My \ puis en ligne 3 puis en efpaffc 3 puis par mufique
desjointe 3 puis par les huit tons -, puis par toutes les
.confonantcs parfaites fie doulccs , dyapafion , dyapen-
te, dyatefifieron : par, la tierce, la quinte, l’uytiefmc,
fit par doubles ou triples, chafeune dc fesconcordances,
ou joindre les unes aux autres , par l’art de mu-
flque cordiale, convenablement à la vocale : mais ce
n’eft pas de merveille fe on ne fcet ceft a r t , quant
on n’y penfb point : V t intcnderis ingeninm valet : car
ainfÿ le chant du cuer ne le puet accorder à parfait
plain lè forcible de bonne indignation contre fby meif-
mes, ôc fa vie mondaine, Dieu parfàce ce qq’ilàen-
commancé , V t convetfum fit cor fiuum totaliter ad
Chnfium, fit qu’il die en exultacion d’efperit, Detts can-
ticum novum cantabo tibi.Pf. cxLiii.p. Dieu chant nouvel
techanteray, dc tout mon cuer te loueray. Amen.
C y confine la tierce collacion fur la doétrinc du
Canticordum au pelerin. Vray eft que entres les aul-
très doélrines contenues es quatre collaeions derrenie-
res, feront de prefens recitées feulement trente notes
unifon, s’il n’eft tout net fit purifié. Si prioit David ^ ou confideracions petites. Parlons de la haulte game
du chant du cuer , félon que cuer mondain , qui £
la parfin devient Théologien les recite , fit ordonne
ou chant de la haulte game, n’y a que voix une principale
que nous povons nommer charité , ou pieté
la quelle fc forme fans moien Ôc fur toute nature par
labenoiteTrinité lePere, le Fils , le St.Efpcrit, A
quo omne datum optimum,&c. Jacob. 1 . 17. & qui datvoci
fut vocem virtutis, cujusfermo vivus efil, & velociter currit-
celle voix ce fait ouyr quant elle v eu lt , fie non pas
félon la puiflàncc ou voulenté d’ycelluy cuer qui la
chante, ou efeoute , Vbi vult fipirat vocem camus fui.
Celte voix ne le lait ouyr dedans le cuer , lé non en
louveraine lilence 3 c’cft à dire que nulle aultre voix
formée par le cuer, loit haulte, ou balte, ne foit ef-
coutee, Fit in cçelo filencium. Apoc. v m . 1. Celle
voix fe forme, ou fait ouyr pour le temps de ce peleri-
B nage — obfcurfé fit en tenebres divines,comme Moyfc
en la montaigne elcoutoit Dieu parler .De medio caliginis
Exod. xxrv. 16. fit de ce dit David,que F0fuit tenebrasla-
tibulum fmm. P f i xvii. 1z . Il convient que le cuer dévot
foit feulet, fit ravy comme en une lolitudefecrete, ou
deferte, qui veult celle voix elcouter , fit par icelle
chanter. Ducameamin fiolitudinem& loquar ad cor ejus,
Oz.ea. n. 14. Il convient que celluy cuer dévot foit feu-
letfic ravi fit ne fcet, fit ne s’efforce point de riens veoir
par les yculx de Ion entendement, ou penféc ; mais luy
doit fouffire la creance dc foy, qui ne puet entrer à veoir
celle voix. F ides ejl non apparencium. Heb. xi. 1.
I l convient que celluy cuer dévot fit feulet foit ravy
par efperance, jufques dedans les tenebres ou lonne celle
voix,comme dit l’Apoltre, Vfique ad interiora velaminis,
pour bien chanter, Cor mundum créa in me Deus, Pf.
L. 12.. E t qui plus e f t , la grâce dc Dieu liir toute
riens y efl neceflàire , qui forme nollre v o ix , fit luy
donne vertus. Dabitvocifiua vocem virtutis. P f i LXVII. 43.
ô Dieu emply le cuer, euvre la bouche, forme le doufx
chant. Je ne allegueray riens icy en efpecial, car tout le
Pfeaultier, voire toute la fainte Efcripture font à
cecy, Domine labia me a aperies, &c. P fiai. L. 17.
Or pleuftàDieu que j’euffe bien ordonné de mon mef-
nage fit aultre affaires,fie que je peuffe vivre fit demourer
avec toy feulet, jufques à ce que j’euffe apprife toute
la doétrine de ce nouvel Canticordum au pelerin, car je
luis pelerin, Sicut omne s patres mei, fit tens à la cité
de Paradis, ou y dois tendre. Je lecroy bien démon
enfance, Non habemus hic civitatem manentem. Hebr.
Xiii. 14.
S. Tondefir eft à loer, Sed qrandis adhuc tibi refilât
via : y convient, félon le dit commun, mettre la
main à l’euvre 3 car feavoir l’art ne fouffit mie , qui
ne l’exerce fit pratique, comme nous difbns n’agueres:
mais ouflÿ pour entendre mieulx cette doélrine, on
le doit exercer <5u appliquer à la doélrine morale des
vices fit des vertus, fit plus efpecialment à aucuns livres
qui font fais pour venir à devocion , puis à fpe-
culacion, puis à contemplacion 3 félon les trois poins
de nollre game, la haulte, moyenne fit baffe. T u en
pourras trouver es Monalleres des Celellins, fit Chartreux
fit aultres, tant en Françoys comme en Latin,
qui parlent des temptacions , fit de la dillinétion des
pedîiés mortels , venies , fit du mont de contemplacion,
fit de medicine efjpirituelle, fit De Theologia mi- _ . .......................................
fil ica. Horologmmfiapientia & Meditationesfianüorum Au- q Hebr.vi. 19. non pour quant efperance ne le attent
gufilini , Anfièlmi, Bernardi , & fimilium. Collaciones
Patrum. Vita& narraciones........Gregorium,Augufilinum,
Bernardum , Hugonem, Richardum, Bonaventuram ,
Guillelmum Parifienfiem , fit aultres, tels qui fingulicr-
ment ont eu la Foy fit la Loy dcDieu , comme le fî-
gnaclc de la croix emprainte dedens leur cuer. P one me ut
fignaculum fiuper cortuum.Cant. vin. 6. Tellement l’avoit
fait David qui difoit, Legem tuam in medio cordis mei.
P fiai, xxxix. 9. C ’efl ycy la note fit voix de pitié,
lignifiée par I. ou my qui rent le cuer piteux, dévot
fit religieulx, Vnde dicitur cor pium , & homo pius.
Vnde ciconia dicitur pia avis, quia fovet parentes fiuos.
Hinc & ULud, fum pins Eneas. Saiches qu’il n’eltplus
belle condicion à bien chanter , que d’avoir le cuer
mol fit piteux , Quia cor durum male habebit in no-
vijfimo. Eccli. ni. 2,7.
M. C ’ell bien loing du jugement des lâiges mondains
, qui reputeroient ung tel cuer failly, ou cuer
de femme3 fit fe ung doéleur, tant foit grant clerc,
fe donne à telle pitié ou devocion, on le nomme comme
par moquerie, Doftorpius.
Mais je fois contraint moy partir de toy , ô mon biau
Pcre fit Frere, cuer feulet, ne fcay quant je te reverray :
je me recommande à tes bonnes fit devotes prières, efi
quel les j’ay grant fiance. Quia voluntatem timentium fié
faciet, P fi. c x l i v . 19. &c. Puifque le feint Efperit t’a in-
fpiré de vouloir ellre piteux, dévot fit religieux, c’ell
très grant conmancement de prouffiter, que on vueille
eftrebori* felon le dit Socrates. Dieu foit en ton chemin
, fie fon bon Angel.
p . .. .fiecum Or s’en va cuer mondain tout efploré,
point à parfàittement comprendre celle voix, jufques
en paradis, ne celuy qui la fonne. Il convient que le
cuer dévot fit feulet, foit ravy par amoureux defir
dedans les dittes tenebres ou fonne celle voix , &
qu’il foit joint à celluy qui lé forme fit fonne , c’efl
ung feul Dieu en fon éternité. Ita fides dirigit,
fipes erigit, charitas fié ingerit , & vnit. Combien
que le cuer feulet fit ravy , comme ‘dit eft , cil tellement
joint à Dieu fit enamouré de luy , fit par
elperance ellevé, ne puilîè former icelle voix de
foy , ne de là nature ou fubllance, ne par indullrie
quelconque créé , non pour quant il eft elmeu par
celle voix tant amoureufe fit doulce à y confentir de
l’efeouter, fit par icelle chanter , combien que Dieu
forme tant feulement celle voix ou parole. Neant-
D moins celle voix eft ditte commune au cuer 8t à Dieu,
car Dieu la donne au cuer, fit le cuer par confentc-
ment fit fouverainnement la rent à Dieu, en foy jo i gnant
à luy, fit comme l’enbralànt par dévot fit amoureux
plaifir. Exemple que Ce ung infiniment de mu-
fique avoit entendement, ou fentiment, quant on le
fait fonner, on diroit que le fon eft lien, s’il vouloit
fit confentoit qu’il fuft ainlÿ fonné, combien qu’il
ne peull, ne ne fccull former le fon de foy, ne de
telle voix 3 combien que ce chant de la haulte game
foit formé de Dieu, par fit for toute nature, fit par
pure charité grâce St pitié ; neantmoins qui l’elcoutc
fit par confentement chante en cepelerinaige, en acquiert
grant mérité envers Dieu, autant Ôc plus comme
s’il formoit par foy mefmes une telle vois s’ainly
mais ne fe povoit faire combien que Dieu fit cuer hu-
’ main
main foient deux chofes fi diverfcs fit fi diftans, que
bonnement l’une ne puet ellre faitte l’autre, en muant
f’une nature en l’autre, comme eft certain ellre im-
polîible. Neantmoins par l’union dc celle voix que
Dieu donnée au cuer, fit le cuer rent fit fonne à Dieu,
font vérifiées les paroles divines de la faincle efcripture
que nous toucherons maintenant en ce chant.
Dieu fit le cuer font dis eflre tout ung, comme le
pria J. C. en fon derrein fit long Sermon de la nu ytL
du grant Jeudy,'^fim confiummati in unumifioan.xvii. 2.3.
Et l’Apoftre dit, Q u i adharet Deounus fipiritusefilcum
eo , 1. Cor. vi. 17. En ce chant efl vérifié que Dieu efl
ou cuer humain, fie cuer humain en Dieu, -parcommune
fit amoureufe adhçfion fit union. Et car ce chant
fe foit plus convenablement ôc haultement en la table
du Saint Sacrement de l'Au tel, In voce exultationis,
en la voix d’exultacion, dit noflre Sauveur. J .C . Car
qui mengne ma cher Ô“ boit mon fiang demeure en moy
& de moy fans f in , Joan. vi. f6 . Et faint Jehan dit,
Deus caritas efil & qui manet in caritate, in Deo manet &
Deus in eo. 1. Joan. iv. 8. En ce chant n’eft point fi par-
fàitte union comme eft celle de la benoite Trinité.
Car illecques trois perfonnes font d’une mefme efience
fit fubllance 3 mais ycy non: car l’unité n’ell point ef*
fenciel, mais par une commune voix de grâce, comme
dit e f t , fie oultre celle unité qui fut finguliere-
ment fur toutes aultres créatures en l’umanité de no- p
lire Sauveur Jhefo C r ill, elle fut jointe à la divinité
en l’unité de la perfonne du Fils , In unitate per/ona.
En ce chant de la très benoite fit digne Mere de Dieu,
fa fille 5 & fon efpoufe fut fingulierement unie à la
divinité par charité, grâce fit pitié, comme le monllre
bien fon tant hault fit bel cantique, Magnificat. Mais
en oultre fut une aultre union en elle fit d’elle , par
la Santé Incarnacion pour quoit fut fait ce bel . . .
qui fe pourrait longuement expofer.
Salve Mater pietatis,
E t totius Trinitatis,
Nobile Tricinium.
Verbi tamen incarnati.
Spéciale majefiati.
Proeparans hofipicium.
En humain cuer font maintes puilfanCes fie vertus
, lelquelles congnoillrc eft moult' expédient ,
pour parvenir au chant du cuer que nous difons
Canticordum. Mais en elpecial font trois vertus ,
que nous difons mémoire, entendement, ôc voulen-
te, félon lelquelles on prent puiflànce, fapience, fit
bienveillance , qui conllituent liberté, fie ont trois
operacions, que nous pouvons nommer tenir ou retenir,
quant à mémoire 3 congnoiflre, quant à l’entendement
3 vouloir, ou non vouloir, quant à la voulenté.
En humain cuer fe forme le chant delàhâul-
tre game , en la fouveraine porcion ou partie de la
vertus volitive, pour le temps de ce pelerinaigc : car
la voix eft de charité , grâce ou pitié feulement ou
principalement, Ôc convient que l’entendement fit toutes
les autres vertus de l’amc, foient filence. Mais ou
nault chant de Paradis, toutperra, tout chantera, Vna
vof letandum, & unus ardor cordium. En humain cuer
chantant la haulte game en ce pelerinaige , il con-
yent que la voix de Dieu face feparacion de l’ame ôc
ry elPnt 5 félon la parole de l’Apoftre , fit l’expo-
itiondesDoéleurs, Vivus efil fermo D e i & efficax, &
penetrabihor omni gladio ancipiti : pertingens ufique ad di-
d u llam an*Jn,z. ^ fipiritus , compagum quoque & me-
u arum, & dificretor cogitationum & intentionum cor d is,. r
t f f ' Iv' I2--De la vertus deceftevoixauffieftprefque L
compofe ce Pfeaulme : Ajfierte Domino. P fi. xxvm
m ^uel Par fopt fois eft mis ce mot vox, ou voix, avec
peracions en humain cuer chantant la haulte ga-
8r ^UC cc^e divifion de l’ame fit de l’efprit,
lativr» r TerrtuS “ ttelleétive à la vertus fouveraine vo-
Tom ^111 entenc^ement apparçoivent bienla
voix , fit l’oyent feule §c divine qui fe chante en
cefte partie vdlative : j ’aflbit ce que icy ne la puific
chanter ou former, bus,fera quantum en Paradis,ad objeclumprincipale-, Vbi voxifiaclarèvidebitur ne clerement regarder,una in comme
omni
È t prenons icy veoir
ovuoc reesg ianr dmeorn,cteo mme l’Efcripttire, Quod populus videbat piebat., Exod. xx. 18. id efl intelligebatfeuperd- En cefte haulte game l’entendement fit lavou-
lente fe muevent par maniéré diverfe ôc oppofitivc, en
leur maniéré de procéder à celluy procès qui fe tient
en commun cours de nature humaine 3 car tousjours
felon le commun cours, l’entendement precede la
voulenté-, fit ne veult riens Quia la voulenté,non fertur fors lta’e-:ntendement luy monftre : ad incogni
ce que
Mais ycy la voulenté premièrement eft efmeuë
de la voix divine, feulctte à feule, en tenebres fit en
obfemite, In divina caligine, utdidum efil. Puis l’ entendement
qui ne pourrait veoir quelconque chofe créé
par dehors, apperçoit bien ce mouvement de fà com-
paigne voulente, fit comme fon efpoufe : Jaflbit ce
que voulente foit Dame. A ce puet eftre amenée la
ppraoip otieer , dveo cSemt. J fiephonafnik .B Jaopatinf.te Quodfiponfius audit & gaudet m. 2.9. Et notés ce mot audit
efeoute, ôc non pas qu’il la voye : car il eft en tenebres
qluuma nint àml’uigemil,a tceomme il ne puet icy veoir nifiîper fipecu- , f e d .ben è audit per Ftdem, quia Fides ex auditu. En cefte haulte game convient de necef-
fite dire que l’entendement ayt aucune operacion ou
perception : car aultrement ne feroit point ce hault
chant plaifant fit deliélabîe, Et ex confiequentinec firui-
do. D e quoy le contraire eft veritable: car n’eft riens
. . . plus deleéla ble.
Or eft ainfi que felon la deffinition de deleélacion,
il convient que elle viengne de la perCepcion , ou
^Hg^ihànce de la chofe convenable, qui eft conjo
in te a 1 affeétion ou voulenté. Eflenim deledatio ,
fiecundùm Avicennam , perceptio cènvenientis conjunEli : fipedat autem perceptio advim cognitivam, vel apprehen*
Jîvam , & non ad motivam , vel affeiïivam ut Jtc.
Et de cela vient que les plantes n’ont point de delec-
tacion en leur operation 3 car elles n’ont point de perception
en cefte haulte gamé, qui eft proprement la
Thologie^ miftique 3 Ôc qui èntent l ’un , il entept
l’autre, & è converfo. L ’entendement, ou la vertus
intelleélive eft diète ceflèr- de toute fon operacion,
C par la maniéré qui eft ja aucunement touchée : c’efl:
que l’entendement ne penfe de fait à quelconque chofe
créé, ou qui fe puet creer, fc non à Dieu 3 fie encores
ne penfe-il point à Dieu par clere vifion, car il
eft en l’obfcurté de foy, fie en divines tenebres. Mais
Il perfoit bien en efeoutant la voix de ce hault chant,
qui eft la voix d’amour, qui fait trembler, mouvoir,
ôc reformer la fouveraine partie volitive, ou affeéli-
v e , qua efil velut fiponfia fiita , fed nequit earn impretgna-
re tali voce, Jicut nec jofieph Mariam, fiaitem pro Jlatu
vita. En cefte haulte game l’entendement n’a point
fon operacion ou affeélion pour regarder les fkntof-
mes ou fantafies de l’imagination , ne les fciences de
raifon, foit haulte, ou baffe 3 mais prent tant feulement
fa congnoiflance par entendre cefte voix divine
qui fonne en voulenté. Itaque ipfia fiola efil in hae co-
gnitione objeftum intelleüus , mediante qua cognoficit
Deum , etfii non clarè videndo efifientiam fiuam , tamen
in hoc afifettu vocis fiua , propter fpeculum mundififimum ,
& candor lucis aterna. L ’union aéhielle de l’ame à
Dieu par hault chant de unifon , en la folitude ou
> eft ravie l’ame , quant Dieu parle à fon cuer, feul à
feulet, fie ung à ung, mais en tenebres fe contient la
plus parfaite fàpienee ôc congnoiflance de Dieu, que
ne peurent oneques avoir les Philofophes ôc faiges
de ce monde : car elle fe donne feulement par l’inÇi-
racion ôc voix du faint Efprit, Qui ficientiam habet
vocis , . & de quo Chrijlus quacumque audiet loquetur :
pour tant eft. approprié ce cantique de unifon aux
K k k z feules .