
toutes les fois qu’il m’arrive de découvrir quelque analogie imprévue entre les moeurs
publiques ou les habitudes domestiques des Javanais et celles des Japonais.
Mais je ne puis que jeter en passant cette observation, qui ne saurait encore appartenir
qu’au domaine des conjectures.
Si l’on consulte les Japonais eux-mêmes, spécialement les interprètes, l’on n’en obtient
que des réponses évasives, résultant de leur propre ignorance, ou de la répugnance
qu’ils éprouvent à dévoiler aux regards profanes le sanctuaire de leurs traditions nationales.
Ce n’est pas que celles-ci nous^soient demeurées complètement inconnues. Elles
ont fait, au contraire, le sujet de recherches et de travaux déjà considérables : les uns
i n t e r p r è t e s ’ j a p o n a i s .
provenant des missionnaires catholiques; les autres, de.médepins au service de la Compagnie
des Indes néerlandaises. Les Archives du .Nippon, publiées par F. de Siebold,
contiennent de remarquables fragments de littérature japonaise, consacrés à la cosmogonie
et à l’histoire nationale. Ils sont traduits par le savant docteur Hoffmann de Leyde, et accompagnés
de noies explicatives qui semblent ne rien laisser à désirer. Toutefois ces
.études fragmentaires, quelque consciencieuse? qu’elles puissent être, ne sauraient nous
donner encore la clef d’une civilisation aussi complète, dans toutes les directions, que
celle du peuple japonais.
Enfin, il est certains sujets, obscurs de leur nature, qu’il faut bien prendrê^tels qu’ils
sont. On ne saurait exposer le système japonais de la formation de l’univers autrement
que les Japonais eux-mêmes,le comprennent, ou plutôt le reçoivent de la main de leurs
prêtres et de leurs annalistes.
On y distingue une partie philosophique, apparemment empruntée à la Chine, el
Une parlie légendaire purement nationale.
Le système cosmogonique chinois prend pour point de départ le I aï-Khit, la substance
primitive et éternelle, l’absolu, le dernier extrême. Il professe que loute matière est con-
BONZE » ’.UN GRADE SUPÉRIEUR.
tenue dans le Taï-Khil, sous les deux espèces du Yang et du Yin; qui le Yang est le
principe actif, mobile, mâle, ou la force primitive ; que le Yin est le principe passif,
immobile, femelle, ou la matière primitive ; et enfin, que les éléments dont l’univers est
formé sont le résultat de parcelles Yang et de parcelles Yin sorties du .Taï-Khil et com-
binées entre elles.
La cosmogonie japonaise, de son côté, suppose une succession de périodes incommen