& qui. ne l’a , doit .avoir entière & viduable chafteté gences de tous les deux, foit par labourer terres f
pardurablement .Le premier fanble plaifant & dclicieulx par menues marchandifes ■ ou fanblables ouvrages11
a ceulx & celles qui point ne font entrés dedens, ou & puis que il faut acquérir fon vivre fi angoiffeufe1
qui ne l’ont point bien exploré & avifé ;' mais il eft ment en mariage, pour plufieurs perforates ;n ’effe par
plam & tout remplis de cures, de foucis, de follicitu- le meillieur & le mains pénible de laenquerir pour vou
des , qui poingnent julques aueueur, plus que langue
de jèrpcr.r, ou de foorpion. L ’autre par le contraire
lambic de première lace Se regardurc, moult dur;
moult trille, Se dclplailànt : mais a bien confiderer,
x . -1 r vwus
tant iculement, trop mains fans conparaifon fàult à
une pucelle pour fon vivre, queàung mainaiged’omc
& de femme, de valles de thanberieres 8c d’enffans en,
fàmble. Et fe tu me dis que en mariage plus de gens
il ell plaindejoye , Sc leefle efpmtuelle. L e premier labeurent à gaignier: je refpons, quetrop plusm-ara
chemin fcult eftre plus piaffant au commencement; mais Equant à la conparoifon ilsdefpendent, tant pour tant
au déclin, il feult mener la créature humaine entre l’air- & n’eft point doubte que ung voftreamy qui vous vau’
ions, & dedens foflès de pechiés, ou font murtriés de 1 ame, comme je declairerai cy apres. L ’autre plus vient
avant, ôc plus eft feur, plaiiànt 8c delitablc. Ou premier
cftat femme le marie à homme mortel, & le donne
à cely quily peut faillir, & peuaidier: en l’autre,
droit aydier vous trouveroit trop plus legierement vc-
ftre vie hgnnefte en tout, ou en partie, que le vous e-
ftiés en mariage.
Regardons en fcurplus ce qui puet avenir, 8c qui
avient de jour en jou r, c’eft que le mari fera buveur
la femme Ce donne à Dieu fon Créateur, qui eft le joueur dedés, défpen'deurdetoutlefien, &pourung
■ HÉÜfiM - - - «, 'denier mif*il minrmp,-bon amy loyal, qui point ne fault aubelbing, 8c très o «„C, f l « °
habondammant rémunéré. Ou premier eftat la femme
, comme dit faint P o l, panjè ce qu'il doit plaire Àfon
mary, ou fécond elle panfé ce qu'il doit plaire À Dieu.
‘denier que il gaingnera ou fa femme, il en delpendra
fouventles deux: l’autre fera de contraire condicion,
car tout il vaudra efpargnier 8c fera vivre là femme Sc
Ion mainnage très durement, très povrement 8c efeher
i.C o r . vii. 31. 33. Si eft doneques le fécond chemin fement, ôfToit en maladie' foit en gefine d’enflànt'
6c eftat detant meillieur 8c plus a ellirc, 4e conbicn foit entre fesamys, riens ne liferadonné quifoitàfon
qHue lès condi-c-i-o--n-s-o 8.c- -p-r--o1p3ri é—tés palnlèlanitf ircfeil*l ersi/ »dnuc ipl reV
___ .
plaifir le riens il coufte, & par ainfy la femme vivra
malement à lavoulenté d’autruy , qui làns mariage
porroit honeftement vivre à lafienne. En furplus regardons
mier. Bien je cognois 8c confeflè , que convenable
choie eft, & comme necelfaire, que aucunes femmes
foient mariées charnelcment, tant pour auoir lignée au
Ôc autres pénis monde, comme pour efehener lepechié vil ort de font en mariage", & 8c gutres caulès de trifteces qui
non pas en l’eftat de virginité- i
^ g g | au que!'aucunes font trop enclines: & ^ c u - 13 vendra que le mary fera noyfeux, 8c ryoteus^ batera
ne fois pour avoir heritier, qui fuccede en leurs grandes
terres 8c polîëftions : mais en bonne foy celles icy
prennent la mains bonne partie lîmplement, 8c font
comme les enfans qui de leur voulenté fe mettent à garfon
voifin ou luy dira villenie, 8c faudra grande amen-
de , 8c perdera plus à une heure que il ne gaingnera
a .dix jours ou à ung an, 8c toute la parte 8c doleur
cherra fus la povrefemme, que coupe n’y aura 5 8c
der les brebis, ouvàches, ou pourceaux à grant pain- bien fouvent ‘en auradu pis'; car avecques la parte ïc
ne&povrete, qui pouoienteflire par eulx ou par leurs mary qui fera courflé ou yvre latenfeiî & rifiera jif-
amis, meftier plus riche, pljÿs plaifant & honnorable, ques i coupsfa ir : Cemefchief n’eft point à doubter,
8c conbicn qui y faille avoir" des bergiers, toute fois l’eftat efpirituel:je excil
que je dis ne feroit pas réputé bon ou faige car
chafcune créature doit prendre fon milleur.
Apropos, très amées Sueurs, n’eft j’a neceflité quant
a vous, quefoyés mariées charnellement, pour avoir
lignée : car afles en y a d’autres pour acroitre creftienté :
il.n’eft pas de neceflité aufly, comme je tiens, que vous
ià foies pour efehener le vil 8c ort pechié de la char,
en l’eltat folitaire de mariage efpirituel": je laiflè les exemples
qui font fans nombre, car expérience afles le
preuve. Je venra un^ autre mefehief, que le mari fera malade
ou par fes exces, ou autrement ; n’eft pas de doubte
que la painne 8c la douleur rechiet fus la povre femme,
8c fes enffans, fe elle les ha; 8c aucune fois mieulx ai-
meroit pour fes enffans povres qu’elle meifmes mourut,
?Uf r • nJ“ ari \ vecy 8!2nt merchief & grandemifere,
car vous,oula plus grant panic: devons, auèsjapref- qui fait defirer la more Et prenons que le marë7 oit bon |
ques paffe le pim fort, & eftcs.horsl^ge,oulachar-Cfoit fain, foit bon gaigneur ; fi aviengnmt fouvent
nalite eft plus diflbluë 8c plus encline à ce pechié, 8c
8c avés vefcu jufques àcy bien 8c honneftement, 8c
entièrement comme je croy; 8c véritablement, felond
que je panfé declairer cy apres , aufly grandes tem-
ptacions, . ou plus grandes, pueuvent voir les mariées à
foy font faire comme les vierges, 8c fe Dieu plaift je
vous donray telle dottrine de vivre ; que moiennant
fon ayde, vous furmonterésvigoreufementeefte ordure
de mauvaife charnalité 8c le vilain plaifir. A la par
fin vous n’aués mie poflèflions telles 8c fi grandes, que
griefoes avôttures parlefquelles il pert fa chevanfe,ou
par fteriiite de terres, & deftàult de blés, & d e vin,
& par-mortalité de belles & de chevalx, ou par pe-
riiïêment de marchandifes, s’il s’en entremet: & con-
bien que en l’eftat folitaire de Virginité puiflènt advenir
aucunes telles adventures ; neantmoins elles ne
font point fi griefves, ne tantperileufes, 8c font plus
legieres a amender * 8c fe tu dis que ung mari fait
grant confort à la femme , quant elle eft malade, il
peut eftre ; mais aufly peut advenir fouvent le convousjloyes
prendre la fervitute de mariage pour ce que fa ir e , que le mari la l'ailfera & s’en ennovera, & l’v
vos biens viengnent a vos enffitns. denyera les chofes qui luy feraient profitables , & fe
Maintenant je veuil defeendre à declairer plus en particulier
les griefs maulx que vous auriés , ou fanbla-
blement porriés avoir, fe vous preniés le loyen de mariage
, du quel je ne veuil point mauvaifement rnefdi-
re; mais je veuil hardicment monftrer, que quant a
vous, mes fueurs, ccft eftat vous feroit plus grief 8c
plus pénible, 8c plus aventureux au mal du corps 8c
traira par devers autres femmes, pour le temps de ta
maladie, quant il ne pourra avoir compaignie char-
nelnement avecques toy; fi entreras en melericolies 8c
trifteces fins nombre : 8c fe tu es fans mari, nepo-
raune chanberiere ou une tienne voifine te garder en
ta maladie ? O y certes mieulx bien fouvent que le propre
mari ne feroift. N ’eft pas'à oublier quant à la
de 1 ame, que 1 eftat de virgmite E t cecy nefepuetj^mifere corporelle & de cefte vie prefente V'que on
monftrer, fans declairer la nature de tous les deux eftas. treuve en mariage l’angoiffe & la doleur qui èll à por-
> erC r ? ' qUf t C W r f f l Ë n ce? e vie ter enffans S & ceft« ™«iere vous fauront mieulx
prefente; jeconfiderevoftrenaiffance&voftrechevan- enfaignier les femmes mariées, quejeneveuilàprefent
c e , & ne voy pomt bien que convenablement vous expliquer : c’eft certaint que tout le plaifir charnel
fuiffiçs eftre manees.a plus richeldevousouau moins que prent une femme avecques fon mari, n’eft pas à
r a l ? i ’eàr 3UeVOU eU^ PU,ffieSf°UllC? c 1Csf»a a^e comParer * k grief doleur & mifere que foit le pormamage&
de mariage, fans très grans labeurs&dili-, ter enffans, & lé nourrii-, & par eCpechd , qmm
l’oml’oinme
8c la femme font povres, 8c que ils n’ont pas
bien de quoy fupporter les defpenfes de mariage, làns
continuel labour. Helas î ne veons nous fouvent périr
8c mourir femmes en enfantant 8c cheoir en maladies
diverfes, oyvoir: las .'quelfommeilentier, quelle
joye,quelleléeflèpeut prendre la femme qui nourrit
fon enflant : maintenant le faut apaifier, maintechemin,
pour y parvenir. Et qui eft il ce chemin?
Je refpons que ce n’eft mie celuy de Mariage, car il
attrait fouvent a divers pechiés, plus fans comparaifon
que l’autre eftat folitaire de virginité, 8c ne laiflè pas
fi bien panfer à Dieu 8c a fon fauvement, c’eft chofe
certaine, ditl’Efcripturefaintte, i.Tijk.vi. io . que
la racine de tous maulx efl convotijè , car elle eft menant
beifier, maintenant chauffer, maintenant laver,^ re de larrecins , 4e fraudes, de ufures, de parjeuremaintenant
à paitre ; 8c jaçoit ce que aucuns pïaifirs
naturels y foient, neantmoins la doleur paflè 8c fur-
monte. Or eft cler que de tous ces mefehiefs 8c an-
goiflès, la pucelle qui eft en eftat folitaire, eft franche,
& quitte. Peut bien avenir que la femme fera fte-
rile ou brehangne, qui n’aura point enfant ; mais ce
eft contre l’entencion 8c la fin de Mariage, 8c eft fort
que le mari ayme la femme longuement, 8c qu’il
prengne plaifir en elle,fe tele ill’aparçoit, 8ctreuve.
Aucunes gens reputent eftre moult grant plaifir, joye
8c confolation d’avoir enftàns; 8c par ce loent Mariage
; mais je porroie alléguer dis de Clers 8c Philo-
fophes enciens, que ce leur à efté chofe plus contraire
à leur félicité mondainne que d’avoir enflàns :
mais, car mon propos eft parler clerement 8c vulgairement
, je me paflè cy 8c aylleurs de telles allega-
cions ; bien m’eft avis que gens mariez, quant ils ont
enffans beaus, 8c fains, 8c bien enclins «abonnes meurs
mens, de fauflès marchandifes, 8c maulx innumerables.
HeDieu 8c quelle chofe enflanme plus la femme àcon-
voitife que mariage; car detant que plus luy fàult dé
chofes, tant met elle, plus fà cure 8c diligence à les a-
voir, plus de robes 8c autres ornemens pour eftre honneftement
entre fes voifines , plus de toutes chofes
generallement pour elle , pour fon mari, fes varies
fon mainnage 8c fes enffans. Nous veons que Jes beftes
fauvages pour quérir proie à leurs faons petis, fe mettent
en tous périls ; famblablement amour naturelle eft
fouvent fi desordonnée de femme à fes enflàns, que
pour pardre honneur en ce monde 8c paradis en l’autre
elle nefe tenroit point d'acquérir à tort ou à droit pour
laiflèr à fes enflàns, 8c treuve-on plufieurs qui quant
eft pour leurs perfonnes ont grande fouffifànce ; mais
la confideration de leurs enffans lés enflanment à convoi-
tife , tellement que ils nerepofentne nuÿtnejoùr, ne
prennent leeflè, ne regardent atis périls de leurs âmes,
8c difeiplines, 8c que ils ont chevance fouffifànmento & par ainfy ont enfer en ce monde 8c en l’autre -, grant
pour les aydier continuellement, en ont grant joye 8c
confolacion : mais, en nom Dieu, trop fouvent cefte
reugle.... l'un enflànt fera boflù, contrefàit derier, ou
entechié de maladies diverfes, ou fera rebelle à Pere
8c à Mere, fera diflolus de mauvaifes meurs, qui riens
ne voudra fàire de fon prouffit, grant defpendeur,
rioteus, 8c ainfy d’autres condicions fàns nombre, des
quelles ou d’aucunes font enffans fouvent entheciés ;
8c fe non, toutefois avient fouvent entre povres gens
que ils n’ont de quoy les avencier felond leur inclina-
cion 8c volenté ; mais fàult que ils demeurent en la
povreté , fàns efpcrance d'avancement : puis reviennent
nouvelles cures de leur Mariage, ou autre eftat
eft enfer que de convoitife. Vous trou verés qui fe diront
nou vouloir eftre en Paradis, pour laiffier leurs enffans
en la povreté ou ils font. Veés quelle force 8c grandeur
de convoitife j 8c quelle mifere elle amainne anvec-
ques foy : car fouvent avient que telles gens n’ont Paradis
en la fin, ne richeflè pour leurs enflàns au monde
, mais font plus povres en ceft an que en l’autre.
De cefte miferable Convoittife eft franche 8c quitte,
quant a cefte caufe, une vierge folitaire, qui n’a fors
elle, 8c par aventure fa chambrière à gouverner, à qui
ne feult pas grans paremens de robes, ne de jouyaus ;
car elle veult plaire a Dieu, non pas au mon4e : elle
quiert pas grans viandes Scchieres, ne grant richeflè à
fes enffens, mais luy fouffit jour au jour vie honnefte
8c fobre; elle nefe melle de feuflès marchandifes, ne
de ufures, ne de telles decepcions, mais vit de fon labeur,
avoir, qui font interminables, 8c chafeun jour à re-
commencier; par efpecial fe la femme demeure vefve,
çhargiée de petis enflàns, comme avient fouvent.
Las! quel doleur, quelle mifere 8c labeur , lors fou-
haidera fouvent la povre femme mieulx morir , que
ç>u de fes rentes fàns faire tort à autrui, 8cn’eft
vivre. Que fera elle fe elle demeure ainfy , fes po- q pas chargée de paier inpoficions, tailles 8c autres fubfî-
vres enflàns point ne fçaura ne porra proveoir , ils des comme mariées.
criront de collé elle , brairont 8c languiront,
tre chofe n’en porra feire : Dieu qu’elle angoiflè. Se
cllefe marie , d’aventure fera que jamais fes enflàns aient
bien qui ont acquis paraître. Mais de toutes ces aventures
douloureufes font délivrées 8c feures les vierges
de Dieu qui vivent folitairement de leur labeur ou autrement,
comme je diray cy apres. •
Apres ce que j’ay aucunement declairé la doubte
perilleufe qui eft en Mariage quant au corps, 8c celle
prefente vie mortelle; je veuil tourner mon langage à
nionftrer le péril trop plus grant quant à l’ame 8c la
vie efpirituelle. Etpremierement ; très amées Sueurs,
vous devés fàvoir que tous les TheoLogiens 8c Clers qui
feevent la faintte Efcripture, 8c la maniéré d’acquérir
Paradis, dient concordement 8c tiennent, quel’eftat
Venons aux autres pechiés. Se femme mariée ha de
fon mari robes 8c paremens à fon plaifir , elle prent
orgueil fus les autres qui ainfy ne l’ont pas : fi elle
eft povrement habituée, envie tantoft fi boute , ire
8c'courous, tenions 8c riotes à fon mari, ôc fe coa-
plaindera nuyt & jour que fes voifines qui n’ont pas
fi bien de quoy, font mieulx veftuësque ly. Sarabla-
ble mifere peut avenir pour fes enffans ; 8c n’eft pas
doubte que femme mariée ha trop plus occafions de
courous 8c de ire 8c d’inpacience , que une autre,
pour les diverfes condicions qui fouvent font es maris,
comme dit eft , 8c pour les miferes aventureufes qui
plus fouvent fi enbatent. Nous veons à louel que
deux freres ou deux très grans amys à grant peinne
pcventdemourerenfemblc, fàns avoir riote : trop plus
de virginité eft plus noble, ôcplus plaifànt à D ieu ,D fo r t eft femme 8c homme conjoins par mariage eftre
& de plus grant mérité, 8c aura plus grant louyer que
cil de Mariage ; 8c dire le contraire feroit mal dit, 8ç
contre noftre Foy : fi eft ycy grande approbacion 8c
grande aflèurance pour vous, que vous doyés prendre
ceft eftat qui tant eft meilleur par 4eflus l’autre ; car
vous feauesque quant à ce monde, ce n’eft que une vanité,
une fumée, uneumbre , unpeu de vent qui tantoft
fe pafle 8c que nous n’y femmes mis, fors pour
acquérir noftre cité 8c heritage, 8c vie pardurable, la
gloire de paradis. Et doit chafcune perfonne bien
avifec quérir le meilleur, le plus feur 8c le plus, droit
Tomi U / . f ars / /
continuellement enfamble , fans ce que l’un ne fàce
aucune chofedefplaifànt à l’autre, maifinementquant
ils font gens povres, car povreté eft defoyrioteufeôc
chagrineufe, 8c fe prent à autrui voulentiers, foit droit,
foit tort. Avendra que aucune mauvaife condicion fera
en la femme corporelle qui defplaira au mari, 8c qui
pour riens jamais ne l’aimera, ne voudra avoir compaignie
charnelle avecques ly ; 8c en ce cas^ui fouvent
avient, je cuide que en ce monde n’eft plus mi-
ferable eftat : ou par revers peut avenir ainfi du mary
au regart de la femme 8c de ce vient le pis du
G g g mefehiefi