
forme d’un cône tronqué et leur cachant presque toute la figure, et ils ceignent en outre
un tablier blanc parsemé de broderies symboliques en soie rouge. C’èst dans cet équipement
qu’ils vont de porte en porte chanter et danser en marquant la mesure au moyen
de deux Ironçons de bambous qu’ils tiennent en mains et choquent l’un contre l’autre.
L’argent qu’ils collectent ne leur sert généralement qu’à passer dans l’abondance les tètes
de la quinzaine, Toutes les maisons île thé leur sont ouvertes, mais sous prétexte de leur
faire honneur, les tenanciers des restaurants de premier ordre les introduisent dans leurs
propres appartements et jusqu’au sanctuaire dé l’autel domestique, pour éviter dans
les salles d’hôtes d’inconvenantes rencontres de maîtres et de serviteurs.
Au reste, les derniers jours de l’année sont loin d’être complètement absorbés par les
réjouissances publiques. Le trentième du dernier mois est le terme fatal des payements
semestriels. Le maître de métier, le patron de boutique, le chef de famille, tout homme
ayant des affaires court la ville ou travaille à son comptoir jusqu’à ce qu il ait ponctuellement
réglé ses comptes, selon le principe, universellement admis au Japon, que Ion ne
doit pas reporter de dettes sur l’année nouvelle. C’est alors seulement qu’il ira passer
quelques instants avec ses amis au restaurant voisin, et qu’au retour il prendra part de
ses propres mains aux joyeuses occupations domestiques de sa femme et de ses enfants.
Il faut que le jour de l’an il y ait des fleurs dans; chaque maison. On y pourvoit
ordinairement en achetant, chez les horticulteurs, des pêchers nains élevés dans des
pots de grosse porcelaine et dûment chargés de fleurs doubles. Les Japonais cultivent
avec succès l’art d’atrophier les plantes en ne leur départissant que juste ce qu il faut de
terre ¿.-de lumière et de soleil pour les doter d’une stature lilliputienne. Tel est leur goût,
pour ces produits de végétation en miniature, que l’on trouve, dans les boutiques de jouets
d'enfants, des imitations microscopiques d’arbres nains, chargés de fleurs, en découpures
de papier. L’illusion est complète jusque dans les moindres détails : les petits vases de
bois dans lesquels ces faux arbres sont plantés imitent, à s’y méprendre, la porcelaine
au moyen d’une glaçure en papier mâché. Les jeunes filles font grand usage de ces jouets