
l’esprit des successeurs d’Iyéyas, ce dernier point était un droit acquis, à telle enseigne
que la cour de Yédo trouva fort mauvais et très-inconstitutionnel que les légations eussent
demandé au Mikado la ratification des tra[ités conclus par le Taïkoun dans toute la plénitude
de sa compétence légale.
Du train dont les événements se succédaient au Japon, l’on marchait à grands pas à
cette double solution qui devait assurer l’unification et la paix de l’Empire et consolider
les relations commerciales avec l’Occident. Le soulèvement des daïmios du Sud contre le
Taïkoun et l’avénement au trône taïkounal d’un homme de la valeur deStotsbashi allaient
sans doute précipiter le dénouement dont l’issue ne pouvait être douteuse.
Les Européens ont toujours le tort d’apporter dans les affaires du monde oriental un
esprit trop systématique. Dans le cas particulier, l'Angleterre, guidée par l’instinct de ses
intérêts commerciaux, sut faire exception à cette règle. Elle devint la confidente et l’amie
du prince dont elle avait, peu auparavant, réduit en cendres la capitale.
L’insurrection des daïmios du Sud prit bientôt des proportions menaçantes. Au lieu
de lui opposer la résistance que l’on attendait de son énergie et des préparatifs militaires
considérables qu’il avait faits, avec l’aide de la France, Stotsbashi tout à coup abdiqua,
« par patriotisme, » selon la version desTokoungawa', et pria le Mikado « de convoquer
tous les grands de l’Empire pour asseoir le gouvernement sur une base solide, reviser
la constitution et ouvrir ainsi au pays cette voie de progrès qui doit la conduire à la puissance
et à la prospérité. »
Le Mikado obtempéra au voeu dé Stotsbashi ; mais l’assemblée des princes fut tumultueuse
et se termina par une sorte de coup d’État des confédérés du Sud, qui entraînèrent
violemment dans leur camp l’Empereur et sa cour, dispersèrent les amis du Taïkoun, et
promulguèrent des décrets abolissant le taïkounat et remettant les rênes du pouvoir
exécutif entre les mains du Mikado.
Alors enfin Stotsbashi se décide à ouvrir la campagne.
Les quatre palais que Satsouma possédait à Yédo et qui servaient de foyer aux conspirateurs
de cette capitale, furent attaqués et détruits à coups de canon. Déjà le précédent
Taïkoun avait fait démolir la résidence de Nagato pour dégager sa connivence des agressions
dont ce prince s’était rendu coupable à l’égard des Européens.
L’armée de Stotsbashi entra en ligne à Fousimi, au Nord-Ouest d’Osaka Les troupes
de Satsouma, de Chosiou (Nagato), de Tosa, d’Awa, d’Alri, et d’autres encore occupaient
Kioto.
Le premier engagement eut lieu le 28 janvier 1868.
Stotsbashi était resté en observation à Osakâ. Ses gens, mal dirigés, se replièrent sur la
forteresse de Yodo. Les jours suivants, ils la perdirent, la reprirent,, et succombèrent
finalement dans une bataille rangée, où tout un parti des leurs passa à l’ennemi, sous
prétexte que celui-ci ayant arboré la bannière du Mikado, c’eût .été un sacrilège que de
continuer la lutte.
1 Notification de l’ambassade japonaise à Paris, février 1868.