
les notions divines et humaines sur lesquelles repose l’existence d’un noble japonais?
L’heure de l’ultimatum arrivée, Satsouma fait répondre que, tout bien pesé et: bien considéré,
décidément il ne comprend rien à ce qui se passe.
De son côté, raisonnant §plon nos idées d’Europe, le: commissaire de la Reine est
si pénétré de la justice de sa réclamation, de l’évidente clarté de sa bonne cause ;, si
convaincu qu’il a épuisé toutes les.voies de la persuasion, tous les délais recommandes
par l’humanité, que, bien à regret sans doute, mais enfin puisqu’il le faut,.il:rémet entre
les mains de l’amiral le soin de fa ire v alo ir lé dernier argument, l’argument par excellence
entre nations qui ne peuvent pas s’entendre.
11 eût été difficile de confier l’exécution de ce que l’on appelle les mesures coercitives
à un agent plus humain, plus doux de. caractère, plus favorablement disposé envers les
Japonais, que l’honorable amiral Kuper.
EXPOSITION DE LA TÊTE DU' MEURTRIER SE Ï b J J , A ÏOKOHAMA.
Et puis, sa tâche, selon toute apparence, se réduisait à bien peu de chose. Ne
pouvait-on pas mettre à la raison un grand seigneur entêté, sans menacer l’existence ni
les biens de ses sujets, sans même exposer la vie d’un seul des soldats de la Reine? Notre
civilisation n’est-elle pas en mesure de se faire respecter par une inoffensive démonstration
des moyens de destruction dont elle dispose? Avec nos excellents steamers et notre
artillerie perfectionnée, rien ne devait être plus facile que de bloquer des ports, de prendre
en gage quelques navires japonais, et, au besoin, de raser un fort ou deux, avec tout le
calme.d’un simple exercice de tir, en restant hors de la portée des batteries japonaises.
Lé prince de Satsouma possédait trois beaux steamers anglais, qu il avait fait acheter
à Shanghaï. L’amiral, les ayant découverts dans une anse lointaine de la baie dé Kagosima,
réussit à s’en emparer sans faire la moindre égràtignurë à leurs équipages, qu’il renvoya
poliment à terre.
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