
Kami, à son tour, eut ses processions, ses litanies, ses offrandes, et même ses images miraculeuses.
Toutefois ses prêtres, comme pour conserver la tradition de ses origines, ne formèrent
jamais une caste cléricale proprement dite. Ils endossaient le surplis pour célébrer
l’office, mais, en sortant de l’enceinte du lieu sacré, ils reprenaient leur costume et leurs
armes de gentilshommes. Seulement il ne tarda pas à se former au-dessous d’eux une
véritable confrérie monastique, celle des Kanousis, qui se voua spécialement à l’exploitation
des pèlerins.
Deux causes principales ont fait dévier le culte Kami de sa pureté primitive: c’est,
en premier lieu, la fondation du pouvoir des Mikados, et ensuite l'invasion de la religion
du Bouddha au sein de la société japonaise.
C H A P IT R E X
LES PREMIERS SOUVERAINS DU JAPON
L’histoire du Japon s’ouvre par un conquérant venu des îles du Sud. Les annales de
l’empire en font un prince indigène, seigneur d’un petit territoire à l’extrémité mérU
dionale de l’île de Kiousiou. D’obscures traditions lui attribuent une lointaine origine : le
berceau de sa famille, si ce n’est le sien propre, aurait été le petit archipel des îles
Liou-Kiou, qui semblent relier Formose et la Chine méridionale au Japon.
Déjà six siècles avant lui une expédition partie de Formose ou du continent asia-
lique, et conduite par un certain prince Taïpé ou Taïfak, aurait atteint d’île en île la terre
de Kiousiou.
Quoi qu’il en soit, c’est de l’an 660 avant Jésus-Christ que date F avènement du premier
personnage historique du Japon, Sannoô, dont la mémoire est célébrée-sous le
nom de Zinmou, que nous lui conserverons.
Bien qu’il fut le cadet de quatre fils, son père le désigna dès l’âge de quinze ans pour
son successeur. Il monta sur le trône à l’âge de quarante-cinq ans, sans opposition de
la pari de ses frères. Un vieux serviteur, qu’une vie aventureuse avait conduit dans les
îles lointaines derrière lesquelles se lève le soleil, aimait à lui décrire la beauté de leurs