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voiliers rapides et trois cents barques de transport. Le Mikado ordonna des prières publiques
et des processions aux principaux temples de Kamis. Le Siogoun organisa la défense
nationale. Sur tous les points des côtes de Tsousima et de Kiousiou, où les Mongols tentèrent
d’opérer leur descente, ils furent battus et repoussés.
Leur Khan essaya inutilement de renouer des négociations. Deux ambassadeurs qu'il
envoya au Siogoun en 127b furent immédiatement évincés. Un troisième s’étant présenté
en 1279, on lui trancha la tête.
Alors, s’il faut en croire les annales du Japon, ce pays fut menacé de la plus formidable
expédition qui se soit jamais, faite dans les mers de l’extrême Orient. La flotte mongole
comptait quatre mille voiles et transportait une armée de deux cent quarante mille hommes.
Elle cinglait sur Firado, vers l’entrée de la mer intérieure, lorsqu’un typhon la dispersa
et la brisa sur les côtes. Tout ce qui ne périt pas dans les. vagues tomba sous les coups des
Japonais. Ceux-ci n’épargnèrent que trois prisonniers, qu’ils renvoyèrent de l’autre côté
du détroit, pour porter la nouvelle.
A la suite de pareils événements, il ne fut plus possible d’envisager les Siogouns
coriime de simples fonctionnaires de la couronne, ni même comme les protecteurs attitrés
du Mikado. La nation tout entière leur devait son salut. Dès ce moment, la cour de Kioto
put voir dans celle de Kamakoura une rivalq qui ne tarderait pas à l’éclipser, à la supplanter
même dans le maniement des affaires de l’Empire.
De nos jours encore c’est à Kamakoura que se trouve le panthéon des gloires du Japon.
Il se compose d’un majestueux ensemble de bâtiments sacrés, que la fureur des guerres
civiles a constamment respectés, Ils sont placés sous l’invocation d’Hatchiman, l’un des
grands Kamis nationaux. Hatchiman appartient aux temps héroïques de l’empire des
Mikados. Sa mère était l’impératrice Zingou, qui fit la conquête des trois royaumes de la
Corée, et à laquelle on rend aussi les honneurs divins : chaque année, le neuvième jour
du neuvième mois, une procession solennelle célèbre la mémoire (je ses hauts faits, auprès
du,tombeau qui lui est consacré à Fousimi, dans la contrée de Yamasiro. Zingou elle-
même surnomma son ûls Fatsman, «Tes huit bannières », à cause du signe qui lui était
apparu dans le ciel à la naissance de cet enfant. Grâce; à l’édiication qu’elle lui donna,
elle fit de lui le plus brave de ses soldats et le plus habile de ses généraux. Lorsqu’elle eut
atteint 1 âge de cent ans, elle transmit à son fils le sceptre et la couronne des Mikados, l’an
270 de notre ère : il était alors âgé de soixante et onze ans. Il eut, sous le nom de Woozin,
un règne glorieux de quarante-trois ans, et fut élevé, après sa mort, au rang des génies
protecteurs de 1 Empire. On le révère spécialement comme le patron des soldats. C’est
dans les fêtes annuelles qui lui sont dédiées,* que les Japonais célèbrent la mémoire des
héros morts pour la patrie. Les processions populaires qui se font à cette occasion
rappellent les anciennes pompes funèbres du culte des Kamis. On y voit figurer jusqu a
des chevaux parés pour le sacrifice; mais, au lieu de les immoler, on les lâche tout à coup
en liberté dans le champ des courses.
La plupart des grandes villes du Japon possèdent un temple d’Hatchiman. Celui de
Kamakoura se distingué de tous les autres parles glorieux trophées qu’il renferme. Deux