
se répandent dans les vergers, dans les vérandas et sur les barques des maisons de thé,
pour contempler, parmi les feuilles et les fleurs des lotus et des nénufars, les poissons
rouges, les grosses carpes, les crabes et les tortues qui pullulent dans les eaux du lac.
Un grand nombre de.promeneurs vont, au'retour, rejoindre la route du Nord, en traversant
le champ de foire de Yamasta.'
Ici, noüs; sommes dans les Champs-Elysées de Yédo. Des porteurs d’eau arrosent le
macadam d e s’avënues, -au moyen de seaux fêlés,'suspendus aux deux extrémités du bambou
qu’ils maintiennent eh équilibre sur leur épaule. Les allées d’arbres protègent de leur
ombre des troupes de joyeux enfants , les uns se pressant sur les pas d’un histrion qui
fait danser un singe, les autrés accourant vers des marchands de pantins et de papillons
artificiels ; tandis que des groupes à l’écart assistent aux démonstrations d’un fabricant de
chalumeaux destinés à faire.des bulles d’eau de savon, ouàüx expériences, non moins effrayantes
qu’inoffensives, d’iin artificier venu du Céleste Empiré.
Sur les larges trottoirs, plantés d’érables, qui bordent de part et d’autre la chaussée
principale, :de petits industriels, accroupis à la file; chacun sur son paillasson, ne se lassent
pas de vanter, la marchandise'étalée devant leurs genoux. Quelle agréable variété de
produits exposés à l’attention du .public ! Quelle pittoresque exhibition d’enseignes à images
coloriées et à gros caractères chinois !* Faiit—il des pièces encore plus persuasives ? Le
marchand de mort aux rats jonche le sol, autour.de lui, d’une collection de ses victimes,
dont lès cadavres, horriblement ballonnés, démontrent aux spectateurs les plus incrédules
le prodigieux effet de sa drogue. Son voisin, affublé d’une pelisse de Yéso,. rehausse l’ef- ,
fet de-cette réclame en mettant sous les :yeux des .passants une tête et deux pattes d’ours, -
pour prouver indubitablement que c’est bien.de. la'graisse d’ours qu’il vend, au choix des