
rousse, qui les" couvre jusqu’aux hanches. On les voit, armés de bols et de puisoirs, danser
des rondes fantastiques autour d’une immense jarre de saki, à l’heure où les derniers
rayons du soleil répandent une teinte écarlate sur la mer, sur les écueils de basalte et
sur les plages, sablonneuses. :
LES PATRONS OU SAKI.
CH A P IT R E LV
LE NOUVEL AN, A YÉDO
Dans la villé de Yédo, le soir de la veille de l’an, je ne sais quelle atmosphère enivrante
enveloppait les quartiers de la baie. Le ciel et la mer reflétaient des lueurs rougeâtres. Les
maisçns de thé s’illuminaient comme d’immenses transparents. Les rues elles-memes
présentaient l’aspect de longues avenues de verdure, de branchages, de guirlandes et de
falots multicolores. Partout la foule, partout des cris joyeux, des masques, des histrions,
des chants, de la musique, et cette odeur pénétrante de bois aromatique dont sont imprégnés
tous les-objets qui nous viennent du Japon.
Une place étroite débouchant sur le Tokaïdo était le siège d’un modeste marché
nocturne. Nous en fîmes le tour sans nous y arrêter, laissant errer nos regards et se
succéder nos impressions au gré des tableaux variés de cette scène fantastique. La plupart
des étalagistes étaient adossés aux maisons du quartier : les uns, installés dans des baraques
en planches et en papier transparent; les autres, accroupis sur des nattes et éclairant leurs
marchandises au moyen de bougies plantées sur de hauts chandeliers. Ces lumières