
vernements se forment, il nous semble qu’il est sage de renouveler de. temps en temps
les lois. Il fut un temps où les antiques lois du gouvernement de Votre Majesté
ont été nouvelles aussi. C’est à celte même époque quo l’Amérique, qu’on appelle souvent .
le nouveau monde, fut découverte. Les Européens qui vinrent s’y établir y furçnt long-
temps en petit nombre et pauvres. Us sont maintenant devenus un grand peuple ; leur
commerce s’est étendu partout, et ils pensent que, si Votre Majesté voulait modifier les lois
anciennes et permettre un libre échange entre les deux contrées, ce serait un avantage pour
toutes deux. Le seul objet de la visite que le commodore Perry, à la tête d’une puissante escadre,
va faire, sur notre ordre, à votre célèbre ville de Yédo, . est d’obtenir de Votre ^Ma-
jesté impériale un traité d’amitié et de commerce, le charbon et les provisions nécessaires
à notre marine et une protection efficace pour nos gens naufragés. Nous chargeons le
com m o d o re Perry de prier Votre Majesté, d’accepter dé notre part quelques présents. Ils
ne sont pas de grande valeur, en eux-mêmes,, mais ils.peuvent servir de spécimen de ce
qui se fait en Amérique, et ils sont offerts en témoignage d’une sincère et respectueuse
amitié.
« Que le Tout-Puissant, ait. Votre Majesté en sa sainte et forte garde !
Parti la veille de Noël de’1852, le commodore commença ses opérations, au mois de
mai 1853, par la négociation d’un traité avec le gouvernement royal d e s& s Liou-Kiou,
tributaires de l’empire du Japon en leur qualité de possessions du prince de Satsouma.
A l’Est des Liou-Kiou, il se mit en rapporj avec, les. habitants des iles Bonin, et leur
acheta, au nom de l’Amérique, une.certaine étendue de terrain destiné à devenir une
station d’approvisionnement de houille.
Les États-Unis possèdent déjà une station de même nature, plus bas, à Guam, dans
l'archipel des Mariannès. ■ . v
Si l’on ajoute à ces établissements ceux qui existent pareillement aux iles Hawaï, l’on
aura la vue d’une série complète d’étapes, organisées pour le service de la g ra ii^ ligne
maritiiêe de la'Californie au Japon et en Chine.
Au mois de juillet 1853, le commodore, à la tête d’un détachement de son escadre, fit
sa première apparition dans le golfe de Yédo, jusqu’à la hauteur de la ville d’Uraga. Il
demeura insensible à toutes les représentations des autorités japonaises, qui le conjuraient
de descendre à Nagasaki pour y remettre ses lettres. Elles furent reçues à Uraga, en conférence
Solennelle, par deux, prinees accrédités, et le commodore annonça qu’il viendrait
chêfcher la réponse au printemps suivant avec toute son escadre.
En effet, le 11 février 1854, neuf beaux navires américains jetaient l’ancre en face de
Yokohama, qui n’est qu’à 12 kilomètres de la ville de Yédo : dans le nombre, on remarquait
les grands steamers de guerre, le Susgnehanna, portant le pavillon amiral, le Pow-
h attan, le Mississipi, le Saraloga. Au bout d’une douzaine de jours de visites, d’mvitatjons,
de fêtes et.de banquets, les conférences s’ouvrirent à Yokohama, et, après avoir fait place à
de no u v e lle s fètçs relatives à l’échange des présents, elles aboutirent, le 31 mars, à la conclusion
d’un traité. t f
Ce document, qui fait entrer le Japon dans la civilisation, les destinées, l’mévifable
solidarité du monde moderne, porte le titre de Traité de Kanagawa : c’est le nom d’une ville
située sur la rive septentrionale de la-baie de Yokohama, en face du village où eurent lieu
les conférences. Elle possède un hôtel ou plutôt un caravansérail appartenant au. gouvernement,
et les commissaires'impériaux y avaient fixé leur résidence. 1
Après avoir doublé, dans là nuit du 24 au 25-avril, la pointe Sud de la grande ile de
Nippon, c’est-à-dire le promontoire d’idsoumo, situé à l’extrémité méridionale de la prin-
Gravé par T.rhacd.
cipauté de Ksiou, nous marchâmes à la voile pendant toute la journée du 25, dans le sens-
du courant japonais appelé Kouro-Siwo, qui coule du Sud-Ouest au Nord-Est avec une
vitesse de 35 à 40 milles par jour. C’est un courant d^eaû chaude dont la température
maximum est de 30° centigrades.
Le temps était pur, et la mer scintillait d’un éclat d’émeraude. Je passai sur la dunette
de longues heures, de repos et de vague contemplation. Je goûtais pour la première fois