
faire des colliers et que l’on emploie sur place en guise de glands de cordons de soie, ou
pour en confectionner des rosaires.
La nacre rivalise avec l’émail dans certaines miniatures que l’on applique sur du
métal.
L’art du doreur réside tout entier dans l’application de minces feuilles d’or aux objets
de genres fort divers que l’on juge dignes de cette décoration, entre autres des gloires et.
des auréoles de saints pour le culte bouddhiste, des cadres d’enseignes de théâtres, des
sculptures d’entablements d’autels, .des hampes de bannières sacrées et des lances
d’étendards militaires, ainsUque des feuillets de paravents du style noble, étalant sur un
fond d’or de grandes esquisses à deux pinceaux tracées du premier jet, à l’encre de
Chine, et représentant des scènes de chasse ou des croquis de chevaux.
Outre ces dernières compositions, qui ne manquent ni de verve ni d’originalité,
SPÉCIMEN DE DÉCORATION DES CARDES DE SABRES JAPONAIS.
on m’a fait remarquer quelques sujets de genre peints sur une couche de sable d’or
si bien collée aux planches du tableau, que celui-ci peut être encadré et suspendu sans
qu’il soit besoin de le mettre sous verre. De pareils ouvrages n’ont d’autre charme qu’un
vain éclat joint au mérite de la difficulté vaincue; ils sortent tout à fait du domaine de
l’art populaire, et doivent se rattacher, soit à l’art monastique du bouddhisme, soit à la
vieille école des miniaturistes de Kioto, qui se distinguent également par leur prédilection
pour les fonds dorés.
Quoi qu’il en soit, les relations des anciennes ambassades ont singulièrement exagéré
la richesse de décoration des palais ou de l’ameublement des Mikados et des Siogouns.
La vérité est, au contraire, qu’il n’existe pas de royale résidence en Europe qui ne
représente une plus grande valeur intrinsèque que les bâtiments impériaux de Kioto
et de Yédo.
Comme l’a très-bien fait observer M. Duchesne de Bellecour, dans un article de la
Uevue des Deux-Mondes relatif à la triple exposition japonaise du Ghamp-de-Mars, le
luxe des Japonais est plutôt artistique que somptueux. Nulle part, si ce n’est sur les
diadèmes du Mikado et de la Kisaki, on ne les voit prodiguer l’or non plus que les
pierreries. Les grands de l’Empire mettent tout leur orgueil dans l’ancienneté des objets
qui composent leur mobilier^ Rien n’a plus de prix à leurs yeux qu’un service assorti
en vieille porcelaine naturellement craquelée, ou des vases de bronze antique, lourds,
massifs, noirs et polis comme du marbre, ou enfin des meubles ou des ustensiles en ce
vieux laque à poudre d’or mat que l’on nomme salvocat.-
Il n’existe, à proprement parler, ni orfèvres ni joailliers au Japon. C’est un pavs qui
possède la serpentine, la malachite, l’améthyste, la topaze, et cependant on n’y voit personne,
pas même les femmes les plus coquettes, se parer de joyaux et de bijoux. Leur
seul luxe, après celui des étoffes, consiste à charger le lourd édifice de leur coiffure de
grosses épingles d’écaille ou de métal, ornées de pièces rapportées, dont les sujets sont
emblématiques. Il ne faut donc pas s’étonner que les ouvriers lapidaires de Yédo n’aient
rien de mieux à faire que de tailler des cristaux de roche. Les courtiers en vogue ne
manquent jamais d’en offrir aux Européens de fort beaux exemplaires, parfaitement polis
et travaillés en boule ou à facettes, mais cotés à des prix exorbitants.
Les ouvrages qui rappellent le plus le travail de l’orfévrerie, ont pour objet la décoration
des armes des yakounines; car ceux-ci font enrichir de toutes sortes d’ornements
d’un style essentiellement pacifique la poignée, la garde et le fourreau de chacun de
leurs deux sabres, ainsi que le manche en métal d’un couteau qu’ils introduisent dans.une
gaine pratiquée au fourreau du plus petit. Ces ornements sont quelquefois des merveilles
de gravure, de ciselure et d’alliage de métaux. On y emploie tour à tour l’or, l’argent,
l’acier, le cuivre, le bronze, et une composition connue sous le nom de mêlai.de Sàwa,
dont on fabrique aussi des règles à tirer des lignes, des presse-papier, des agrafes, des
serrures et des portefeuilles. ’
Yédo ¡est la ville du Japon où l’on travaille le mieux les métaux. Les magasins
de bronze de la Cité sont au nombre des plus intéressantes curiosités indigènes. Quelques
uns présentent l’aspect de grands bazars, étalant à côté' des salles consacrées aux
bronzes tout ce qui concerne la sellerie, c’est-à-dire, outre la selle et le harnais, les
étriers, les mors, les grelots, ainsi que l’attirail même du cavalier; y compris ses gante-:
lets, son casque, son armure complète ; tandis que des compartiments reculés sont réservés
aux articles de ménage, tels que la quincaillerie et la batterie de cuisine en fer,
en cuivre rouge ou jaune et en étain. L’expositjon capitale, celle des bronzes, se fait surtout
remarquer par les grands ouvrages de style monumental, que l’on fabrique à l’usage
du culte bouddhiste. Ce sont, par exemple, des cloches richement décorées d’ornements
en relief; des tambours allongés reposant sur des chevalets; de grosses boules creuses
,et entaillées, faisant l’office de gongs, et des plaques ou des triangles sonores* suspendus
à des potences de métal; d’un autre côté, les vases qui doivent orner le maître-autel : les
uns, couronnés de plantes de lotus exécutées en -métal niellé, les autres destinés à recevoir