
I honneur nous faisait un devoir d’aller déjeuner à lnosima. C’est en vain qu’ils énumérèrent
les merveilles de cette île volcanique, sortie en un jour de l’Océan. Combien il
serait beau de s’y reposer sur une fraîche terrasse dominant de plus de cent métrés le
niveau de la mer! Les insulaires nous offriraient des coraux, des coquillages, des poissons
volants desséchés.
Ils guideraient nos pas dans les replis d’une mystérieuse caverne garnie d’idoles et
mesurant près d’un kilomètre de longueur.
Ils nous feraient admirer leur adresse comme plongeurs, et nous régaleraient du
produit de leur pêche.
Rien de tout cela ne piyt émouvoir le gros de la troupe, qui déclara vouloir se restaurer
de sa mauvaise nuit,, et reprendre vers le soir le chemin de Yokohama.
CHA PITRE XVI
L A R É S I D E N C E D E S S IOGOU N S
Notre projet de faire une expédition en commun à l’île d’Inosima n ’ayant pu se réa-
liser, je ne vouIhs pas renoncer à visiter Kamakoura dont nous n’étions qu'à trois heures
de marche.
Je m’y rendis à pied avec deux de mes compagnons et le constable.
Il était quatre heures du matin lorsque nous sortîmes de l’hôtellerie. Nous traversâmes
les rues désertes .de Kanasawa dans la direction du sud, jusqu’au dernier massif
de la chaîne de collines auxquelles cette bourgade est adossée. Là, des constructions d’un
style particulier annoncent une demeure seigneuriale. De fortes murailles entourent ou
soutiennent des terrasses de jardin. Un portail, formé de deux piliers et d’une traverse en
bois de chene taillés à angles droits, vernis en noir et revêtus d’ornements de cuivre,
donne accès dans une grande cour. On y distingue un corps de garde et quelques autres
bâtiments, derrière lesquels s’élèvent de grands arbres qui ajoutent au caractère antique
de cette résidence. J’appris qu’elle est habitée par le daïmio Noné-Kourà’Tango no kami,