illimitée du papier
mis en circulation par cette banque ; on fixa à
trois cens mille pjates par an la fomme qui pourvoit
dorénavant être prêtée fur des. immeubles.
Elle prit en même tems des mefures , pour que
l’ oiv commençât dès l’année 1754 à payer, outre
les intérêts, cinq pour cent de chaque capital
affeétéfur dès biens-fonds ; ce qui devoit être continué
jufqu’à. l’entière extinction du capital. En
17 6 1 le roi & le comité fecret des états convinrent
qu’ en attendant des règlemens fur cet objet,
tout prêt fur meubles ou immeubles,, à l’exception
feulement des certificats de la banque d’emprunt,
demeureroit fufpendu. Nous n’examinerons
pas ici quel eft le rapport entre l’argent effe&if qui
fe trouve à la.banque & le capital qui circulé,, fi
fargent effectif n’eft que de fix millions d’écus tan-'
dis que le capital eft d’environ foixante - dix millions
d’écus. Nous n’examinerons pas non plus les
embarras dans lefquels, d’après ce calcul, la banque
pourroit fe trouver, fi des étrangers ou des
nationaux faifoient réalifer tout le papier dont ils
font propriétaires. Quoi qu’ il en foit, le comité fecret
fît à la diète de 1766, des repréfentations fut
l’état de foiblefle où fe trouvoit alors la banque y
il l’attribua , en partie , à la réunion faite depuis
1738 , des intérêts de la banque, & de ceux - le la
couronne , & en partie à l’abus qu’on a fait de
la banque d’emprunt : il accufa même plufieurs
. députés de la banque, qui étoient fes plus confidérables
débiteurs, d’avoir, pendant-leur régie, donné
pour les emprunts & pour les comptes, des pro*
jets qui favorifoient leur intérêt perfonnel.
Nousavons établi à l’article P a p ie r -m on no is
les vrais principes des banques : nous y avons dît
combien cette reflource eft dangereufe dans quelques
Etats, & avec quelle facilité on en abufe.
Aucun- pays peut - être n’a éprouvé à un plus
grand degré tous fes maux attachés au manque
d’efpèces d’or & d’argent, à la rareté des efpêçes
même de cuivre , & à une fluctuation perpétuelle
dans la valeur des billets de banque q u i, pendant
un certain tems , étoient le feul effet qui eût cours*
On a remédié à quelques-uns de Tes maux, dont'
on trouve la peinture dans les ouvrages de plut—
fieurs voyageurs , & qui menaçoient l ’Etat d’une:
banqueroute totale,; ils n’exiftent plus aujourd’hui.
Le r o i , conformément au voeu des états,, qui lui
avoient confié en 1772 cette tâche difficile, ayant
emprunté en Hollande fept cens cinquante mille
liv. fferl. fupprima un grand nombre de billets de
banque , 8ç fit circuler une quantité confidérable
de monnoies d’ argent d’ une grande pureté ; mais-
, il faut voir fi la banque ne renferme pas encore
des viGes effentiels^
L e roi a- aufli aboli en grande partie les diverfes-
méthodes compliquées & embarraflantes de compter
l’argent, qui varioient dans les divers lieux 8Z
dans les différentes circonftances, & if a preferit
une manière fort fimpie de compter, qui doit être
générale dans tout le royaume , & être obfervée-
dans toutes les occafîons.-
Le roi de Suède, après le règlement de 1771 dont
nous avons parle plus haut, a voulu fe réferver
le privilège exclufif de la diftillation & de la vente'
des eaux-de-vie ; mais il en a tiré peu de bénéfices
: la contrebande fe faifoit fi univerfellement,,
qu’ il à fallu renoncer à-cet-arrangements
On étoit obligé d’envoyer dans les provinces
des commiflaires qui vérifioientdans les maifons des-
particuliers la quantité d’eau-de-vie qu’ils pou-
voient avoir , qui caflbient fes alambics & autres-
uftenfîleSj.Sc qui taxoïent,.félon le nombre des indi