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les autres juges s’uniffant contre lui dc'v.ifîèrent
fon territoire ; d'un - autre côté les Pifans s'opposèrent
de tout leur pouvoir à cette nouveauté ,
& à force d’argent ils parvinrent à déterminer
Tempereur en 1166 à prononcer en leur faveur,
& à leur donner l’inveftiture de la Sardaigne.
Les papes Innocent III. 8c Honorius III. cherchèrent
néanmoins à la réduire fous la domination
du faint - fiège 5 leurs efforts eurent du
fuccès j les Pifans furent contraints à deux re-
prifes de faire à la cour de Rome une ceffion
de cette ifle ; 8c les juges fe virent obligés
de recèvoir rinveftiture des papes , 8c de leur
payer un tribut. La fouveraineté du faint-lîège
ayant été attaquée de différens côtés , & les Pifans
s’étant de nouveau rendus maîtres de Tille
en 1167 , le pape Boniface VIII. la donna, ainfi
que celle de Corfe , à Jacques , roi d’Arragon,
fous la réferve d’un tribut annuel. Les Arragonois
ne furent paifîbles poffèffeurs de la. Sardaigne
qu’en 1324 , après une longue guerre avec les
Pifans & les Génois., Elle devint enfuite une
partie de la monarchie d’Efpagne , qui y entre-
tenoit un vice-roi, 8c elle y demeura unie juf-
qu’en 1-768 , qu’ elle fut occupée par les Anglois
au ncm du roi Charles III , depuis empereur
fous le nom de Charles V I , auquel fa poffef-
fion fut allurée par la paix d’Utrecht. En 1717
elle fut.prife par les Efpagnols. En 1718 , l’empereur
la céda au duc de Savoye en échange delà
S ic ile , & ce prinçe s’en mit en poffeflion en
1720.
C e royaume eft plus précieux à la maifon de |
Savoye , tant à jaifon du titre de roi qu’il lui
donne qu’à caufe de fes revenus. Nous dirons
tout-àTheure quel eft Je montant de ces revenus.
Au refte la Sardaigne feroit un bien meilleur
E ta t, elle produiroit davantage , elle feroit
plus riche fi elle n’étoit pas fous l’autorité d’un
vice-roi , & fi le roi lui-même y faifoit fa réfi-
dence.
Remarques générales : adminijtration & revenus.
La Sardaigne a environ faixante lieues de long,
fur trente à trente-cinq de large. Elle fe divife
en deux provinces , Cagliari & Saffari.
On n’y compte aujourd’hui que fept villes
peuplées, quoique Thiftoirê faffe mention de plus
de quarante, dont on retrouve à peine quelques
veftiges.
Les deux tiers de la Sardaigne font prefque
dépeuplés. Nous avons déjà parlé de Tinfalu- :
brité de fon climat, 8c on évalue à plus de deux •
cens mille le nombre d’hommes que la pefte 8c
la famine y ont fait périr dans les deux derniers
fiecJes.
Le vice-roi eft en meme-tems lieutenant-général
du royaume j il eft obligé dans prefque toutes
les affaires de prendre l’avis du fénat, que Ton
appelle en Sardaigne royale audience. Ses appoin-
temens font de cinquante-fix mille livres du Piémont.
Le fenat eft compofé de huit magiftrats divin
s en deux claffes , quatre pour la chambre ci-
Vj • ^uatre Pour la chambre criminelle. S’il
s agit dans une caufe civile de plus dè deux mille
livres, on f^eut demander la revifion du jugement
a la même chambre, où Ton appelle alors
deux des autres magiftrats.
Quant auxcaufes criminelles on peut en demander
la revifion à la chambre civile ^ o n par voie
d appel, car ces deux chambres font d’un grade
parfaitement égal.
Les fentences de mort portées contre la no-
blefie-, ne peuvent avoir leur execution fans qu’on
en ait rendu compte au roi.
La charge de regent eft la première après,celle
de vice-roi 5 il eft en même-tems confeiller &
capitaine-géneM, & juge feul en ,cette qualité
lea caufes maritimes, expédie toutes les patentes
d émancipation , habilitation d’âge, 8c confirme
8c examine tous les titres des notaires s
écrivains publics , &c.
En 1776 un obfervateur a tracé l ’état que voicâ
des revenus 8c des dépenfes de la Sardaigne.
R e v e n -v s.
Don gratuit.'. 240,000! liv.
Don de vaffelage. . . . . . 60,000 *
D o u a h e s ........................................
Lq
b00
Pêcheries . . . . . 20,000
Papier timbré.................................. 52,000
Ferme du tabac....................... ..... 2 0 5 ,7 0 0
Biens féqueftrés . . . . . . 572,060
Salines . . . , „ . . 66,000
Revenus de la pofte. . . . . 1,200
Droits fur l’exportation des grains. 256,200
Emoluraens des greffes, d’infinuation
& autres. . . . . . 1,520
Cafuels............................ .... 1 ,6 0 0
,554,420
La dépenfe fut jugée à cette époque de fix
cents vingt-fix mille cinq cents vingt-quatre liv.
par conféquent il reftoit net neuf cents fepé mille
huit cents quatre-vingt-feize livres.
s a y
Voici les détails de cette dépenfe.
Appointemens du vice-roi . . . 56,000 liv.
Chambre civile. . . . . . . 10,560
Chambre c rim ine lle.............................. i 5jÎ2-°
Intendance générale...............................10,000
Tréforerie générale . . . . . 6,000
Chambre du domaine. . . . • 4>I 3(>
Milices du pays . . . . . . 7>I4t
Frais des falines . . . . . . 37,600
de la régie du tabac . . . 58,032.
des douanes....................................22,006
dès bureaux............................ 1,600
du bureau de polie . . . *,07°
Cens . . . . . . . . . . z i , 394
Reniions........................... 6,000- :
Entretien des tours des prifonriiers
■ & autres. . . . . .
Frais de juftice . . . . . . 17,550
Militaire . . . . . . . . . 325,000:.. $
Maifon du vice-roi . . . . 6,620
A r t i l l e r i e ............................ 16,000 J .
Bâtimens & fortifications. . . . 2,800
Cafuel . . . . • . . . . 1 6 , 5 0 0
Total ties dépenfes. . 616,514
Voye[ les articles Piémont & Sa vo ie .
SAVOIE. ( duché de ) C e duché eft proprement
une portion de l’empire d’Allemagne , dont
le roi de Sardaigne étoit membre, à raifon de la
Savoie, qui fe trouve parmi les Etats du cercle
du haut - Rhin. Mais ce prince a rompu toute relation
avec l’empire , 8c il a laiffé convoquer les
diètes fans y envoyer de députés : en effet fé-
paré par la Franche - Comté , i’Alface 8c la Suiffe,
des domaines de l’èmpire Germanique, il n’a pas
à craindre que la diète puiffe employer contre
lui la force coaétive : ce n’ eft que depuis peu
qu’il entretient un miniftre à Ratifbonne.
Le nom de Savoie vient du latin Sabaudia ,
dont fe font formés par la fuite ceux de Sapaudias
Saboja 8c Sapogia. Au couchant la Savoie eft
bornée par la France 3 au midi par la France & le
Piémont j au levant par le Piémont, le Mila-.
nois 8c la Suiffe j 8c au nord par le lac de Genève,
qui la fépare de la Suiffe. Sa plus grande longueur
du couchant au levant eft de .vingt-deux milles géographiques,
& fa plus grande largeur du midi au
feptentrion de neuf milles. Son étendue étoit autrefois
plus confidérable.
S A V 165
Soi , productions.
Elle n’offre prefque par-tout que de hautes
montagnes, des rochers efearpés 8c‘des précipices.
Mais les petites vallées, fituées entre les montagnes
, produifent un peu de bled & du foin en
plus grande abondance 5 8c dans les lieux où le fol
le permet, Tinduftrie deshabitans cultive les montagnes
mêmes. Le vin qu’on fait dans le voifinaga
du lac de Genève , ainfî que Ceux de Montmé-
lian 8c de St.-Jean - de-Maurienne, n’eft pas
mauvais , 8c en plufieurs diftriéts les beftiaux font
bons 8c affez nombreux. C ’eft même delà Savoie
que vient la plus grande partie des boeufs J k des
vaches du Piémont 8c du Milanais. On y trouve
auffi des haras de mulets qui fe vendent hors du
pays. Mais ces re ffo ur ces ,‘font peu confidérables,
8c la plus grande partie dii terrein eft rendue inutile
par les montagnes qui la couvrent.
Des claffes d*habitant & des gênes qui leur font
impofées.
La nobleffe de Savoie 8c de Piémont vit dans
un état d’oppreffion^ quoique les conftitutions
du prince paroi ffént être à fon avantage : car dans
tous les fiefs le majorât eft établi à perpétuité ;
le fimple bourgeois ne peut faire de fidéicommis
dans les biens allodiaux , 8c le gentilhomme n’en
peut faire aucun qui s’étende au- delà du quatrième
degré : celui q u i, d’après un droit de pri-
mogéniture, parvient à la poffeffibn d’un héritage
, ne donne d’autre appanage à fes frères cadets
8c a leurs fils, que le quart des revenus du
fiéf; quand ils font moins dé quatre 3 8c s’ils font
davantage , il n eft tenu de leur en.donner que le
tiers avec une dot modique : les filles fon entièrement
exclues de la fucceflîon des fiefs, tant
qu’il refte quelqu’ un de la face mâle du père.
Malgré ces avantages la nobleffe eft affoibîie. En
* 7 le roi réunît a la couronne tous les biens
domaniaux qui avoient . été aliénés. L ’ancienne
nobleffe voit fon éclat effacé peu-à-peu par la
nouvelle. Celui qui ‘’acheté une terre, à laquelle
eft annexé un marquifat, une baronnie, 8cc. devient
noble, 8c prend le titre de marquis, de
baroit, gcc. Il y a des terres de cette efpèce que
le roi vend de cinq à huit mille livres. Chaque
noble doit prouver d’où il tient fes armes ; 8c il
en eft prive , s il ne les fait pas renouveller. H
en coûte pour avoir des armes nouvelles , de
dix à feize mille livres , félon les différentes qualités
des perfonnes. Quiconque veut porter le titre
de duc, de prince , de marquis , de comte , de
baron, 8cc. doit montrer un diplôme , obtenu du
roi ou de fes prédéceffeurs, 8c configné dans les
regiftres. Celui qui a une partie de jurifdiaion
d’un village n’en peut porter le titre , à moins
que dans un village de cent feux elle n’en comprenne
moins la moitié 5 8c le tiers, fi le *11-