ctyrdis os loquitut, Matth, xii. 34. de habundance de
euer la bouche parle : & le puet ycy prendre parler
pour toute maniéré de chanter, foit ou euer Toit dehors
le euer j Toit de la bouche , foit de tous lignes
le , jQuacumque hora audieritisfonitum tuba. ^fiftuU
cithara, fambuca, pfilrêrii, & fimphonia omnèque genus
muficorurn, &c. Daniel. 111. f . Sy povôns par la
confideracion defes neuf maniérés de mufique , ailes
correlpondenment aux neuf mufes poétiques, entendre
par dehors, qui fo forment par armonie, ou mufique,
pour lignifier l’abondance du euer en joye, ou en do-
lcur; en efpoir ou en paour -, en pitié Ôc en amour.
Si eft à fçavoir que la eaufo materiele de tous lès lignes
par dehors, puet dire ditte la lettre de toutes les af- ------------v : - — ----------------, — ----------------------------- I— ——— „*¥JU5
ferions defilis dittes, ôc plus appropriement une let-A ôc efpirituels, qui le font Ôc forment dedens le euer.
ôc appliquer toute,la manière de louer 6c de magnifier
Dieu , lèlon que la foinéte Efcripture en fait
tant diligenment Ôc fouvent mencion, en ufant de ces
exemples materiels, en la moralité des chans divins
: fert à aucuns cantiques, ou inftrumens de mufi
ques, que lîautre : comme par exemple, la tierce des dix
Commandons , fort au Pfalterium comme à fos dix
cordes de hault en bas g: prima minucia foptieme note,
la lettre du Pfiltërium Adoure ung Dieu. N e jure en
vain. Garde les folles. Tes parens aime. Fuy murtre.
Luxure, embler ^ mentir. Fuy convoitier. Fuy fol de-
fir. La lettre de la harre Dieu , Paradis, aumofner,
orer, jusner, confeflèr, la mort, purgatoire, enfer,
pechié. La lettre du cantique Gloria in excelfis Deo^&c.
L a lettre d’une . . . occuritte-adjudicium filva-
toris. La lettre de la harre fe prent félon dix confide-
racions qui fervent à penitence de bas en hault ; la
lettre de la trompette , ou buttine , fo prent felon la
diverfitédes offices de buttine, maintenant, ôc anciennement
: car les aucunes fo fonnent pour efmouvoir
à la bataille 6c deffenfo, 6c à faire le guet -, les aultres
Loquentur mutno corda exultdcioriis Dei in gutture.
M. Donne plus à plain l’entendement de celle ap-
plicacion ou Canticordum : quia rudis fum corde.
S. Vecy comment: L e leCuerpenfe aux dis Com-
mendemens delà lo y, 6c prent fa joye en Dieu, que
de fa grace il les garde bien fons trepafièr , lors il
chante comme ou Pfalterium > ôc fo il fo deult de ce
qu’il ne garde pas fi, bien ou à garder fos dis Commen-
demens comme il vouldroit, ou devroit, fon chant
cordial ou moral fo fait en la harpe de penitence, &
par aillly fo joingnent Pfalterium jocundum cum cithara:
P f l x x x . 3 .ôc elt ycy comme fo le chant du roflignol,ou
de l’aloue s’accordoit àu foufpir ou gemifièment delà
tourterelle , ou du coulon •, Sic concordat philomem
turturis Jufpirium. Veulx tu jover mufiquement, de
la luterne, ou de la trompe, penfe aux jugémensde
Dieu, à la voix, 6c note de grant paour, ou par bon
on fonne pour lignifier jullice ôc jugement, ficut in ft efpoir joue des trompettes d’exultacion, en memoire
novijfma tuba, 1 Cor. xv. f l . Jitrgite mortuiXes aultres on
fontie pout lignifier 6c denoncier les folles 6c folemnitez
buccinate, & c .P f lxxx. 4 ......... les aultres fe fonnent
pour faire les aflèmblées en la ville ou cité : les timbales
que nous dilbns les' cloches, ou clochettes, on
fait lonner pour l’une des fix caufes : pour Dieu louer,
pour, le peuple appiller, pour leClergiéaflèmbler, 6c
pour les mors plorer , pour la tempelle débouter,
pour les folles honnourer.
Les orgues on fonne en fainte Eglife pour telles
caufes 6c fignifiance, 6c felon telles notes, comme le
chant vocal fe fait ou Cuer , ou Chanteau, que nous
appelions Chorus : ÔC dehors l’Eglifo ung tel Chor ou
Chorus fe fait en danfer ou trecher Tripudium ou ca-
roler, Corea, les mufettes, chalemies, 6c tybres, 6c
bônbardes, 6c fillules , 6c cornes de cor, 6c tels inftrumens
qui fonnent en foufflant de la bouche } ont
pour la lettre ou matière les diverfes caufes ou fins
de la folemnité de gloire, en la cité de Paradis, Vbi Jim
Utantium omnium habitacio eft in te. Pf. xxxvi. 7. Se tu
pries Dieu en humble 6c doulee devocion, tu joues de la
doulcaine ou de bas inftrumens mufiquaux , fbient
de cordes ou de fillules , comme en ta chambre fe-
crette -, mais quant tu penfes aux folennités publiques
de feinte Egliîc, 6c aux fix caufes defliis dittes, pour
les quelles on fonne les cloches 5 tu fais le femblable
miftiquement dedens ton cuer , foit en jo y, foit en
doleur. Pareillement dirions nous des aultres manières
des fons mélodieux, qui fe rameinent à trois , felon
Philofophie 6c experience, car tout chant mufi-
cal fe forme ore , pulfu , flatu : par chanter de la
bouche ou pour touchier 6c frapper en quelconque
maniéré que ce foit, ou par fouffleren maintes guiles.
O r vois tu bien que non fens caufe la feinte Eforip-
ture, par elpecial lepfeultier, en horte tout cuer depour
lcfquelles on les fonne, foit en paix, foit en ba- ç vot former fon Canticordum par la fimilitude des inr
..... -- ftrumens de par dehors. Dieumelmement en parlant
de la Reliirreélion J. C . en ufe, felon les Doéleurs en ce
pfeaulme ÿExurgegloria mea Exurgepfalterium & cithara
refpond le fils, Exurgam , diluculo. P f lv i. 9. Jhefu
Crift quant à la divinité eftoit appellé le chant du Pe-
re , 6c fe gloire } 6c quant à l’efprit il eftoit nommé
Pfalterium decacordum , de dix cordes 5 ôc quant au
corps palfible, il eft diot Cithara, harpe: pour ce
quant nous, honnorons J. C. nous faifons ce que dit
David Bonum eft confiteri in Domino, &c. P f xci. f.
fequitur. Pfalterio cum cantico in cithara. ÿ. 4.
M. Par ta foy cuer feulct, comment cuides tu que
celle matière foit peu plaifent ou fevoureufeauxeuers
mondains, tels que moy, ce n’eft que une vanité le-
giere 6c vulgaire felon leur jugement, de dire que
Dieu vueille eftre loé par telles meneftraudies , &
quant ils voyent en painture que les Angels des cieulx
Cantemus Domino 2 1.D jouent de tels inftrumens , cecy ne les efmeut point
' 1 à quelconque devocion , mais plus les tourne-on a
moquerie 6c à derifion : car ils feevent bien que Dieu
6c fos Saints ne fo deliélent point en tels fons materiels,
de harpes, ou de tabours, ou de mufes, ou de clochettes.
Sicut non eft regnum coelorum efca & potus,
Rom. xiv. i j . f t c nec muficorum carnalium fonus.
S. A bon droit reputent ainlÿ les cuers mondains
pour ce qu’ils ne fe feevent ou veullent efieuer du
chant materiel par dehors au chant cfpiritucl par dedans
taille,’ foit aux noces ou confrairies, ou es convois,
foit aux obfeques de mors , comme on fouloit faire
anciennement, 6c l’Evangile en parle In fufeitatione
jilia uirchijhagogi ÔC comme- die cantabatur tibiis aut
fiftulis imparibus la . . . que nous povons autrement
dire doulcaine. On puet appliquer à l’oroifon
delà Patenoftre, 6c des fept pétitions en icelle, fcrie-
ment, doulcement, humblement 6c dévotement,
fimphonie qui fe fait en fonnant les cordes des inftrumens
autres que dit eft, comme vielle, citotle, efchan-
guier, rote, guiterne, rebebk. On joint fouvent à
chanter de g e î t , comme de Rolant, ou de Olivier,
6c fo varient felon la matière des hiftoires qu’on chante,
ou recite j le tympane, qui autrement fo dit bedon,
tabour ou naguaire. On fouloit foniïer anciennement
es caroles ou danfes, ou trefehes 5 il apparut
quant Marie four deMoyfe Cum tympano ducebant chorum
■ CantemusDomino gloriosè Exod. xv. Z l. E t de prefent
cncores les gens de villages ou d’umble eftat le font.
A ce tympane ou bedon, fo joignent toutes manières
de gefticülacions ou jubilacions, ou exultacions, qui
fo monftrentes perfonnesenfeignées par dehors, comme
font ces baftelleurs 6c ceux qui trefehent ou dan-
font, ou mainnent les piés j 6c les aultres membres
en maintes maniérés.
De ces inftrumens mufiquaux eftefeript en Daniel,
quant Nabugodonofor contraignoit adourer fon y dodans
le cuer : Car s’ainfy le (çavoyent & vouloyent
lâire, à l’exemple des faints Prophètes, qui parleurs
fais &'elcriptures monftrerent & enfeignierent telles
maniérés de loer Dieu; tout leur fembleroit très bel
& très bien ordonné. Pour tant nous eltudioqs nous
ramener toutes les choies corporelles au fens elpirituel.
Sicut Deus èjl Spiritus & ttdorandtts eji in Spiritttdf ve~
ritatè. foan.1v.z4.
M. Raifonnablement & proffitablement celle re-
duâion fe doit enlêigner & faire, pour oller les erreurs
des foies ymaginacions des cuers beftiaux, &
mal apris; mais je te demande pourquoy on ne alïïgne
plus ou moins de notes ou de voix que cinq , lelon
de le loer : puis dit, Laudate eum in virtutibus cjus^ p. z
JL.oes Dieu en fos vertus , nous entendons les Angels
des neuf ordres, 6c les Jherarchies : qant a la tierce
eaufo ôc lettre de loer noftre Seigneur qui les a fàii
tant biaulx 6c tant parfais, 6c comme fens nombre > Qua
fapientU ejus non eft numerus-.Pf GXLVi.f .pus quartement
dit , Laudate' eum fecundum multitudinem magnitudi-
nis ejus, ceft à enclorre tout le monde, tant qu’il eft
grant, 6c toute fe vertus nature 6c perfeélion. In-
vifebilia Dei per ea qua f alla funt Rom. 1. 20. & put-
chrum pulcherrim us ip f mundum mente gerit , fmiliqué
imagine format a imagnitudme fpecie & creatura.
M. Bonnement je me commence de plus en plu»
les cinq vocales correfpondens a cinq notes de la main, ^ ouvrir les yeulx de mon cuer en hault, 6c entendre
ou game, Vt^ Re, M i y Fa, Sol J Le
S. Je refpond que cuer tout chant cordial fo pour-
roit ramener à une feule voix, qui eft la Voix de charité,
d’amour, ou de pitié: on le pourroit ramener
à deux voix, joye 6c doleur5 puis à quatre ou cinq,
comme nous avons fait > puis à doufe, felon la tradition
des Philofophes. Mais la moyenne maniéré que
nous tenons femble plus expedient, de ramener tout
à cinq voixj car à chafeunes d’elles fe reduiflènt plu-
ficurs particulières voix 6c nottes d’affection, qui fo
nomment par divers noms, Propter diverfas connuta-
ciones. L a voyx de joye fe nomme aultrement lccf-
fe,* volupté, jocundité, hillarité, alacrité, 'liquéfaction,
deftèétion, par joye ebrieté, fecieté, transformation,
faulter, regracier, loer, glorifier, manidedans
moy. Intelligere intus, lege le fons efpiri-
tuel de celle lettre de tout le monde, 6cd’autant plu»
me plaift , Ôc-congnois ce que on dit, Coram cum
Chrtfto ludens in Orbem. O r dy des autres trois ver-
fets, Laudate cumin Jon» tuba. 3.
S. Souviengne toy de ce que nous avons parlé de
la diverfite des inftrumens de mufique , 6c des neuf
Mijfes, qui fo ramènent à trois. Dit premièrement/«
Jono tuba , ou fon de la trompe , ou luétine: puis
joint In Pfalterio & cithara en Pfalterium ôc harpe:
puis joint In tympano & choro , ou tympane 6c en
dance , ou trefehe ou gefticülacions des mains , des
pies, ôc de tout le corps \ ou en ung commun accord
de diverfes voix, comme ou chancel dè l’Eglife, ou
en ronde barole : puis joint In cordis& organo, f . 4. par
fier, benii. L a voix d efpoir que nous prenons icy g lefquels mots il comptent toute la mufique quifcfongeneralment
pour defir, fo nomme tendence, expedition,
foim, foif, ardeur, hardieflè, jaloufie, emulation,
foufpire, concüpifcence. L a voix de pitié
fo nomme aultrement compaflion , miferacion, mi-
fericorde,. mittité, ou débonnaireté , manfuetude,
bénignité, libéralité, munificence , humanité, de*
mence, benivolence.’ La voix de paour fe dit aultrement
fuy te , defperacion, pareflè, efpouventement,
admiracion, erubefcence, vergoigne, horreur, ref-
verie, trépidation, formidacion, abhominacion, nauf-
cacion, ennuy, refilicion dedans foy , ou exilicion à
chofe qui peut aidier à fe neCeffité. La voix de trine
par cordes quant on les touche, vielles, guitemes
ôcc. 6c toute celle qui fo foit par fouffîer , nommec-
ment en orgues , ôc generalment ou toutes fiftules,
6c tibies, 6c mufettes : puis joint deux maniérés de
timbales ou cloches, les unes de grant fon, comme
es Eglifes, le s aultres de plus ddyé fon , ep jubilation
, ainfy que on fonne le quarriiion , ou comme
en aucuns horloges font clochettes1, felon le#chant
d’aucunes profes; 6c à bien confiderer, tout le monde
n’eft que ung tel horloge. Conclud David à la par fin,
Omnis Spiritus laudes Dominum. P f c l . 6 . Toute rien»
. * - ------ qui refpire loe noftre Seigneur : cy nous eft mon-
Itene s appelle aultrement contrition, doleur, hayne, ^ ftrée la tierce efpece de mufique , qui fo foit 6c fbr-
deteftacion, envye, cruciacion , torfion , plainte, me par la bouche en chantant de là voix , qu’elle foit
lamentacion, rugifièment comme les lyons, gemif- d’ommes ou doifillons, 6c plus eflevement en efpirifemens,
langueur, ululac:
M. T u monitfes, bien o cuer foulet, que tu n’es
gueres en befoignie , 6c que tu es bien de loifir: tu
ne fees pas bien comment il me va de mes afin ires,
T ujî hic f s aliter feneïas, Non pour quant je voul-
drorn bien que tu me monftraflès par exemple dedans
le Pfoultier, la maniéré de trouver 6c appliquer ces
cinq voix aux notes du cuer , en aucuns Pfoulmes,
car a treftout congnoiftrc je ne pourroye vacquer de
prefent. D y moy aufly pourquoy font ordonnés tant
r Par ^e^ors 1 puifquc le chant du cuer"
iouffiroit, 6c fons fon chant profitent peu lesaultrcs:
wiais qui plus eft, l’empefohent fouvent, Quiapluri-
*us intentus minor eft ad fngula fenfts,
S. A bon droit ne quiers tu mie , que foit expofé
appliqué tout le Pfoultier à c es cinq voix, ou notes
cordiales, jçour le prefent} car à peine foufïiroitung
jour entier a expofer l’un des maindres Pfeaulmes}Com-
«îc par exemple le derrain Pfeaulme, contenant cinq
Veiicts, Laudate Dominum in S an SU s ejus. P f CL. à la
tuauîte fo ramène ce chant ou chant de gloire, félon
ce que dit J faye en fainte Eglife, Chérubin & Séraphin
incejfibili voce proclamant Saniïus, SanÜus , Santtus, &c.
Ifaia. v i. 3. E t c’eft icy proprement le chant de la haulte
game,au quel chafcun cuer raifonnable 6c intelluélual fc
doit cftorcier 6c tendre «1 y venir, felon le donde Dieu :
car le chant de la baffe game eft plus approrié à la
harpe de penitence, 6c devotion} le moien au Pfolte-
rium de joye , 6c fpeculacion : mais ce hault chant
qui eft de gloire pulciative, convient à unifon de gloire,
Ôt parfaite contenplacion , à la quelle ne puet
parvenir cuer, s’il n’eft foulet, en repos, 6c tout ravi
en J. C . qui par fon feint Efprit for toute la puife
fonce ou induftrie de nature, infpire celle voix de unifon
, ÔC de gloire, Tanquam fpiraculum vita Jpiritua-
lis, ficut fpiravit in faciem lAda fpiraculum corpora-
lis.
M. A merveilles me vient celle expoficiontant cle-
re que je ne fcéus oneques apparcevoir par fi loing
voix&- a •— ......... ••--------- 7 J S H H | « I temps, 6c tant de fois, quant on chantoit ce Pfoaul-
_‘r i . °®5c dejoye, deloüange,6c jubilacion} car icy D me : felon l’ancien proverbe je eftoye l’afhe delahar-
touchee toute la mufique par dehors, ôc la lettn ’ ................. .
^n grosdetous cantiques, fbient cordiaux, foientma-
crie s. Confidere que le Prophète ufe par dix fois
e ce veibe, Laudate, Loez , 6c une fois de cever-
r„. m et 5 P°ur enhorter à loer noftre Seignieur,
n quatre maniérés de lettres en general : l’une eft
I Sa»fàs B car les Saints6cles
es de Dieu font caufes, ôc lettres, 6c exemples
Tmt I I I . Pars / / .
pe , jifinus ad liram : cum illis de quibus dicitur astres
habent & non audient : vel qui judicant ficut fabulofus
Midas cum aurtbus. . . . Que fcroit ce je te fop-
plie, fe plus au plain tu vouloyes 6c povoyes entendre
à chafcun Pfeaulme , 6c entendre comment par
les cinq notes de noftre game cordiale, chafcun Pfeaulme
fo chante en maintes variations , 6c diverfes
muances} maintenant par nature: puis par BçMol en
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