à la fois endiffolueplaifance, pour ce Catonnet, qui nemy, viengnc du monde, viengne de la char, viengne
ne dit mie que on ne panic alamort, mais que on ne la du movement naturel corrumpu, porte fans faillir en
doubte. Autrement l’autre deffenfe dixiéme en or- foy ou (us loy, le ligne d’orgueil -, cell defir de pro-
dre que je nomme clere difcrecion, ne porroit bien pre excellance à la famblance aucunne, ou imitation de
eftre exercée. Pourquoy ? Pour ce que difcrecion elt Dieu, comme le declaire faint Auguftin en lès confef-
comme la portiere de la cité de l’amc , qui confidere lions, ôc les doéleurs, quant ils monftrent comment
bien & de près, tout ce qui veult entrer par les por- orgueil eft fin , 8c commencement de tout pechié.
tes des cinq fens, ou par le guichet lècret du cu e r ,8 c F r e r e : nous avons autre fois oy bien comment
diligenment tout interrogue, ôc encherche jufques aus chàlcun pechié fe naift d’orgueil j mais nous vodrions
nus. Elles vous , dit elle, ennemis ou amis ; pour bien avoir la declaracion comment c’ell par elpecial en
nous, ou contre nous $ que querésvous, nuyre ou ay-^pareflè, qui ne quiert quelconque honneur, àuffi ne
dier> que portés vous, habit de pais, ou atourdeba- -fait là fille, ennuy de vie, ou cuer failli, 8c leur fuer
taille j elt voftre venue lèure ou traiteulè j qui vous en
voye, eft ce Dieu nollre Ibuverain Seigneur, ou le lien
& le no lire adverfàire? O veésfuers, fetelc portiere
avoit noftre Dame en la porte dé là glorieufe cite, quant
à la làiutacion de l’Angel Gabriel elle penfa incontinent
, quelle eftoit celte làiutacion, ainfois que larc-
ceuft..
Or dy-je que làns l’office de previlion qui lait le guet,
ou hault du dongon, & regarde de long-, difcrecion portiere
poroitplus de legier eftre louprife, fans avoir à
temps clofes fes portes, ou qu’elle y euft mis foudoyers
pour loy deffendre.
F r e r e : nous accordons ce que vous dittes, li de-
clairés plus avant l’office de difcrecion portiere, comment
elle gardera d’eftre traye , ou efforcée, par les
pulillanimité, qui refuit toute dominacion & tout clear
qui pour doubte d’orgueil ne veult prachyer qu’eux eftre
en folitude ôc en fubjeétion : fcrupules aulîÿ de confcien-
cc comment venroient d’orgueil quant ils naiftènt de
trop grant paour en dejeélion de cuer : gloutenie pareillement,
ôc luxure, ou avarice, qui ont afaired’orgueil
ou d’onnefteté j bien leur fouffit vivre bien ayfe
blalme qui vodra làmblablement, comment verroit infidélité
d’orgueil ou defperacion.
S u e r s : chafcun qui fait pechié mortel ofte la fubjeétion
deùe à Dieu ôc l’obeiflànce , pour acomplir
la volenté, 8c la mettre devant celle de Dieu, fans en
avoir punicion } ou difons que chafcunpechicur quiert
liberté ou franchife de faire tout fon plaifir } ce que doit
eftre propre à Dieu : fi eft ycy très grand orgueil.
temptacions qui entrent en l’ame, par les portes du® Parcfle quiert avoir là vie fans labeur, ou affliétion.,
corps : car vous fçaves, felond ce que expérience mon- comme Dieu n’a quelconque painne, ainly font ennuy
lire trop fou vent, que les premiers mouvemeus ne font de vie, ôc cuer failli, ôc pulillanimité propofe la vo-
pas en noftre puiftànce, car ils préviennent difcrecion, lepté ôc Ion jugement au jugement ôc volenté de fon
Ôc entrent dedens, veuille ou non : ce n'eft mie en no- louverain Prélat : fi eft orgueil, fcrupules de confeien-
ftre puiftànce, que les cholèsveues, fenties, ouoyes ces, naiftènt de ce que la perlbnne ne veult croire aune
nous meuvent} que fera doneques difcrecion? truy confeil ou l e ...........pour redutçg fon jugement
S u e r s : la nature de l’ommeen l’eftatd’innocen- au jugement de plus faige ôc plus diieret ou expert
ce eufteftétele, que riens n’euft entré dedens la cité de qu’il n'eft: gloutenie & luxure quierent dileétacions
lame, fàns le congié primerain de difcrecion : mais fans en eftre rcprifèsou punies, commeDieufedélité
helàs! par le pechié originel tout-eft retourné, tout- à fon plaifir fàns reprehenfion, Avarice quiert fouffi-
eft defordonné, nonpourquanttelsmovemensoufug- fànce fans indigence} infidélité naift de l’orgueil d’en-
gefeions premiers ne nous font point inputées à pechié tendement, qui ne fe veult foufmettre, ou captiver,
mortel, mais que la porte du cuerfoit bien tenue fer- pour obéir à la faintte Efcripture reveléedeDieu-} de-
mé fàns l’ouvrir par la clef de confentement} heurtent fperacion vauroit que par foy fe pcufl fàuvcr , & ne
tant comme vauront,huchent ôebrayent les tempta- s’attent pas du tout à la divine mifericorde} fi eft orrions
, foit toudis le guichet fecret du cueur ferré, ja- gueil qui veult prefumer de foy ôc de fon propre povoir :
maisnevainqucroit}fe on les font Ôc on n’y confent, & àb r ie f conchirre, n’eft temptacion inclinant a pechié
c’eft plus imputer à painne que à coulpe} c ’eft grant s’elle eft bien examiné par difcrecion ,que on n’y voye
mérité lors de retenir conftamment la clef de confente- orgueil d’entendement ou de voulenté, & querant proment
en la main de franche volenté, contre tels inpor- pre excellance, plus que le droit. Si fouffife à tant de
tuns aflàuls en l’ame. Sans cette clef & y veniflènt tous celle première dottrine 8c de fa declaracion : 5c difons
les ennemys de créature humainne à une fois, ôc peut pour la fécondé, que difcrecion doit bien avifer qu’elle
& doit toujours difcrecion arrefter chafcune tempta- ne laiflè mie dedens entrer effronteement & fans arre-
cion, ainfois que elle oeuvre la guichet du cuer , 6c fter quelconque temptacion tant fàmble petite ou ve-
par avant bien examiner ôc difcerncr la nature Ôccon- niele; car avient queteles temptacions comme parole
dicion de chafcune d’icelles : ôc pour ce faire deuement, oyfoufc, ou ris diflblus, ou exces de mangier, ou vain
font aucunes dottrines ncceffaires, desquelles on por- regart entrent dedens, a l’exemple de petislarronceaus,
roit foire ung très grant livre : mais de prefent il fouffi- Ôc puis ouvrent les portes au grans pillars pechiés morra
quej’en recite ung petit nombre.
L a première principale dottrine, ôc comme generale,
ôc infaillible eft, que difcrecion fâche ôc voye s’en la
fuggefeion ou fàlutacion eft point enpraint le figne hutels.
La trierce dottrine eft, que difcrecion ne veuille
pas tousjours foy arrefter ou combattre contre chafcune
temptacion} pour les dechaflier hors du tout en
tout, car fouvcntellc s’efforceroit pour néant, commilité,
non mie feulement par dehors en la robe} mais me s’aucun queroit retenir le vent en fon mantel, qu’il
par dedens, comme au vif} ôc s’ainfy le treuve elle peut ne vantail, ou comme s’aucun vouloit empefeher que
feurcment donner entrée, autrement non. Carhumi- péris chiens ou oyfons ne glapiflent ou pipafTent:
lité eft le figne de Jhefu C rift, comme orgueil ligne de D fouffife à difcrecion, qu’elle n’abondonne la clef de con-
Lucifcr., ôc fe peut nommer humilité figne de Thau, fonteraent à teles nayfcufes plus que..............ou puilfans
ou de la Croix. Pour tant jecroy que noftre Dame, temptacions} affés mieuk luy vault les paflèr comme
fàns en tenir compte} car par ainfy plus tolls’eniront
ou ceftèront, que s’elle fe debatoit tousjours à elle. Celle
dottrine eft en efpecial très efpcciale ôc neceflaire
contre les temptacions abhominables de blafphemcs,
ou de trop grans fcrupules, les queles ôc quels fbuftien-
nent fouvent les plus purs ôc innocens cuers contre
leur g ré, ôc c’eft plus a imputer à leur mérité, ou a
aucunne affliétion parl’ennemy, que n’eft à pechie ;
t je croy que
comme très diforette , retint la clef de confentement
à la fàlutacion de Gabriel} car elle pretendoit gloire ôc
loenge, jufqucs a tant que par Gabriel luyfcuft mon-
ftré que en celle fàlutacion eftoit emprainte parfaite humilité
de foy foubmettre du tout, ôc en to u t , à la
Divine volenté} tant fonblaft merveilleufc : ÔC fe difere-
cion veult ôc feet bien ufer de celle doétrine, cl le trouvera
que chafcune temptacion mauvaife,viengne de l’enon
ne doit guerres tenir compte de fes panfees, ou
cogitacions, ou ymaginacions, ôc ne les doit-On con-
feflèr } mais que le confentement n’y fùrvienne par
plaifànt ÔC délibérée deleélacion.
La quarte dottrine eft, que difcrecion tant plus apercevra
l’efprit en ferveur de bien foire, ôc en plus grant
pais de confcience, de tant foit elle plus efveillée ôc plus
foio-neufe, ne foit pas comme la portière, qui en lacha-,
leur du mydy s’endormit l’uys ouvert, quant elle devoit
purgier fon grain ôc le feparerdela paille, furvinrent
deux larrons qui prindrent le grain, ôcoccirentNus-
bôfeth} Ôc nous veons que ung cheval plus eft ardent
d’aler, ÔC plus ha befoing de frain pour l’arrefler ,ou
le donbter à la voulenté fon maiftre : ainfi va de fervent
aftèétioii, tant famble bonne elle ha meftier de conduite
Ôç de frain; ôc n’efeript pas Virgile que Palinur
le Maiftre de la nef Eneas pour ce qu’il s’endormit, en
la confiance que la mer eftoit paifiblc, Ôc le temps
forain, trébucha en la mer ? A la parfin pour dottrine
univerfole, difcrecion ne fe doit jamais reputer
tant fàige, ôc clairvoiant en fon propre foit, en efpecial,
qu’elle ne foit preft ôc voluntaire d’obeir humblement
à aultrui confeil, lequel elle doit quérir ôc
demander, le croire ôc executer, fans tousjours ra-
commancier nouvel confeil, puis d’un, puis d’autre,
fans fin ôc fans arreft, car dit faint Grégoire, que confeil
s’enpeche qui trop fe multiplie.
F r e r e : à ce que -nous povons entendre de vos
dis, tout revient à ce , difcrecion ne laiflè entrer dedens
la cité de l’ame par confentement, fe non les
affrétions qui quierent plus l’onneur ôc l’excellance de
Dieu, quelafienne; ôc àcecyproffite, ce nous fàmble
, que difcrecion les examine fur ce , comme en
demandant. Soit mis par exemple à l’affeétion de prai-
chier : defîres tu à praichier pour ta gloire ou renommée,
ou pour celle de Dieu ôc le proffit de ton . . . .
principaumcnt. Se éllc te refpont que ouy ? Soit oultre
interrogié pour fçavoir qu’elle ne fe mente ôc déçoive.
Voldroyes tu bien que ung aultre praichaft en lieu de
toy prefentement, ôc que par luy Dieu__tele ou plus
grande edificacion , ôc que ton bien efpiritueltefeut
gardé en te repofant ? Se elle refpont véritablement
l’affirmative, c’eft à dire, que en ce cas elle aymeroit
mieuix taire ôc parler , c’eft figne qu’elle né quiert
point fe propre gloire. Pareillement poürroit eftre
demandé à defir de prelature, ou d’autre office , ou
meftier honnorable, ou de franchife ôc de propre proffit.(
; Et quant aux affeétions qui fantent d’umilité , de
fubjeétion, de defpenfe, de pardonner, ôc d’affiiétion,
n’eft pas fi fort d’en jugicr , fe non que par telles
chofes on veuille tendre à gloire , ou renommée d’umilité
, ôc de fainteté, ou de largeffe , ou de bénignité
envers le monde , plufque pour obéir à Dieu
& à fes fouvrains, car icy, comme vous fçavès, forcit
double mal, c’eft d’orgueil ôc de fointife, ôc
tjuant à l’autre dottrine qui parle de fervent affe-
étion, nous l’avons fouvent efprouvé, que fe nous n’avons
tousjours tele affeétion en noftre pouvoir, pour
1 amener ça ôc là , ou l’arrefter, ou delaiffier du tout,
fe meftier eft , nous nous en trouvons deceutes ôc
communément trébuchons en la foflè d’aucun inconvénient
: Ôc n’eft pas de merveille} car elle n’attent ne
confeil, ne raifon } ôc quant à la par fin vous parlés
de croire Confeil, n’eft riens qui tant y foit contraire]
comme tele fervent affeélion : car avant qu’elle demande
confeil , elle à ja en la telle ce qu’elle veult
raire, ôc qui dira felond fon defir, elle le crera, aul-
ti ement non. Et en non de Dieu ce n’eft mie icy
ci oire confeil d’autrui, mais le fien propre trop ay-
tnei ôc executer : il fouit, comme autrefois l’avons
apns de vous , ôc tout ce que nous difons icy , que
qui demande confeil , fl foit preft de le croire , foit
poui foy, foit contre foy 5 ôc que il lequiereconfeil-
icrs des quels il tiegne fermement, que ils fçauront
Tom.IJI. Pars I I .
ôc vauront bien jugier felond Dieu Ôc droit, plus que
felond foveur desordonnée à luy ou à eulx , ou quelconque
aultre} aultrement ne deflèrt mie tel que pour
confeil il-reporte decepcion} car il la quiert.
S u e r s : Je m’esjoy quant vous n’aves mie oublié
ce que vous à jadis ellé monftré , Ôc que vous prenés
bien les dottrines defliis dittes. Si parlerons de l’un-
fiéme deffenfe , que je nomme veillant circonfcrip-
cion : c’eft comme celle qui fait le guet ou la cherche
par toute la cité de l’àme tant en la nuyt de péché,
ou de tribulaeion, comme ou jour de grâce ou
de confolacion : car circonfcripcibn felond fon nom
vault tant à dire comme telle qui regarde toutenl’en-
viron, d e çà , de la, hault ôc bas , d’une part Ôc
d’aultre: très neceflaire eft fon office, 8c moult conforte
difcrecion , felond ce que j ’ay fçcu par elle.
Quant ou fecret parlement de ma panfee je luy ay au-
cunefois demandé de quoy elle fervoit} je fers., dit-
elle, à bien regarder diligenment quant difcrecionma
feur eft occupée en la garde d’une des portes , foit
des ÿeulx , foit des oreilles, ou de la bouche , que
par aucun aultrui lieu ne fe face aflàult ou enbuuche/
. . . . efchielement à la cité de l’ame, par dedens ou
par dehors } Car que vauroit garder vigoureufement
une des portes , fe par aultre lieu la cité fe prenoit,
ardoit, ou deftruifoit. Il n’eft anglet en la cité de
' l’ame tant foit fecret, ou obfcur, que je ne cherche
avec les torches cleres de prudence, de F o y , de feien-
ce , de confeil, d’entendement, de fàpience } car
avient que fans le fçeu difcrecion, entrent à la fois aucunes
temptacions très perilleufcs pour le temps à venir}
qui de prefent fànblent petites , ou nulles , oü
profitables , ôc demeurent en tapinaige , jufques à
l’eure qu’elles voyent l’oportunité d’envayr, ôc de nuyre;
ôc lesenqueres de toutes parts, ou bien les examine
: avient aufli que bonnes penfées ou affeélions entrent
dedens pour l’eure, ôc pour le lieu , ou pour aultre
cirConftance qui n’eft pas convenable. Comme par
exemple : homme vaulra dire fa Mefîè , venront au-
devant panfees de fes fubges bien ordonnées,• ou de
foire ung bon Sermon , ou de trouver l’expoficion
d’un obfcur pas de l’Efcripture. # Ces affeélions font
de foy bonnes , mais je circonfpeétion apercoy bien
que il n’eft pas teihps de les fouffrir à demourer. Avient
auffi que pour le temps que la perfonne devra dormir
, ou lit de contemplacion, verira une affeélion noyfeu-
1 fe de bônne pratique, ou aétion qui la vanrafons ne-
ceffité lors.efveillier : ou par le contraire , quant la
perfonne devra labourer ou cham d’aélion, venraune
affeélion devote pour la foire monter ou repoferen la
montaignede contemplacion. Tels exemples plufieurs
fe pourroient amener, ôc quant au lieu, ôc quant aux
aultres circônftances diverfes : mais l’office de moy,
circonfpeétion , eft de prouveoir à tous ces périls.
Que diray-je en furplus des temptacions qui portent
biau fanblant, ou belacueilde première venue, pourquoy
on les reçoit} mais au longaler, ou demourer,
tournent à très mauvaife fin. Exemple de ce es temptacions
de quérir Hermitages, ou folitudes, ou Religions
dures, qui pour le commencement plaifcnt, comme
chofes nouvelles, ôc famblent legieres, maisauper-
fevercr eft la maiftrife;car avient que ces temptacions retracent
peu à peu ce qui plaifoit, ôc adouciflbit, ôc
, delaiffent l’aufterité de vie pour une ferveur fàns feien-
ce , l’ennuy de folitute ou la rigueur indiferete des
fouvrains , ou la diflolucion des Freres , ou la debili-
tacion du corps ôc du cerveil} fi ne refpont mie la fin
au commencement : mon meftier doneques eft de regarder
tout ce qu’il peut advenir, & à quel fin tout doit
ou peut tourner, felond le lieu, le temps, la com-
plexion , la compaignie , la confiance ou inconftan-
ce, ôc pareillement en toutes chofes} ôc lors je ne fouis
point: car qui bien congnoift en chafcune panfée 3 ou
affeélion, à quelle fin elle doit tourner , l’eleélion eft
F f f 1 legierc