
fe feront pas conformés à fa volonté. C'eft un
moyen alluré de rendre très-fériéufes des enquêtes
, qui ne font à préfent que de pures cérémonies
, & de convertir en févères examens ce qui
n'eft qu'un jeu. »,
Cette apologie eft ancienne , & nous avons crû
devoir- ta tranfcrire. Nous ne prendons pas la
peine de relever l'inexaélitude & la faufleté des
faits, des obfervations &des moyens qu'elle renferme.
V E N E ZU E L A ^ l'une des provinces de l’Amérique
. espagnole-
Alphonfe.-Ojëda reconnut le premier , "en1499,
le pays appelle Venezuela ou petite Venife } nom
qu'il reçut parce qu'on y vit quelques huttes établies
fur des pieux pour le-s élever au-deflus des
eaux Alignantes qui couvroient la plaine. N i cet
aventurier, ni ceux qui le fuivirent, ne fongeoient
à y former des établiflemens. Leur ambition étoif
de faire des efclaves pour les tranfporter aux ifles
que leur férocité avoit dépeuplées. C e ne fut
qu’en 15^7 que Jean d’Ampuez fixa fur cette côte
line colonie., & qu'il promit à fa cour une con
trée abondante en métaux. Cette alfurançe donna
lieu , l'année fuiyante, à un .arrangement allez
fingulier pour être remarqué.
Charles • Quint , qui avoit réuni un fi grand
nombre de couronnes lùr fa tête, & concentré
dans fes mains tant de puiflances , fe trouvoit en
gagé, par fon ambition ou par la jaloufie de fes
voifîns , dans des querelles interminables dont
,1a dépenfe excédoit fes facultés. Dans les befoins,
il avoit emprunté des fommes eonfidérables aux
Velfers d’Àugsbourg , alors les plus riches négocions
de l'Europe. C e prince leur offrit en paiement
la province de Venezuela , & ils l'acçep-
fèrent comme’ un fief de la Caftille.
On devoir croire que des marchands qui dévoient
leur fortune à l'achat & à la vente des
productions territoriales , établiroient des cultures
dans leur domaine. On devoir croire que
des allemands , élevés au milieu des min.es ,
feroient exploiter celles qui fe trouveraient fur
ht çonceflion qui leur étoit faite. Ces efpérances ;
furent entièrement trompées. Les Velfers n’em- :
barquèrent pour le Nouveau - Monde que quatre j
ou cinq cents de ces féroces foldats,• que leur
patrie commençoit à vendre à quiconque voüloit
îte pouvoir payer leur fang. Ces vils ftipendiaires
portèrent au-delà des mers le goût' du 'brigandage
, qu'ils avoient contracte dans les différentes
guerres où ils avoient fervi. Sous la conduite de
leurs chefs , Alfinger & Sailier, ils parcoururent
lin pays immenfe, mettant les" fauvages à la torture
, & leur déchirant le flanc pour les forcer
à dire ou étoit leur or. Des indiens entraînés ,
chargés de vivres, qu'on mafîaeroit à l’inftant
ou ils tomboient de fatigue , fuivoient cette
troupe barbare. Heureufement la faim , la fatigue,
les flèches enipoifonnées délivrèrent la terre de
cet odieux Fardeau» Les efpagnols fe mirent en
pofieffion d'un fol dont les Velfers ne vouloient
plus 5 & leur conduite ne fut guère différente
de celle qui yen oit de caufertant d'horreurs. Leur
commandant Carvajâl paya , il eft vrai , de fa tête
fes atrocités : mais ce châtiment ne rappella pas
du tombeau les victimes qu'on y avoit plongées.
De leurs cendres fortirent avec le tems quelques
productions, dont le cacao fut la plus importante.
Lé cacaoyer eft cultivé avec fucoès dans plufieurs
contrées du Nouveau-Monde. Il croît même naturellement
dans quelques- unes. Cependant fou
fruit- n'eft nulle part aufli abondant qu'à yzne~
\uda. Nulle part, fi l'on en excepte Soconufco,
il n'eft d’aufti bonne qualité. ,
Mais , pendant deux fiècles, les travaux de la
colonie ne tournèrent pas au profit de fa métropole.
Le commerce national étoit tellement fur-
chargé de droits , tellement embarrafle de formalités
, que la province trouvoit un grand avantage
à recevoir des mains des hollandois de C u raçao
, toutes les marchandifes dont elle avoit
bei’oin, & à leur donner en paiement fa production
que ces infatigables voifins vendoient avec
un bénéfice énorme à une partie de l’Europe ,
même au peuple propriétaire du terre.in où elle
étoit récoltée. Ces liaifons interlopes étoient fi
vives & fi fuivies, que depuis i’yoo jufqu'à la
fin de 17x7 s il ne fut expédié des ports d’Ef-
pagne pour Venezuela que cinq navires,qui , fans
exception 4 firent tous un voyage plus ou moins
ruineux.
Tel^ étoit l'état des chofes, lorfque quelques
négocians de la province de Guipufcoa jugèrent,
en 172.8 , qu'il leur feroit utile de fe réunir pour
entreprendre cette navigation. Le gouvernement
approuva 8c encouragea ces vues. Les principales
conditions de l'o&roi furent que la compagnie
.paieroit pour tout ce qu'elle voudrait env
o y e r , pour tout ce qu'elle pourroit recevoir,
les impôts déjà établis , 8c qu’elle entretiendrait
à fes frais un nombre de garde- côtes futfifant
pour préferver le pays de la contrebande.
Il fe fit fucceflivement quelques changemens
dans le régime de ce corps. On ne Ta voit d'abord
autorifé qu'à envoyer deux navires chaque année.
La liberté d’en expédier autant qu'il lui conviendrait
, lui fut accordée en 1734.
Dans les premiers tems , la compagnie ne
jouiffoit pas d'un privilège exclnfif. Le gouvernement
le lui accorda en 17 4 1.pour le département
de la Caraque, 8c dix ans après pour celui
de Maracaybo , deux territoires dont la réunion
forme la province de Venezuela » qui occupe
quatre cents milles fur la côte.
Jufqu’en 1744 / les vaifléaux , à leur retour
<3u Nouveau - M o n d e d é v o ie n t tous dépofer
leur cargaifon entière dans la rade de Cadix. Apres
cette époque , leurs obligations fe réduifirent à y
-porterie cacao néceffaire à Tapprovifionnement
de l'Andaloufie 8c des contrées limitrophes. On 1
confentit que le refte fût débarqué à Saint- j
Sébaftièn , berceau de la compagnie.
C ’étôit dans cette ville que fe tenoit originairement
l’affemblée générale des intérèfles. En i^ y i ,
on la transféra dans la capitale,de l'empire, où
tous les deux ans elle eft préfidée par quelqu'un
des membres les plus accrédités du confeil des
Jndes,
Les marchandifes étoient livrées à l’acheteur
qui en offrait un plus haut prix. Un mécontentement
univerfel avertit la cour qu'un petit nombre
de riches aflbciés s'emparaient du cacao, regardé
en ECpagne .comme une denrée de première
néceffité, 8c le vendoient enfuite tout ce qu'ils
vouloient. Ces murmures firent régler»en 1 7 [2 ,
que fans fupprimer les.magafins établis a Saint-
Sébaftien , à Cadix 8c ,à Madrid, on en établirait
de nouveaux à la Coro'gne , à Alicante , a
Barcelone, 8c - que dans tous, le cacao feroit dif-
tribué en détail aux citoyens, au prix fixe par
le miniftère., -
La compagnie obtint, en 17^3 , que fes actions
feroient réputées un bien immeuble f qu’on
pourroit les fubftituer à perpétuité , 8c en former
ces majorats inaliénables & indivifibles -, qui
flattent fi généralement la fierté ëfpàgnôle.'1 •.
Onftatua , en 17&-1 ,.que la compagnie avan-î
ceroit aux alfociés., qui je defireroient la valeur dç
feize avions i que ces effets feroient mis en de- ;
p ô t , 8c qu’ on pourroit les'vepdre , fi apures un
tems convenu le propriétaire ne les^ retiroit pàs.,
Le but de cette fage difpqution étoit de fecourir 1
ceux des intérçJïés qui aurpient quelqu’ embarras i
dans leurs affaires, & de maintenir par des moyens
honnêtes le crédit de l’affociation.
Par des arrangemens faits en 177^ ^ les operations
de là compagnie doivent s'étendre à Cü-
mana , à l'Orénoque, à la-Trinité , à la Marguerite.
On n’â' pas I il eft vrai , afferVi ces contrées
à fon thônopolè : - tii-àis les faveurs qu elle a
reçues foaç équivalentes;à un privilège exclufif.
Pendant ces changemens, les hommes libres 8c
les efclaves fe multiplioient à Venezuela. Les fept
cents cinquante-neuf plantations diftribuées dans
foixante-une vallées fortoient de leur langueur,
& il s'en formoit d'autres. Les anciennes cultures
faifoient des progrès , 8c l'on en etabliffbit de,
nouvelles. Lqs troupeaux avançoient de plu^ eü
dlcon.pol. & diplow^uique. Totru IV <k
plus dans l ’intérieur des terres. C'etoit principalement
dans le diftriét de Caraque que les ameliorations
étoient remarquables. La ville de cc
nom comptoit vingt-quatre mille habitans, la
plupart aifés. La Guayra qui fervoit a fa navigation
, quoique ce ne fût qu'un mauvais mouillage
, entouré d'un petit nombre de cabanes «
devenoit peu-à - peu une peuplade confiderable,
-8c, même une affez bonne rade , par le moye#
d’un grand mole conftruit avec intelligence.
Puerto Cabello , entièrement abandonne , &
cependant un des meilleurs ports de l'Amenque,
voyoit s’élever trois cents maifons. Eflayons de
démêler les caufes de cette fingulière profpent«
fous le joug du monopole.
La. compagnie comprit de bonne heure que fes
diccès feroient inféparables de ceux de la colonie»
8c elle avança aux habitans jufqu'à trois millions
deux cents quarante mille livres fans interet. La
dette devoit être acquittée en denrees , 8c, ceux
qui manquoient à leurs, engagemens étoient traduits
au tribunal du repréfentant du^ roi , qui
jugeoit feul fi les caufes du retard etoiént ou
n'étoient pas légitimes.
Les magafins de là compagnie furent conftam*
ment pourvus de tout ce qui pouvoit etre utile
au pays', conftammént' ouverts a tout ce qu il
pouvoit livrer. De cette manière lès travaux ne
languirent jamais faute de moyens ou par defaut
de débouchés.
La valeur de ce que la compagnie devoit vei>
dre , ;la valeur de ce qu'elle, devoit acheter ,. .ne
furent pas ,abandonnées à la rapacité de fes agens,.
Le gouvernement de ia province .fixa toujours
Je pr.ix.de ce. qui arrivQfid'Eu.çope ^Sc uné af-
fêmbiéé compofée des àdmiriiftra'teiirS ,.dés colons
;ôc des faéleur^ , décida toujours du; prix des
produirions du fol.
’Ceux des habitans du Nouveau^ Monde qui
ri-étoient pas1 eôntfens de ce>qüi étoit réglé, eurent
la liberté d’envoyer d’ans ^l’anoien j 1 pour leur
propre compta, la fixiemè partie : de leiars récoltés
, & d'en retirer lefprpduit en marchandifes}
mais toujours fur les navires de la compagnie.
” p ar ces arrangemens ;ie çtiltivateur fut mieux
réeorapenfé de : fes'Tueurs , qu'il ne l'avoit été
au tems du commerce interlope. C e nouvel ordre
de chofes ne fut-téellemerit funelle.qu’ à un petit
nombre d’hommes incrjguans 3 adlifs & hardis ,
qui réuniffoieBt à. v il prix dans leurs mains les
piodd&ons'du pays , pour, les livrer à un prix
beaucoup plus cçnfidérable à _ des navigateurs
étrangers du même caractère qu eux.
Le nouveau royaume de Grenade, le Mexique.
quelques ifles d’Amérique & lesCanàrleSj etoient
(ija s l’ufjge de tîrsx d î Vcneiuela^uneçimc drj