
est loin d’avoir accompli sa dernière évolution dans le royaume des chiens, dans les îles
du Sud et en Europe, comme le prouve la grande quantité de singes, de nègres et de
barbares aux cheveux roux, qui sont encore disséminés hors des limites du Céleste-Empire,
comme pour faire d’autant mieux ressortir l’exquise supériorité de la race qui l’habite.
De pareilles conclusions n’étaient pas précisément selon le goût des Japonais, mais
ils trouvaient moyen de les interpréter dans le sens de leur orgueilleuse mythologie. Les
nègres, par exemple* ne formaient à leurs yeux qu’une variété quelconque de démons
terrestres. La première frjis qu’ils en rencontrèrent, amenés l’on ne sait d’où par les
tempêtes jusque sur une île voisine 4e Kiousiou, ils les jugèrent indignes d’être éclairés
par le divin soleil, et les massacrèrent impitoyablement.
L’université de Kioto fut fondée, selon toute probabilité, à l’imitation des universités
chinoises. Cependant l’institution des grades savants et des examens d’État ne jeta pas de
profondes racines au Japon. Elle existait au huitième siècle, mais c’est à peu près tout ce
que l’on en sait ; jamais on ne la vit exercer aucune influence dans l’administration publique,
ni jouer aucun rôle dans l’histoire de la nation.
L’astronomie figure au premier rang des sciences universitaires du Japon. On
possède des tables astronomiques très-anciennes publiées par l’observatoire de Kioto.
Elles présentent moins de sécheresse que la plupart des documents de cette nature, car
elles sont agréablement entremêlées d’observations de tout genre.
Elles nous apprendront tour à tour, par exemple, que l’an 202 il y eut pendant plusieurs
jours consécutifs une éclipse de soleil, visible depuis midi jusqu’à la tombée de la
nuit, et que l’an 370 on aperçut un cerf tout blanc. En l’an 640, on vit passer une
étoile devant la lune ; tandis que l’an 646 fut signalé, dans la province d’Etzisen, par
l’invasion d’une armée de souris défilant en colonnes serrées durant des journées entières
dans la direction du Levant. En 704, les astronomes de la Cour ont constaté l’apparition
d’un Iveï-oun : c’est un nuage des plus rares, qui présage le bonheur ; aussi
le Mikado a-t-il immédiatement proclamé une amnistie générale. L’an 718, au contraire,
fut une époque de graves inquiétudes, car c’est alors qu’une comète vint en contact avec
la lune.
Ainsi, ces feuilles ajoutent à l’intérêt scientifique tout le charme d’un spectacle de
merveilles. Elles offrent une occasion unique de faire connaissance avec l’hirondelle
blanche, la tortue blanche, le corbeau blanc, le corbeau rouge, la neige rouge, la pluie
de cendres, la pluie de poudre d’or, et la rosée de miel.
En un mot, ce sont des tables astronomiques comme on n’en fait plus, et rien ne les
remplace en Europe depuis que là sécularisation toujours plus complète de l’état civil
nous prive dé ces vénérables registres des cures et des presbytères, dans lesquels tant
d’annotations curieuses, que l’on ne saurait où consigner ailleurs, venaient rompre à l’improviste
la monotonie des inscriptions de baptêmes, de mariages et d’inhumations.
Les astronomes de Kioto ont adopté le calendrier chinois. Ils élaborent pour chaque
nouvelle année un almanach, que les prêtres d’ïsyé ont le privilège d’imprimer et de
vendre dans tout l’empire par leurs commissionnaires. On n’y voit pas de rose des
La Couleuvre ou le Serpent.
Le Tigre.