
Cuban & Don. On y porte les mêmes chofes
qu’à Caffa , on y achète du miel, de la cire , du
fel y de la laine , des peaux de renard a de martres 3
de brebis.
Les ports des côtes orientales & méridionales
de la mer Noire font dans les provinces turques
de Mingrelie , de Géorgie, d’Anatolie. Les principaux
font P o t i, où fe rendent les marchands
de Géorgie > Trebizonde-, Cherfon qui n’eft qu’à
foixante milles de T o k a t , & où les caravanes de
Perfe s’afïemblent & fe réparent pour fe rendre
par différentes routes à Smyrne & . à Conftan-
tinople. Sinope 3 port le plus voilin d'Angora,
feul endroit connu où l’on trouve ces beaux poils 1
de chèvre dont on fait les excellens camelots qui
égalent s'ils ne furpaffent pas ceux de Bruxelles.
C e poil filé s’achète principalement à T o k a t,
.d’où les caravanes l’apportent à Smyrne. Tios ou
T ilio s , où les Turcs ont un chantier pour le radoub
de leurs vaiffeaux , ce qui fait qu’on y vend
avantageufement des voiles, des cordages 3 des
ancres & d’autres munitions navales.
Sur la côte occidentale de la mer Noire il y a
outre Kinburn, Varna dans la Bulgarie, à environ
Cent milles d’Andrinople , Kilia- Nova dans la
Valachie à l’embouchure du Danube , & Akker-
men à l’embouchure du Dniefter dans la Beffa-
rabie à foixante milles environ de Bender. Ces
ports font fournis de laine 3 de fruits fecs , de
vins de Hongrie & de Moldavie, de peaux de
buffles. Le commerce de Varna & d’Akkermen
peut être augmenté confidérablement par une communication
plus régulière avec Andrinople &
Bender, & celui de Kilia-Nova pourroit devenir
d’une grande importance , par la vente des productions
de la Hongrie & de l’Autriche , fi la
jaloufie des Turcs ne gênoit pas la navigation du
Danube.
Conftantinople & Gallipoli font les principaux
ports de la mer de Marmora. Les Ruffes y portent
des pelleteries & des cuirs, des toiles à v o ile ,
des-cordages , des ancres , du goudron, de la
poix , de l’acier, du fer , du poiffon falé, du
caviar, du beurre, des dents de chevaux marins,
de la cire, du th é , du mufc, de l’huile de caftor,
des couleurs , du papier, de la groffe toile, du
linge-, des grains. Ils y achètent de la foie crue
& travaillée, des étoffes de coton , des mouffe-
lines, des étoffes de Turquie & des tapis, du poil
de chèvre d’Angora , des vins grecs , de l'huile ,
toute forteMe fruits , des limons, des oranges ,
du tabac , des pipes , des épices, du fafran, de
l’opium , 8e d’autres drogues, des perles , des
pierres précieufes, de l’or 8ë de l’argent. I.
II. Des ports 8e des territoires cédés à la Rujfie3
8e des villes bâties depuis cette époque par ordre
de l'impératrice.
Les Turcs avoient cédé à la RuJJîe. i ° . Le pays I
autour de la mer d’Azof. 2°.Kertsch 8c Yenikalé I
dans la Crimée, j 0. La fortereflfe de Kinburn, I
4°. Le pays entre le Dniéper 8e le Bog.
i ° . Le diftrift fitué le long de la mer d’Azof I
comprend outre une grande étendue de pays à I
l’eft 8e à l’oueft d’A z o f , les fortereffes d’A zo f, I
de Taganrog, 8e de Petrofsk. La première n’a I
plus l’importance qu’elle avoit fous Pierre I. La I
branche du Don fur laquelle elle eft bâtie eft à
préfent tellement embarralfée de fables , que les I
plus petits vaiffeaux ont de la peine à y entrer: I
on débarque ordinairement à Taganrog Se à Pe- I
trofsk les marchandifes qui étoient autrefois por- I
t^ s à A z o f , 8e on conftruit les bâtimens à I
St. Démétri ou à Rofto f, d'où ils defcendent ta I
Don par une autre branche de ce fleuve. Le port I
de Taganrog n’a que fept pieds d’eau. Il faut que I
les vaiffeaux deftinés pour ce port n’en tirent que I
cinq ou fix. La ville a été rendue plus commode I
par la conftru&ion de plufieurs magafins 8e autres I
bâtimens , pendant la dernière guerre, 8e on fait I
cas de la faluDrité de fon air.
Petrofsk a été bâti pendant la dernière guerre K
à l’embouchure de la rivière Broda , 8e ce fort I
commande les frontières de Turquie. La fituation I
de fon port eft très-avantageufe, parce qu’il a I
une communication direéte avec les ports de la ■
Crimée , 8e qu’il eft plus profond que celui de I
Ta *anrog. Ces fortereffes affûtent parfaitement la I
navigation de la mer d’A z o f Les frontières du I
pays cédé par les Turcs , font gardées par une K
chaîne de petits forts qui s’étend de Petrofsk au I
Dniéper.
i ° . Les fortereffes de Kertsh 8e de Yenikalé I
fur la côte orientale de la Crimée 8e près de
l’entrée feptentrionale du Canal de Caffa , font I
de la plus grande importance , parce qu’elles com- I
mandent le paffage de la mer Noire à la mer I
d’Azof.
3°.* Kinburn eft le feul port que les Ruffes I
polfèdent furies côtes de la mer Noire. Il tou- I
che aux frontières' actuelles du territoire ruffe, I
& eft fitué à l’embouchure du Dniéper, vis-à-vis I
la fortereffe turque d’Otchakof.
Cette place étant extrêmement forte pourra I
gêner la navigation du Dniéper en cas de rupture ■
avec les T u r c s , auffi long-tems qu’elle fera entre I
leurs mains. Kinburn étoit deftiné à être le prin- I
cipal dépôt des marchandifes envoyées des pro- I
vinces que parcourt le Dniéper, mais le port I
n’offrant aucun mouillage affuré à caufe des fables I
mouvans , la nouvelle ville de/Kherfon eft aétueP I
lement le grand entrepôt de ce commerce.
40. La poffeffion du territoire entre le Bog 8c I
le Dniéper ouvre une communication affûtée
entre la mer Noire & les grandes 8c riches provinces
au travers defquellcs coule le Dniéper ;
ce territoire important 8c fi effentiel a 1 exiftence
de ce nouveau commerce étoit habité principalement
par des hordes de Tartares errans , 8c par
les cofaques Zaporogiens qui habitoient près du
Dniéper, & en rendoientla navigation très dange-
reufe par leurs pirateries.
III. Les provinces ruffes les plus inttireffées a
ce commerce font celles qui touchent au Dniéper
& au Don : fous cette dénomination on comprend
les provinces de Smolensko , de M oh ilo f,
d'Ukraine , de la nouvelle Rujfie, de Bielgo-
rod, de Voronetz , d'Ukraine-Slobodskaia, 8c
d'Azof. C e vafte pays fournit en grande abondance
toute forte de grains, du chanvre, du lin.
des cuirs, des mâts. des planches. du miel, de la
cire. du tabac. L'impératrice a déjà fait bâtir
plufieurs villes dans les pays qui lui ont été cèdes
I par les Turcs ; les principales font Kherfon , C a -
tharinen-Slaf, 8c Marianopoli.
Le Don prend fa fource dans le petit lac de
St. Jean , près de Tula dans le gouvernement de
Mofcow ; 8c après avoir traverfé une partie des
provinces de Voronetz . de l'Ukraine - Slobods-
kaia . 8c toute la province d’A z o f . il fe partage
près de Tcherskask en trois bras qui fe perdent
dans la mer d’Azof. Cette rivière fait tant de
détours. 8c eft tellement remplie de bas-fonds
qu’on n’y peur guères naviger qu au printems,
à la fonte des neiges. Son embouchure eft auffi
tellement embarralfée de fables , qu'excepté dans
cette faifon , il n’y a que des bâteaux plats qui
puiffent paffer dans la mer d’Azof. Les pays que
le Don traverfé font couverts de vaIIes forets y
1 dont les bois font flottés jufquës à St.-Démétri
8c à R o fto f. où l’on conftruit des frégates pour
la mer d’Azof.
Kherfon eft fituée fur le Dnieper, environ
dix milles au-deffous de l’embouchure de l'In-
gulec. 8c elle eft bâtie principalement de pierres-
de-taille. On la deftine à être le principal marché
de ces provinces j mais fi ce commerce devient
étendu , ce marché feroit mieux placé dans rjuel-
qu'endroit au - deffous de la barre du Dniéper,
c’eft-à-dire . à douze milles environ au.fud de
Kherfon. Il y a dans cette ville un chantier pour
la conftruétion des grands vaiffeaux . 6e l'on y a
déjà lancé plufieurs vaiffeaux de guerre 8e frégates
auffi-bien que des vaiffeaux marchands.
Catharinensîaf. ou la gloire de Catherine , eft
bâtie près du lieu où la petite rivière de Kiltziti
tombe dans la Samara, 8C elle doit etre la capitale
quelque chofe ici du Don & du Dnieper qui
forment la communication entre ces provinces 8c
les mers de Turquie.
du gouvernement d’Azof. Il y a une colonie
de Grecs 8c d'Arméniens qui font venus de la
Crimée j il y en a auffi des autres nations qui
ont fervi dans la dernière guerre contre ies
Turcs.
Marianopoli a été bâtie fur les bords de la mer
d 'Azof entre les rivières Mius 8c Calmius > ces
trois villes, auffi-bien que les nombreux villages
qu'on a vu s'élever rapidement dans un pays qui
n étoit habité que par des bandits 8c des hordes
vagabondes, font aujourd'hui remplies de Ruffes.
de Tartares qui ont abandonné leur vie errante .
& de nombreux colons la plupart Grecs 6r Arméniens
qui ont quitté .pour s’y établir , la Crimee
8c les provinces turques limitrophes- Il faut dire
La navigation du Don deviendra très-avantageufe
, fi l'on peut par fon moyen tranfporter
dans la mer Noire les fers de Sibérie 8c les marchandifes
de la Chine 8c de la Perfe. C'étoit pat
ce même canal qu'elles y arrivoient autrefois,
anffi-bien que les produirions de l'Inde. (1)
Depuis que les Ruffes ont acquis une partie
de la Lithuanie, 8c le pays entre le Don 8c le
Dniéper. 8c que les cofaques Saporogiens ont été
totalement difperfés , le Dniéper coule depuis fa
fource jufqu’à fon embouchure dans les provinces
de l'empire Ruffe.
Quoique fon cours foit de plus de huit cents
milles , fa navigation n’eft interrompue qu’une
feule fois par une fuite de cataraétes qui commencent
au - deffous de 1 endroit ou ce fleuve
reçoit le Samara . 8c s’étendent dans une longueur
de quarante milles. Elles ne font cependant
pas fi dangereufes qu’on les a repréfentées ,
8c on peut les paffer au printems fans beaucoup
de danger , même avec des barques j chargées.
Dans les autres faifons de l'année on décharge les
marchandifes à Kemensk v is - à - v is de l’embouchure
du Samara ; on les tranfporte par terre
jufques àKitchaskqui eft à environ quarante milles
de-là 8c on les embarque de nouveau dans cet
endroit d'où elles defcendent fans interruption
jufqu’à Cherfon. Si ce commerce prenoit de grands
accroiffemens, on pourroit avec des frais con-
fidérables rendre ce fleuve navigable maigre les
cataraaes , dans toutes les faifons de 1 annee.
( . r envo ie ouelouefois le fer de Sibérie & les marchandifes de la Chine par le moyen de divers canaux ju r q u ’a»
Volga i ° lies de l>e?fe font rranfportëes auffi ju fqu 'à ce « cu re , au travers de la mer Cafpienne i du V o lg a |ufqu au D o n ,
il n’y a plus qu’ un trajet de quarante milles, . . ^