
LA MYTHOLOGIE POPULAIRE DES JAPONAIS. 3-45
Telle est, en; ses principaux éléments, cette mythologie, j ’allais dire celte philosophie
familière, dont la morale, à tout bien considérer, est peut-être ce qu’il y a de mieux au
monde, en dehors du christianisme. Sa pureté v r a im e n t extraordinaire, sa bonhomie, son
prosaïque mais malicieux bon sens, doivent avoir, plus que toute autre cause, contribué à
garantir, le peuple japonais de la décadence à laquelle il se trouve constamment exposé sous
l’énorme pression du bouddhisme. C’est là, j’en suis convaincu, qu il faut chercher la
source de cette jovialité, de cette fraîcheur d’esprit, de ce caractère d’enfant et de bon
enfant, qui forment les traits distinctifs des classes laborieuses du Japon. El ce qui leur
BEN-ZAI-TKN-NJO.
fait encore plus d’honneur que tout le reste, c’est qu’au fond le culte qu’elles adressent à
leurs divinités favorites, porte à un très-faible dègré le cachet de la superstition. A peine
mérite-t-il le nom d’idolâtrie. Le Japonais reconnaît dans les sept dieux du bonheur les
enfants de son imagination, et il n’éprouve aucun scrupule à s’en amuser quand bon lui
semble. Il en a fait le sujet d’innombrables caricatures. Ici, le dieu de la longévité joue au
trictrac avec sa noble amie Benten, et quatre de leurs collègues, accroupis à leurs côtés,
ont l’air de parier en faveur de la déesse. Le cinquième, Yébis, apporte un énorme
poisson, dont il vient faire hommage au vainqueur. Ailleurs les sept divinités courent les
aventures en qualité d’histrions ambulants, L’humble dieu de la gloire est chargé de porter
au bout de sa lance le poisson de Yébis. Benten, dans une hôtellerie, déploie son talent de
couturière pour remonter la garde-robe de la troupe. Pendant les représentations elle chante
II. «