
dont rien ne trouble la paisible cadence et la rêveuse harmonie. L’Ogawa rappelle le Grand-
Canal., et les abords des ponts de Yédo sont, comme les places publiques de Venise, les
lieux de rendez-vous de la population citadine. La multitude des promeneurs qui s’y
rencontrent chaque soir ne cause nulle part le moindre encombrement. Mais aussi Yédo
est, par excellence, la ville aux vastes dimensions, et le peuple japonais pratique admirablement
cette discipline de la circulation que nos policemen ont souvent tant de peine à
établir sur les trottoirs de nos capitales.
^ Qpânt aux jouissances musicales des soirées de Yédo, il faut avouer qu’elles ne sont
appréciables que pour les indigènes. Les mélodies japonaises ont quelque chose d’étrange
et d’insaisissable pour l’oreille des Européens. Le système musical sur lequel elles reposent
n'est pas encore connu. La musique japonaise est très-riche en demi-tons, si ce n’est même
en quarts de ton. Souvent elle est mélangée de tonalités différentes ou de modes majeur et
mineur avec une terminaison étrangère à la tonique. M. F. J. Fétis fait observer que « les
mélodies recueillies par Siebold semblent contraires à l’idée d’une analogie avec la musique
chinoise, car on n’y remarque pas les lacunes de l’échelle tonale des Chinois V »
Nous avons donc dans l’art musical japonais, comme dans l’idiome indigène, le mystère
d un système à part, qui ne se rattache à rien de connu, ni dans le monde occidental ni
dans l’extrême Orient.
Les instruments de musique du Japon se distinguent aussi par leur originalité.
Les instruments à cordes sont faits du bois léger et sonore de là Paulownia imperialis,
et les cordes de fines tresses de soie imbibées d’une légère couche de laque.
La guitare nationale, le samsin, n’a que trois cordes. Le corps sonore, long de 0m,20
et large de 0m, \ 0, a des éclisses en bois ; la table et le dos sont formés de deux morceaux
de peau d’agneau préparée. Le manche, long de 0m,60, non compris le cheviller et la
tête, eàfen bois léger, sans touches et sans sillets. Les chevilles sont en bois dur.
On fait vibrer les cordes du samsin, non avec les doigts, mais en les frappant
d une petite palette en ivoire, comme on jouait de la Ivre sémitique au moyen du
plectre.
Le gottô, harpe ou cithare japonaise, a des dimensions qui varient, selon M. Fétis, de
0m,46 en longueur et 0m,09 en largeur, à l m,90 de longueur sur 0m,25 de largeur. Il
est monté de treize cordes de soie attachées par des pointes aux deux bouts de l’instrument.
L accord en peut être modifié de plusieurs manières, par le déplacement des chevalets
qui leur servent de points d’appui et déterminent les intonations en raison de la longueur
et dè la tension des cordes.
La tête et la queue du gottô sont généralement incrustées d’ivoire, d’écaille et de
laque.'
On ne peut jouer de cet instrument qu’en s’adaptant des ongles artificiels, en os ou
en ivoire, aux trois premiers doigts de la main droite. -
1 F . J . F é tis, Histoire générale de la musique depuis les temps les plus ■ anciens jusqu’à nos jours. 8 vol. in-8°.
SPÉCIMENS DE MUSIQUE JAPONAISE