
1res de marionnettes. Ils n’y jouent, à la vérité, qu’à la fête patronale et que des pièces,
tirées de l’histoire des anciens Mikados. L’orchestre supplée au peu d’intérêt dramatique,
du spectacle; il compte parfois une vingtaine d’exécutants. Ailleurs ce. sont des, danses
sacerdotales qui défrayent la curiosité du peuple. A la fête d’Odji-Gonghen, tout le couvent
saute et se trémousse, y compris les musiciens et le vieux moine qui bat la grosse,
caisse. C’est dans l’enceinte de la bonzerie que l’on célèbre, par des danses de caractère,
la récolte des céréales. Les figurants portent sur le dos un bouquet d’épis, et sur la tête
un chapeau carré en paille de riz, qui leur cache le visage. Les gardes d’honneur du
théâtre ont le casque, la cuirasse et cinq grands sabres au côté, ni plus ni moins. L’entrée
est gratuite, mais il y a chez le portier une vente où chacun croit devoir se munir,
en souvenir de la fête, d’une petite lance de bois peint ou d’autres insignes militaires,
produits de l’industrie du couvent qui ne peuvent être utilisés que comme jouets d’enfants.
Les bonzes d’Oméodji font, une fois par an, une très-jolie recette, sans se mettre en
frais d’autre chose que de grosses lanternes peintes et de décors d’opéra, dont ils ornent
leurs jardins. C’est une sorte de diorama que l’on contemple depuis les sombres galeries
des bâtiments sacrés. Ce spectacle dure sept nuits, consécutives, et fournit l’occasion de
nombreux rendez-vous de plaisir.
Le temple d’Odji-lnari est réputé pour ses représentations de comédies burlesques.
Elles renferment des scènes qui ne peuvent se décrire. La même observation s’applique-
aux objets sacrés et jusqu’aux jouets d’enfants avec lesquels on célèbre Inari, à la fête des
moissons. L’on assigne à ce dieu tutélaire le rôle de patron des céréales et de protecteur de
la fécondité. Il garantit l’agriculteur contre le vol et l’incendie. Autrefois il accompagnait
la Lune sous l’image d’un renard. Depuis qu’il s’est manifesté aux hommes sous l’aspect;
d’un vénérable vieillard chargé de deux gerbes de riz, on lui donne le renard comme attribut
et comme esprit serviable. Le'culte que l’on rend à l’un s’adresse également à l’autre,
et les temples d’Inari sont toujours précédés de deux statues de renards accroupis au pied
d’un tori recouvert de laque rouge.
La fête du temple de Yébis a lieu lè vingtième jour du onzième mois. Le dieu que
l’on y adore était le frère cadet du Soleil. Repoussé de la cour céleste à cause de sa difformité,
Yébis gagna sa vie par la pêche et s’amassa de grandes richesses. Pendant la foire
annuelle que l’on tient à son honneur, les marchands attirent les chalands par des prix
extraordinairement réduits, et le plus clair des bénéfices ou des économies qui se font à
cette occasion, va se perdre, la nuit même, en divertissements profanes. M
Un autre temple, appartenant au culte des Kamis,- s’est donné la-spécialité de rafraîchir
les anciennes mascarades du daïri, telles que la ronde des coqs, par exemple : les danseurs,
couronnés d’une crête énorme, portent un màsque en forme de bec, ayant un grelot
comme appendice.
Les prêtres de Founabas exposent un beau jour leurs idoles en plein soleil, au centre d’un
encadrement âë bambou, richement orné de fleurs et de pompons de papier. Jeunes et
vieux s’armant, alors soit d’un gong, soit d’un timbre, soit d’un tambourin, sautent et
crient à perte d’haleine tout autour du lieu sacré.
11 s’en faut peu, en vérité, que les Japonais ne possèdent leurs derviches. Les
confréries de quêteurs du culte Kami ajoutent à leurs litanies des évolutions et des
figures chorégraphiques tout à fait inattenduès. Chez eux, le goupillon est fixé au sommet
d’une espèce de lance ornée d’un petit bouclier aux signes symboliques. Tandis que
de la main droite le danseur agite l’éventail, il se pose, de la main gauche, le goupillon
sur la nuque, en maintient la hampe horizontale à la hauteur de ses deux épaules, et,
d’entrechats en entrechats, il finit par atteindre, de la pointe de ses pieds, tantôt l’une,
tantôt l’autre des extrémités de la lance.
Mais j ’en passe, et des meilleurs, pour en venir à la bonzerie, qui réunit en sa vaste
enceinte toutes les séductions et toutes les jongleries, toutes les industries et tous les artifices
qu’il est possible de combiner dans une entreprise d’exploitation générale des superstitions
et des passions humaines : c’est la grande téra de Quannon dans l’arrondissement
d’Asaksa-Imato.