je monte es deux 5 ou que je defcende en enfer 3 Dieu
vrayement là eft, 8c par eflènce, 8c par prefence, &
par puiflànce. Que veult donc dire ce qu’il me commande
, convertir à luy en jeunes ? 8cc. Renonce :
que celle çonverfion à Dieu n’ell mie à entendre cor-
porelement, mais efpirituelment : Itaque, ‘ Dieu nous
commandé que nous nous convertilîîons à luy, non pas
de corps, ou félon le lieu corporel 3 mais de coeur,
8c félon le lieu cfpirituel. Converüfflex, vous , diftil,
a moy, de tout voflre coeur.
On feijlt dire que là efl là perfonne, là où elle a ‘
fon coeur, fonamour, 8c fon affeétion 3 Etpoiyrce, *
fi comme la perfonne, quant indeuement, 8c contre
les Commandemens de Dieu, le adhert par amour 8c
affeélion, 8c ainlî que du tout le donne aux choies
temporelles, comme aux voluptez, 8c defirs charnels,
ou à amaflèr or, ou argent, 8c richelîès mondaines
, ou à acquérir 8c defirer les honneurs de cell
monde....... vay nés 8c volages, ou à femblables choies,
elle adoncques cil ditte loy départir 8c feparer de Dieu,
8c Dieu d’elle, & c’ell icy grief departement. Ain-
ly par le contraire, quant la perfonne laifle les oeuvres de
T ennemy, commençant faire oeuvres de lâinte pénitence,
comme font deteller fon pechié, plorer 8c gémir
de tout fon coeur lex maux qu’elle a fait 8c commis,
l’offence qu’elle a fait à Dieu fon fouverain Seigneur
8c les biens qu’elle a perdu par fon pechié, 8c
qui eft l'ymage & (êmblance de Dieu, & quant à la
raifon, ou à l’entendement, vie quel pechié obfcure
£c aveugle; & quant à la voiilentè, la quelle pechié
deprave, & corrumpt, & débilité, fiait rubigo.fer-
rum, & vtdmts membrum famm; & auffi quant à la
fenfuahté, la quelle pechié attrait & encline aux mau-
vailes delectations, fient votas ydtapieiim. En oultre,
la voyede pechié eft difficile & moult laborieufe; car
elle eft plaine de laz & trébuchez de l’ennemi d’enfer,
par les quels toft on trébuché d’un pechié en autre
comme dit Saint Grégoire; Peccatttm qttodpoenitentia
nondiluitj ipfî Jko pijndefèpnox àd aliud trahit. Elle eft
auffi moult dommageable, &perilleufe; carellemor-
tifie les bienfaits fient paralifis membrum : elle amorti!!
les oeuvres que l'on fait : fient gelu frutîitm : car
quelque choie que face la perfonne, eftant & demo-
rant en pechié mortel, ce ne lui proufite point quant
confecutiornde la vie perdurable; car l’oeuvre faite en
pechié mortel, elle eft fans vie; car elle eft làns charité,
qui eft à vivifier toutes nos oeuvres. Pour ce
difoit l’Apoftre : Si diflribmro &c. i . Cor. xm. a
Bien eft vray que aucunes oeuvres faites en pechié
mortel, valient a plufieurs autres choies, c’ell aflà-
voir ou à aucun bien temporel, ou à remiffion de pai-
ne temporelle, ou auffi à pluftoft avoir en’ foy dilpo-
fition fuffifanteà grace & charité, & à plufieurs autres
telles chofes^ puent bien valoir. Et pour ce. l’en ne
laiffié à faire, avec bon propos de non rencheoir en B doit mie laiffier à fijire bonnes oeuvres, combien auffi
pechié, félon.fon pouvoir, & de foy confeffer en
temps & en lieu, félon le Commandement deDieu&
de l’Eglife: lors elle eft ditte foy convertir & retourner
& approcher à Dieu & Dieu à elle ; & de“ telle
conv.erfion parle le Prophète Ofeas ; Convertere JJrael
ad Dominant Deum tuum , ejuoniam corruifii in iniquitate
&c. Ozeæ XIV. z , O peuple d’Ifraël, dit i l , converti
toyàton Seigneur & Dieu; car par ton pechié
tu te as trcbuchié & feparé de l ’amour de lui.
Celle maniéré de parler nous avons fouvent en ulâ-
ge fi commune, quand on dit d’une perfonne aliénée
de fon fens, par maladie ouaultrement, qu’elle n’eft
raye bien à foy, qu’elle eft hors de fon fèns, ou hors
elle : & apres, quant la paffion, ou la maladie lè diminue,
on dit qu’elle revient à foy : ainly énoftre propos
, quant la perfonne apres ce qu’elle a pechie, fe
met & tourne à bien faire & à avoir defplailâhce de ■
là vie paflee, elle le convertit, fit fe retourne à Dieu
fit Dieu à elle, fit par ainli acomplit le Commande- C
que la perfonue feeuft, qu’elle feuft en pechié mortel:
ainsfedoit, toudis, efforcier de bien faire, pbur
les caufes deffus dittes. En apres la voye de pechié
eft moult perilleüfe; car elle empefehe à venir â la
fin pourquoy l’omme eft c ré é , c’eft à fçavoir , à
cognoiffig fit aimer Dieu, St à le louer 8c glorifier
pardurablement avec les benoifts Anges de Dieu, fit
en oultre elle mainne à mort 8c perdition 8t tourmens
perdurables: juxtailludMatthæi xxv. 4 1 . Jtemale-
dtcli in iynem aternum.
Doncques, Chreftiennes gens, comme ilfoitainli
que la voie de pechié eft tant orde fit boeufe, com-
med iteft, tant difficile)fit laborieufe, fit tant damp-
nable 8t perilleüfe, laiflbns la donc ; & tantoft, 8c
de tout noftre coeur conveitifTohs nous à Dieu, qui
eft la voie de tous biens & 'd e toute joie fit de toute
confolation; car fe maintenant nous ne le foifons
quant foire le pouons; apres la mort nous ne nous
convertirons mie, car foire nous ne le pourons: mainment
de Dieu difant par le feint Prophète Joël
Convertimim àdme fitc. Es quelles paroles , pour noftre
inllruétion , font briefvement touchées deux
chofes, La première eft , que nous nous devons à
Dieu convertir tdft, & cordialment. Comiertminiad
me in toto
devons faire en jeune, en pleurs, 8cengemiflèmens,
quia fùbditur, injejunio, fletu & planSlu. Je dy premièrement
, que nous nous devons convertir à Dieu toft,
8c cordialment : car ainly le nous commande-il, difent:
Convertimini ad me : quafi dicat. Vous qui par l’en-
hortement de l’anemy d’enfer, du monde, 8c delà
char, elles fourvoies ou chemin de mort, 8c de toute
perdicion, retornés à moy, qui fuis la bonne 8c
vraie voie, 8c vie de l’ame. Ego , inquit Dominus, j ) en pleur, 8c en gemiflèment,
fum via, veritas & vit a. Joan. xi v. 6. Retournés Mais, par aventure, aucun me pourra demander:
donc 8c venes à moy, 8c ne veillés plus continuer ce- ............M ^ ' ‘ " '* —
lie miferablé 8c damonable voye de pechié : car certes
elle eft très orde, 8c moult laborieufe, très dom-
mageabla, 8c moult perilleüfe.
On feult dire, que de mauvaife voye fait il bon
retourner : nous voyons que quant une perfonne a
commencié aucun chemin, s’elle aperçoit qui foit ort,8c
laborieux, dampnable, 8cpérilleux3 tantoft 8c vou-
lentiers elle retourne, s’elle peut, 8c prent autre chemin.
Or ainli que la voye de pechié eft orde, 8c ab-
hominable $ car elle ordoye & entache du tout l’amc
tenant les grâces font ouvertes, 8c pour ce il eft temps
que nous, qui avons enfui les voies abhominables de
pechié} les aucuns l’orde 8c foullye voie de charna-
lité} les autres l’ardente 8c angoilfeufe voie de cupidité
, ou convoitife} les autres la vaine 8c volaige
tftro. La fécondé eft, que ce nous , voie d’orgueil 8c de pompeufeté : il eft temps, di-je
une.oleurs.8cenpemiltempn*-que nous ainlî defvoiez, retournions à la bonne voie
de continence, 8c de nette chafteté, quant au premier
: à la bonne voie de fouffilânee 8c de vraye charité,
quant au fécond: 8c à la voie d’obeilTance 8c de
vraye humilité , quant au tiers. Et ainfy nous accomplirons
le Commandement de Dieu, qui tant ju-
ftement nous commande que nous nous convertilîîons
a luy, de cueur, 8c entièrement, en jeune, 8c
comme il foit ainlî, qui je qui fuis trebuchié en lafof-
fe de pechié , ne me puis relever par moy, 8cparain-
fi ne me puis dignement convertir à Dieu-, comment
me commande Dieu, &mefmement foubs grans menaces
de paines, que je me convertilîè à luy.
Apres vendra un autre, 8c me dira, j’ay expofé,
foüillié 8c degafté toute ma jeuneflè, 8c toute ma vie,
en mauvaifes oeuvres de tous pechiés, comme en
mauvais 8c abhominables delis de la char, en ravilîè-
mens des biens d’autri, en desfraudant mon prochain
par toutes manières que j ’ai feeu 8c peu, en homici-
* des,
des, en adultérés, en blafphemes de Dieu ; 8c briefvement,
en autres condamnables maniérés: 8c comment
me porroy-je convertir j comment me porroit
Dieu aimer, quelle elperance de lâlut puy-je avoir?
Il vault mieulx, puilque j’ay commencé, que je continué,
ou que je laylîè tout aller ainly qu’il porra aller.
Outre plus, vendra un aultre qui dira, bien eft
vray 8c allez je le confellè, que Dieu eft tout piteux
8c milèricors, 8c pour ce quant je me vouldray convertir
8c retourner, il me reçevravolentiers,*8c par-
donra tout, 8c en cecy fe fira: pourquoy doncques,
dira-il, ne me puis esbattre en ma jeuneflè ung petit
de temps, 8c ulèrà mon plailir des voluptés 8c de^
lices de cette prefente vie} 8c quant je lèray ancien,
lors .je me porray convertir à Dieu 8c laiflîer les oeuvres
de jeuneflè ?
Pour refpondre à ces très foies demandes, je de-
clareray trois conliderations, par maniéré d’enfeigne-
mens.
La premiere eft telle. Combien que làns la grace
8c elpecial ayde de Dieu, nul ne fe peut dignement convertir
à Dieu, cecy je repute notoire 8c tout déterminé
par la fainéle Elcripture, 8c par les lainéls
Doéteurs, contre Terreur Pelagienne. Neanfrnoins
Dieu raifonnablement nous commande, que nous qui
par mauvailès oeuvres l’avons offenfé, laiflîé 8c relan-
qui, nous nous convertilîîons à luy parfaintes oeuvres
de penitance : car ainlî comme il appert par la làinéle
Efcripture 3 8c aulîî tous les lainéls Doéteurs le tef-
moignent, Dieu par là grace infinie, 8cmilèricorde,
8c bénignité eft toudis preft de nous aidier 8c relever,
tant l’aions.offenfé, tant foions par tout cheuz en la
fofîè de pechié} 8c de nous promouvoir à tout bien,
mais que feulement nous le veillons enlùir, obtempérer
8c confentir à lès bonnes 8c làinétes infpirations 8c
promotions 8c enhortemens eternels, par les quels,
8c par plufieurs autres maniérés que dit eft deflùs, il
ne ceflèdenous exciter, émouvoir 8c enlèigneràtout
bien. Ego, inquit, femger fum ad ojiium &fulfo. Apoca-
lyplîs 111.20. Pourtant, lè nous ne donnons noftre
conlèntement à là grace 8c milèricorde que ainli
nous promet, 8c lè nous ne Tenliiyons, lè nous ne
nous donnons nous meilmes, fenousnemetonslamain
à nous aidier, comme il foit ainli que il veult que ainli
nous foifons. Certes raifonnablement 8c juftement
il nous punira, & pource appert la dampnable pre-
fumption d’aucuns mondains, qui ore facrilego aulènt '
dire que Dieu generalement ne veult mie nous tous
eftre làuvez, 8c que à aucuns il donne là grace, 8c aux
autres non, & ainlî qu’il eft accepteur despérfonnes:
car comme il foit en là puiflànce aulîî bien convertir
generalement tous, fi comme il convertit les aucuns,
ôc de donner aulfi grant grace à un comme à autre,
fi comme à Judas, comme il fill à Saint P o l, ou à
Saint Pierre} pourquoy donc ne le foit-il ?
Ces queftions ou femblables ont accouftumé foire
les plufieurs de ce monde, les aucuns parcurieufité,
8c- que plus eft, par maniéré de derifion, & cels ne
puent eftre contentez, 8c ce n’eft point merveille :
car ils ont l’oeil de l’entendement "trop obfcur} 8c
pour ce ils- cheent dedans innumerables erreurs : les
autres le font aucune fois par maniéré de recreation,
8c pour plaire, information 3 8c contre tels je ne parle
point, ne je ne les veil point reprimer; mais toutes
vôies, que ce on foce, toudis, en deüe reverence de
la Foy 8c en bonne humilité , cum camivitate intelle
üûs in obfequium Cbrijii. Mais je débouté 8c reprime
bien les premiers, contre les quels je mets trois
propofitions bien briefves.
L a premiere eft, que ceux qui font telles interrogations,
8c telles demandes, reputansen elles grandes
difficultés, 8c ne peuvent eftre contentez, ne peuvent
dy-je, car ils ne confiderent mie en deüe reverence 8c
bonne foy la fouveraine feigneurie 8c plaine domina'*
Tomi I I I . Fars I I I .
tion de Dieu fur toutes fes créatures, la quelle certes
eft très grande 3 que fàns quelconque injuftice, fans
nulle crudelité , il peut d’icelles faire tout fon bon
plaifir, en les anichiler, ou les punir éternellement.
Pour ce difoit le Saige Salmon Sap. xii. 12. Quis
tibi imputabit, Domine , f i per ter int omnes nationes quas
tu fecifti ? Et paulb poft fubdit : 7 # Domine cum
fis ju fh u , jufiè omnia dtfponis. f . xv. L e defoult de
ce principe de noftre Foy eft caufe que les deflùs dis
L cheent en erreurs intollerables contre noftre Foy : 8c
la caufe de ce deffault eft , car ils confiderent Dieu
comme ung Prince mortel, obligié aux Loys créés 8c à nous debteur , tellement que fi foit foppofite,
il foit injuftement 8c cruelment : 8c certes c’éft fignp
de grant ignorence des feintes Eferiptures, ou de fî
grant orgueil 8c prefumption , ou defoult de bonne
foy 8c de bonne humilité.
La fegpnde propofition eft, que Dieu ne foit, ne
punit quelconque créature raifonnable fors pour fon
pechié ou démérité, ne à nulle perfonne ilfouftrait fe
grâce, fors pour ce qu’elle ne fe veult convertir à
Dieu, ne obtempérer à la grâce Divine, qui ne ceflè
l’inftiguer, promovoir 8&>exciter à bien, quant eft en
foy, fi comme deflùs j’ay defelaré.
La tierce propofition eft, que lavolenté de Dieu eft
la première 8c la fouveraine réglé, ou L o y , par laquelle
toutes chofes font réglées & adreciées 3 8c pour
; ce toutes oeuvres, L o y s , 8c Ordonnances qui ne font
conformes à elle, mais font contraires, ne font ne
belles, ne bonnes, nejuftes, ne raifonnables, ne à
acomplir : 8c de ce appert que defraifonnables font
les queftions que font plufieurs : pourquoy a voulu
Dieu creer celle ame, quant il favoit bien qu’elle fe-
roit dampnée 3 pourquoy a-il donné à Saint Pol la
grâce qu’il lui a donnée, 8c non à Judas, ou à plufieurs
autres. Certes ces queftions icy ne font point raifonnables
3 car elles querent caufe de la volenté de
Dieu, qui eft la première 8c fouveraine caufe. Et ce-
cy je pourroye déclarer par exemples 3 mais je les laife
fe pour bref 8cc. Et briefment à ce doit fouffire
l’exemple de TApoftre ad Rom. ix. cap. de figulo, qui
de una maffia terra façit unum vas, & non aliud ; ficili*
cet facit aliud de una maffia terra : cui fatutrm effet pe-
tere, cur de ifla parte terra facit iflud vas, & de ifia
aliud. Donc qu’il foit ainfi, que Dieu, fens com-
paraifon, ait plus grant Signorie fur toutes creatu-
; res, que ne peut avoir le potier lùr là terre : il s’enfuit
bien que foie 8c iraifonnable eft la queftion où on
demande pourquoy Dieu a ce , ou ce voulu foire, 8c
non pas cecy, ou cecy, 8c à tant je fois fin de la première
confideration.
La fegonde confideration, pour rendre à lafegon-
de demande eft telle, quæ nulle perfonne, tant foit
plaine ou entechié de pechiés ne doit pour le tamps
de celle mortel vie fe defefper de la grâce 8c miferi*
corde de Dieu pouoir obtenir toutesfois 8c quantefo
fois elle fe vouldra convertir à Dieu par bonne contrition
8c defplaifance de fon pechié: quar, certes,
toudis eft Dieu puiflànt 8c a les bras de fe grande mi-
fericorde eftandus pour nous benignement recevoir à
mifericorde, toutesfois que nous vouldrons à luy retourner
humblement 8c dévotement.
De celle vérité nous avons innumerables exemples *
c ’eft aflàvoir de David, que Dieu receut à grâce, quant
> il eut coiifeflë fon pechié qu’il avoit commis contre
Vrye fon bon chevalier. Item 8c de Ezechie, à qui
Dieu adjoufta quinfe ans à fe vie, pour ce qu’il fe
retourna 8c converty à luy, en recognoifîànt fon mef-
foit. Item 8c de celle très femée pechereflè Marie
Magdelaine. Item 8c du fouverain Pafteur de l’Eglife,
Monfieur Saint Pierre, 8c duDoéleur de TE-
glife Monfieur Saint P o l, qui tant cruelment avoit
perfecuté l’Eglife 8c le nom de J. C. 8c neantmoins
Dieu Tappella 8c le reçeut à fa mifericorde, ôclefift
H h h h h fon