
fermer ses-propriétés à l’atteinte des étrangers, mais se^réserver, en quelque sorte, un droit
de jour, en n e tolérant la présence d’aucun navire étranger dans le rayon de «ses batteries.,
ILhérissà de canons lés côtes de sa province qui dominent le détroit de van der Capellen,
et tira surtout pavillon de l’Occident qui seprësenta au passage.
Les légations étrangères, envisageant que le détroit de van der Capellen est une voie
publique, interpellèrent le gouvernement du Taïkoun, qui se déclara impuissant vis-à-vis
du prince de Nagato. Il fallut que les puissances contractantes se missent à l’oeuvre elles-,
mêmes pour nettoyer le passage, et elles en sont venues à bout, moyennant, il est vrai, une
expédition combinée de seize steamers de guerre, de l’Angleterre, de la France, de la
Hollande et des États-Unis, lesquels ont dû être trois jours consécutifs en action pour
accomplir leur tâche.
Voici comment onze des principaux daïmios avaient compris la porlée des traités.,
de 1858 :
« Il avait été expressément convenu, écrivirent-ils au Taïkoun, que les traités de
commerce conclus avec les étrangers ne. devaient être qu’une grande faveur qu’on leur,
accordait, après des demandes réitérées et bien humbles de leur part. Ceci ne ressemble
en rien à un contrat légal. - •
■ «-Au.lieu d’accepter ces privilèges comme une faveur, ils osent dire maintenant que
ces traités constituent pour eux Un droit légal.
V «: La dignifé et la majesté du grand Nippon ne permettent pas que nous tolérions des
prétentions si audacieuses.
A- « On peut leur permettre, comme dans les temps passés, de gagner; de d’argent sans,
trop voler ; mais nous ne voyons pas la nécessité de ces yakounines (les ministres ou autres
chefs de légations), qui les accompagnent. 11 ne leur faut que des chefs.de comptoirs, et
nous ne pouvons recevoir que des marchandé Soumis à nos propres lois et à nos propres
règlements de commerce....
« Vous nous dites que les étrangers ne l’entendent pas ainsi. Eh bien, qu’on leur
retíre les privilèges que noiis leur avons accordés ! Car c’est une loi universelle, que celui
qui abuse d’une faveur la perde pàr le fait même.
. ' « Tout bon patriote soupire en songeant au glorieux passé du pays et en considérant son
présent état. Rappelez-vous donc combien les Barbares respectaient autrefois la majesté du
grand Nippon, et nos ordres et nos moindres désirs ! Une seule nation était tolérée, ici
comme otage, eii gagé de la bonne foi des autres. Cette tolérance a été cependant une grosse
erreur ; car la présence de cette nation au Japon a fini par.exciter la cupidité des autres.
. « Il nous est difficile de vous comprendre, lorsque vous nous dites que le monde est
changé, et qu’il est impossible à une nation de s’isoler des autres. Pensez-vous, donc que
le Japon soit comme une autre nation, comme la Chine, par exemple?
« Nous vous entendons parler du mode de - gouvernement des . nations ¡étrangères.'
-Y- a -t-il, en réalité, parmi les nations .étrangères,, des pouvoirs dignes, de
porter lë noni de gouvernement ? Est-ce qu’elles ont- un. Mikado, qui .est le grand fils
des dieux?*Est-ce que nos principales familles ne sont pas d’uné origine céleste? »