
les crimes-d£ lezc-majeftéj- bu nouvelle loi les a
fagémerit réduits à un très-pètit nombre de cas y
pour lesquels en outré ell&rt'ififlïge-qae des peines
lembjables à' celles des autres délits , 8c proportionnées
au degré plus ou môins- grand de per-
verfité dans Tes délinquan's. Les punitions., graduées
félon Ta grandeur du crime'/ font r ie s
amendés1, la peine dii Fouet en fecret , Ternpri-
fônnemenïpêndant line année au plus, le bannilfe-
ment a trois milles dû bailliage refpeélif. Jehan-
riiffement â-cinq mi lits de la lieutenance , le confinement
à, Volterte & Ton territoire-, le confinement
dans la province inférieure de Sienne , le
confinement a GroflTetto *Te banmfîement de tout
le grand-duché , lequel toutefois n'aiira lieu que
pour ceux qui eufîent obténu l'impunité en découvrant
leurs complices, & pour les vagabonds,
les charlatàns, les mendians étrangers & les calomniateurs^
Pour des cas plus graves : le carcan fans
banniifemeht, -Je' carcan & le bahnifternent, lé
fouet en public', le fouet fur un âne j la prifon
pour les femmes pendant un an ou pendant leur
vie ; elles feront rafées-. & forcées de s'occuper
des travaux-auxquels elles, feront jugées convenables,
condamnées-en’buire' félon la nature du
délit apporter toute leur vie un habillement particulier
3 8é un'-éèriteau fur lequel on lira : dernier-
fuppLice. pour les hommes dans les mêmes cas ,
les travaux publics pendant 3 , 4 5 , 7 , 10 ,
15 ,.riO ans, & à v ie , 8c un écriteau qui dé-
ligne la nature du délit j dix années en fus pour
les relaps 8c ceux» qui auroient renté de s'échapper,
& même félon la .’gravite du délit , un anneau
de fer au piéd. Tous les coupables condamnés
auX: travaux publics à vie pour tous les
délits capitaux , outre l'anneau de fer s auront
une double chaîne, un habit particulier qui les
diftingue des autres forçats. Ils marcheront pieds
nuds , feront employés aux travaux les plus rudes,
& porteront,-, fur un écrit attaché à leur habit, la
nature de leur crime , ôecçs mots : dernier fupp lice.
Nous avons difeuté â l'article Peines , ce qu'on
a dit pour 8c contre les peines capitales j nous y
avons obfervé en particulier que fi l’abqlicion des
peines capitales eft fans inconvéniens dans les petits
Etats., dans la Tofcane par exemple , il relte bien
des doutes aux bons efprits & aux véritables
philo fophes , fur Texa&itude du grand ptincipe
du marquis de Beccaria.
Nous renvoyons le leâêur à cet article : lous
obferverons feulement i c i , que la douceur de la
nouvelle légiflation criminelle du grand - duc eft
analogue au caractère national. Le tofçan a un
fond d.e moralité publique & de bonté originelle,
qui rend les "crimes rares & les châtimens
prefque inutiles. C e peuple eft gai, honnête-, modéré.
Le paifible gouvernement fous lequel il
profpère depuis lohg-tems, a détruit les femences
ftineftes que portèrent en Tofcane les- querelles
des guelfes 8c' des. gibelins ', & les diflènfions ré-*
publicaines. Beveau à fon naturel cultivant une
terre féconde , jouiflant d’un climat a-uifî heureux
que fon caraélère, fans paffions violentes, 8c au^-
cieffus de l'indigence , de tous les peuples, je
tofean eft le plus facile à gouverner. Ses inclinations
ont abrégé l'ouvrage du légillateur, 8c
accoutumé le gouvernement à lui lailfer une liberté
dont il n’abufe point. Nous indiquerons tout-à-
l'heure pîufieurs remarques critiques qu'on s'eft
permifes fur l'adminiftration dé la Tofcane ; mais
nous dirons que le grand-duc a fait des règlemcns
économiques très-fages. Lorfque fon père acquit
le grand-duché, un homme d’état lui traça en
deux mots le plan qifil devoir fume. Souvenez«
vous , lui d it-il, que vous êtes le grand - duc de
Tofcane , 8c non le: grand* duc deFlorence. Juf-
qu'alors , en effet, cette capitale, par fes exemptions
, fes monopoles, fes droits abufifs , avoit
écrafé le refte de l'état : le grand duc a remis l'équilibre
; il a Amplifié ou fupprirné une foule de
petits impôts particuliers à certains diihi&s, le
Pifan , le Siennois a eu part à fes bienfaits 3c
aux emplois comme le Florentin j en un m o t , il
a fondu Florence dans la Tofcane. De fi grands
changemens fe font faits Tins defpotifme ; ils ont
été reçus prefque fans murmure. Lorfque le prince
abolit les jurifdi&ions féodales, il en-exigea le
premier facrifice, du premier noble de l'é ta t, le
marquis de la Ghéradefca , qui prend le,, beau
titre de marquis de Tofcane , comme defeendant
d'une famille iliuftre , anciennement aflbciée à la
fbuveraineté du grand - duché. Léopold favoit que
cet exemple entraîneroit le refte de la -nobleffe.
Avant d'opérer cette fuppreffion, le grand-duc con*
fulta fur fes droits l'uni verfité de Pife, elle le condamna
j l'univerfité de Boulogne, elle le condamna,
8c le confeiî de Tofcane fut aufti fcrupuleux que
ces deux corps littéraires.
Sans doute pîufieurs points appellent encore la
réforme , 8c les intérêts du fife l'éloigneront long-
tems : car fi les petits Etats ..qui ont un prince
éclairé 8c plein d'amour pour fes peuples-, (ont
gouvernés d'une manière plus paternelle ,1 'a d -
miniftration fonge prefque toujours à amafter des
tréfors , afin Je Jouer un plus grand rôle j 8c elle
eft bien difpofée à adopter un mauvais.régime ,
fur la nature des impôts ',- fur le commerce: 8c
Finduftrie ; elle s'approprie des monopoles, 8c
elle ne craint pas d’ex pofer des gênes & des, eu»
traves qui doivent lui être utiles- -
q En tranfcrivant les remarques fuivantes du voyageur
que nous avons déjà cité deux fo is , nous ne
voulons point critiquer l'adminiftration de la Tof-
cane , mais indiquer le point de perfection. Ah !
fans doute , il ne faut pas trop exigerdes princes ;
on lés dégoûteroit à jamais du foin de leurs peu*
pies : la juftice veiumême qu'on leur tienne compte
de ce qu'ils font, 8c qu’on ait de l’indulgence pour
ce qu’iis ne font pas 5 car- on a tort de croire que
toutes les réformés dépendent de leur volonté,
On ne peut voir la Tofcane fans émotion & fans
intérêt : le prince qui la gouverne a toutes les
lumières de fon'fiècle : l’humanité, cette touchante
vertu qui devroit animer tous les fouve-
rains, accompagne chacune de fes penfées 8c chacune
de fes réfoi u rions : il a la (implicite des
grands hommes des premiers âges : il habité une
maifon 8c non pas un palais ; prefque toujours
féparé de fa cour , il vit avec Tà femme 8c fes
enfans : fa vie entière eft confacrée aux plaifirs'dü-
meftiques, & à fes-nobles travaux pour le bonheur
de Ton pays.
. 1 our revenir au voyageur dont nous parlions ,
» je fuis arrivé , die - i l , dans ce pays , Tefprit
plein de^fa nouvelle légiflation , que tous les papiers
prônent, 8c dont tout le monde retentit.
J en parle 5 ail lieu de fnerépofidre, onine quef-
uonne :■ — Avez vous vu descontrées-ou-là population
manque ? — - Ave z- vous vu de bonnes
terres incultes ? ----Avez-vous vu de's cantons
inhabitables faute de monde 8c de travaux pour
les rendre tels ? — Avez-vous pris garde que les
chemins font impraticables dans certainés parties,
dans certains rems ? Que les rivières fe débordent
8c font du ravage', faute de digues , ou de:les
curer ? -— • Savez- vous que l’E ta t, a vec Ta Toit?le
population , eu égard â l'étendue 8c à la qualité
de fon territoire,-n'a pas de grains pour fe nourrir
les deux tiers de.l'année, 8c que la liberté de l'exportation
n'eft pas capable de lu tter, pour l’encouragement
de l'agriculture , contre les impôts
énormes 8c variés a l'infini, qui accablent Je
propriétaire 8c le cultivateur? »
-35 Savez-voiis_que' les fonds payent, un impôt
très -.fort ? Que leT>l"ecL qui paie en nature , paie
encore en farine ? Que tous les comeftibles.paient ?
Que tous les objets de confoinmatiqn paient?.Que
chaque perfonne d’abord , 8c chaque état enfuite
paient? Q u’on ne peut acquérir , changer ni hériter
fans payer des Tommes confidérables? Q u ’on
triple l'impôt fur ceux qui . font en retard de le
ÿayer ? Que nous avonseu des difettqs affrenfes ? ■
Que nous fouîmes fans indu ftrié d'aucun genre,
.que cell* de nos foies, dont on a décourage la 1
culture , ■ bien loin d’encourager nos manufac- ■
tures , en en prohibant i'extraélion , parce qu'il
faut manger pour travailler., & avoir du pain avant
de cultiver les arts ?.»■
» Savez-vous que le mai occcafîonné par l'impôt
en lui - même eft porté à fon comble par la
manière de, le percevoir , 8c que depuis les derniers
règlemens tout eft beaucoup plus cher ; qu'ils
iont très- favorables au fife , mais que le l'âge.
prihee qui nous gouverne s’éft trompé fut leurin-
.ftuence relativementau bonheur du peuple? « Ces
plaintes peuvent être, une' fuite ;dë iJïabitude de
crier, 8c lçs bons adminiftrateiirs. voyant preCque ,
toujours iéurs opérations •critiquées de la: même
manière. ; le voyageur ajoute feulement ;
. Je ne Vous'-garantis pas tous ces faits : ce;-
pendant je fuis obligé d’avouer ce que j ’ai v u 5
que J[a culture eft Tort négligée ; qu'une partie
des états eft em.peftée par des eaux ftagiiaotes 5
que dans ces endroits qui ne ptoduifent prefque
rien , TeTpèce eft rare- Sc chétive j que des terre
ns y font de grands dégâts interceptent les
routes , où l'on ne trouve pas de ponts j ( j ’ai
n-.pi-même été arrêté par-là.de Florence à Sienne j)
qi:j.l'induftrie en tout genrp/y. eft bien pauvre,
& qu'on y découvre moins, de moyens propres à
l ’animer, que l'on n'en voit clairement de contraires
: car l’impôt devenant trop confidérable ,
8c la manière de le percevoir trop rigoureufe.,
il en réfulte plus de mal-aife j la main d’oeuvre
enchérit, il eft vrai , mais ce n'eft ni à tems , ni
en proportion 5 & puis ç'eft le. plus grand obftacle
pour la concurrence , la chofe;donc la plus nui-
fible à l'induftrie.
S E C T I Ô N V.
Des revenus, des impôts -} des troupes & delà marine
de Tofcane.
On évalue les revenus. du .grand-duché de Tof-
cane, qui font verfés dans la caifle générale , à
onze millions de liv - , 8c les dépenfes à neuf
millions fix cents quatorze mille liv. D'après ce
calcul , l'excédent de la recette feroit d’environ
quatorze cents mille francs.
Nous préfumons que le grand-duc a cet excédent
après, avoir payé les intérêts des fournies
que .doit Tétât aux monts-de- piété : cette dette
envers les ïnôhrs - de - piété'eft aftèz ancienne , Sc
le grand-duc aéhiel a-pris de fages mefiires pour
le prompt remboürfement. On tire de tems en
tems aüjbrt les noms de quelques créanciers , 8c
il les rembourfe félon' que lé’ fonds d’amortiife-
ment eft .plu,s ou moins, confidérable > 8c s'ils
refufent £e paiement, on 'né leur paie plus que
trois:8c demi, ou, mêmé’ tqoisr pour cent.
Les-revenus du grand rdue viennent : i Q. De ce
qu'on appelle les décimé gran-ducali , qui con-
jiftent en une taxe fur la valeur des productions
•de la campagne i on fuit encore .l'ancienne efti-
matiôto-, on dit que cet article produit environ
qumzej cents mille livres. On peut confulter le
traité vraiment utile que l,e fecr-étaire Pagnini a
.compqfé fur ces décimes. 2,?. Du tefiatico, c'eft-
à- dire , de la capitation, à raifon de .trois livres
par tête de payfan. 30. 8c 4?. Du fel 8c du tabac, j
lorfque ces deux articles étôient affermés ils rem-
doient-environ deux radiions'fix cents fo i Xante-
neuf mille liv.-, déduction faite de fous les frais.
Le tabac qui n'ëft pas encore préparé , eft un des
objets qui rapportera le plus au fouverain. On Je
Tait vetfir en feuilles d e là Virginie, du B itfil,
de SaWiW wé, -Ori-lptépiare ;ces 'feuilies^dans les
cafcines au bord de TArno : .ân-Jes feic.fééhei»ap