
la révérence, lise baisse, ferme l’éventail et le tient, des deux mains ¡'pendant ce temps
sa tête a disparu; elle reparaît, mais avec des dimensions colossales, puis sous^sa-forme
natùrelle, .mais; reproduité. en trois 'ou quatre exemplaires. On apporte devant lui une
espèce d’amphore, et bientôt il sort tout de son long du col étroit de cette bouteille et
s’évapore dans les nuages suspendus au plafond.
Cependant .on prépare la grande scène des toupies. Un jongleur exhibe les deux plus;
grosses et. lès prend par le manche, qu’il roule un'instant entre les deux paumes de ses
mains. Dès lors le mouvement, dé rotation qu’il leur a imprimé ne s’arrêtera plus. Son
camarade saisit la première .et la fait rouler de flanc sur un long tuyaii de pipe, puis il
la-lance en l’air et; la reçoit dans le fourneau de la pipe ; enfin il l’envoie tourner , au
posté qui lui est assigné; et la toupie obéit en gravissant jusque sur une table en laque
lin viaduc.entrecoupé d’un pont cintré. En même, temps, l’autre, jongleur apporte un haut
dressoir, sur lequel il dispose un bol de porcelaine qu’il remplit d’eau jusqu’au bord. Il
étend sur la surface liquide une feuille de lotus, enlève du sol la seconde toupie et l’installe
sur Cette feuille, où elle continue de tourner. Bientôt un charmant jet d’eau sort de
la pointe de la toupie.
Tandis que les deux grosses toupies restent en place, on déballe ;lés moyennès. et
les petites. Un simple choc, un contact presque impérceptible avec les premières; suffit
poür mettre toute la troupe en mouvement. Mais on ne se bornera pas. à : la laisser
tourbillonner sur le sol. Le. régisseur montre aux spectateurs des boîtes et dès raquettes
tout ordinaires, des fils de fer parfaitement lisses, des sabrés dont. il. fait examiner
le tranchant ; puis il donne le signal de la danse: trois artistes entrent en.scène,
saluent profondément le public et se mettent simultanément à l’oeuvre, a u . son de toute
la'symphonie. L’un jongle a u . cerceau avec quatre ou cinq toupies; le .second en fait
sauter, dans les boîtes, puis ressortir et tourner à la file tout à l’entour; le troisième:en
lance sur les fils de fer tendus, où elles courent et. reviennent d’un bout à . l ’autre,
sous sa direction. Le même jeu se répète sur le tranchant d’un sabre. Une partie de
raquettes achève de mettre à l’épreiive les héroïnes, du bal : ce sont elles; qui servent
de volants.. Quelque incroyable que cela puisse paraître, aucune des toupies, grosses,
moyennes ou petites, ne cesse d’être en rotation pendant.toute cette , série d’exercices.
Je ne sais jusqu’où va la supercherie dans cèrtains actes .de la représentation. Je -1 ai
constatée, pendant la répétition de la véranda, en ce. qui concerne le tour du sabre
et des fils de fer: les exemplaires que l’on montre au public sont adroitement remplacés
par .d’autres, identiques, mais munis d’une fine rainure.. Les .jongleurs m’ont
aussi fait voir; entre autres curiosités, l’appareil secret qui: supporte la grosse toupie
dans le bol de porcelaine. Quoi qu’il en soit, la construction des toupies ¡japonaises,
ou plutôt le mécanisme qui* les équilibre, est d’uiie perfection merveilleuse. Il n’y a
pas d’autre terme non plus qui rénde-l’impression de, l’ensemble et des imoindrés .détails
du spectacle que je viens d’èsquisser. Témoin encore, cette; scène ; où lé jongleur
découpe nonchalamment une feuille dé papier en petits morceaux carrés qu’il jette en
l’air, chasse de l’éventail, -et; changé peu à peu én une troupe d’oiseaux qui détalent.