
personne ne l’a vue ; mais voisins et voisines s’empressent d’offrir leurs services
pour aller à sa recherche, de concert avec les parents désolés. Ces derniers acceptent,
et, de rue en rue; conduisent le cortège improvisé jusqu’à la porte de l’amoureux. C’est
en vain que, retranché derrière ses panneaux, le galant fait la sourde oreille. Il doit
enfin céder aux instancès de la troupe qui l’appelle : il ouvre, et sur ses pas la jeune fille
en larmes se’ jette aux pieds des, auteurs de ses jours, qui la menacent de leur malédiction.
Là-dessus, intervention des âmes charitables que ce spectacle émeut ; attendrissement
de la mère; fière et inexorable attitude du père ; coalition et assaut d’élo—
quenCe de tous lès assistants, pour fléchir la dureté de son coeur, et chaleureuses protestations
du prétendant, qui s’engage à devenir le modèle des gendres. Enfin le père n y
tient plus: sa résistance est vaincue: il relève saillie, il pardonne à l’amant et le nomme
son beau-fils. Bientôt, comme par enchantement, des coupes de saki circulent dans les
rangs de la société ; tout le monde prend place sur les nattes de l’appartement; on fait
asseoir les deux coupables au milieu du Cercle, on leur verse à pleins bords un bol de saki,
et quand ils l’ont vidé, le mariage est reconnu et proclamé comme valablement contracte,
en présence d’un nombre suffisant de témoins, et le tabellion l’enregistre le lendemain
sans la moindre difficulté.