
Cette déclaration suffit pour mettre un terme à la désertion de la population indigène.
Les besoins de la défense du quartier franc réclamant la concentration des résidents
étrangers, nous nous transportâmes à Yokohama, où je fis un séjour de quelques semaines
dans la maison de M. Probst, n° 48 du « Seulement».
La politique japonaise nous procura pendant cette période les distractions les plus
variées. •
Le gouvernement du Taïkoun était tenu de formuler à l’Angleterre l’expression de
ses regrets pour n’avoir pu empêcher le meurtre d’un sujet anglais sur une route ouverte
par les traités ; et il devait, en outre, payer une somme de cent mille livres imposée au
Japon comme punition de cette offense.
Jusqu’au 14 juin l’on ne put amener le Taïkoun sà souscrire à ces deux conditions,
surtout en raison de ce qu’elles avaient de blessant dans la forme.
Ce jour-là enfin, le gouvernement japonais se laisse persuader par les conseils de la
France et prend l’engagement de s’acquitter le 18 du premier terme de la pénalité.
L’argent était tout préparé à la douane, lorsque dans la nuit du 17 le gouverneur de
Kanagawa reçoit l’ordre de ne pas payer, mais d’informer le colonel Neale, chargé
d’affaires britannique, que le ministre des affaires étrangères viendra conférer avec
lui le 22.
Le représentant britannique assigne péremptoirement le .‘gouverneur au 19 juin à
10 heures du matin, puis à 9 heures du soir.
Le terme fatal n’apporte qu’une réponse évasive .: le Taïkoun aurait l’intention de
payer, et même l’argent est prêt, mais le Mikado défend d’obtempérer à l’ultimatum, et
le Taïkoun doit se soumettre à cet ordre, sous peine de perdre la vie.
Pour le coup, la patience échappe au colonel Neale, dont le premier ultimatum portait
l’échéance du 26 avril : il fait appel aux forces navales et remet l’affaire entre les mains du
vice-amiral Kuper.
Celui-ci annonce le 21 qu’il commencera les hostilités le 29. Il recommande aux
résidents de Yokohama de mettre à profit ces huit jours de délai pour sauver ce qu’ils ont
de plus précieux et pour éloigner les femmes et les enfants.
De tous côtés on emballe, on charge sur les vaisseaux désignés par les consuls, les
papiers et les effets de valeur ; les femmes font leurs préparatifs d’embarquement.
Le même jour, le contre-amiral Jaurès informe aussi les résidents de Yokohama que
les forces placées sous son commandement agiront de concert avec les forces anglaises
pour la défense de la place, et que dans le cas où l’amiral Kuper serait obligé de s’éloigner
pour remplir les instructions de son gouvernement, l’amiral français continuerait par tous
les moyens en son pouvoir et jusqu’à la dernière extrémité, de protéger l’établissement
formé par les puissances occidentales dans ce port.
Cependant, le 24, à 5 heures du matin, une trentaine de lourds chariots sortaient de
la douane et apportaient dans la cour de la légation britannique le payement intégral de
la pénalité, en 440,000 dollars mexicains. La nouvelle que le Taïkoun paye, se répand
comme le feu d’une traînée de poudre, d’un bout à l’autre du quartier franc. Tous les