
permettait d’échanger chaque mois une somme convenue, au taux uniforme de 311 itzibous
pour 100 dollars, après déduction de 4 pour 100 pour frais de monnayage, tandis
que le change ordinaire de la place variait dans les limites de 220 à 260 itzibous, pour
100 dollars.
La même faveur s’étendit aux consulats, aux officiers des détachements de troupes
étrangères préposées à la garde des légations et du quartier franc, aux officiers et jus-i
qu’aux équipages de la marine de guerre en station dans les eaux de l’archipel japonais.
Les fonctionnaires ou officiers supérieurs échangeaient de la sorte, selon leur grade,
1,500 à 3,000 dollars par mois, ce qui ne laissait pas que de jeter un certain charme sur
leur séjour dans l’extrême Orient. 11 est vrai qu’ils n ’y gagnaient pas en considération ;
aussi furent-ils d e | premiers à provoquer le retrait de cette mesure, qui s’effectua, si je
ne me trompe, en 1865.
I Au reste, l’ancien kobang ayant été retiré de la circulation, le nouveau, frappé au
phids de 3 gr. 500, et valant d’après l’analyse 7 fr. 2089, ne -fut bientôt plus accepté
qu'au taux de sa valeur intrinsèque, approximativement. On«en usa de même à l’égàrd de
l’itzibou, réduit à un poids de 8 gr. 900 et à une valeur de 1 fr. 77, ¿d’après l’analyse.
Des rapports analogues s’établirent naturellement à l’égard du nibou, subdivision du
kobang, en alliage d’or et d’argent, valant 2 fr. 7849, ainsi que de toutes les autres sub-:
divisions monétaires, telles que le demi-itzibou, le quart d’itzibou, letempo; et le cashe
ou széni.
Tandis que, du côté des négociants étrangers, l’esprit de spéculation trouvait son*,
principal aliment dans les opérations de change, leurs confrères indigènes, stimulés par
l’exemple, déployaient dans le champ mercantile qui leur était propre*, un génie de
malice et de fourberie dont les progrès devinrent hientôt alarmants.
Depuis longtemps on faisait à Nagasaki des imitations de vieux laque et de porcelaine
gçaquelée, des contrefaçons d’écaille de tortue avec de la corne de buffle de Java,
et d é c a is sé s de bois quelconque enduit de camphre, qui se vendaient pour l’exportation
sous len om de caisses de camphrier. C’était chose connue et de, peu d’importance.
Tant pis pour les acheteurs qui s’y laissaient prendre ! Les vraies curiosités japonaises
sont faites pour les connaisseurs ; les contrefaçons suffisent pour la satisfaction des vulgaires
amateurs. 1
Mais ce fut bien une autre affaire, lorsqu’on s’aperçut peu à peu qu’il n’y avait aucun:
article indigène que le consommateur étranger pût acheter de confiance. Arrivait-il, par
exemple, sur le marché de Yokohama des balles de soie des meilleures provinces,,
l’acheteur, mâlgré leur provenance officiellement attestée, ne manquait pas . d’y rencontrer
un mélange de qualités diverses, du titre le plus fin au titre le plus grossier, et, en;
outre, le poids de la balle comportait une tare énorme, provenant non-seulement de remballage
indispensable, mais d’une masse de papier, de ficelleà et de filasse abusiveihent
introduits à l’intérieur du colis, dans le pliage des écheveaux. S’agissait-il de l’achat;
d”oeufs de vers à soie japonais destinés à être expédiés en Europe pour régénérer l'es«*
pèce atteinte de maladie dans toutes nos »contrées séricicoles, ce n ’était pas assez que
les marques des cartons n’offrissent aucune garantie sérieuse tantôt on apprenait que
la place se trouvait infectée d’oeufs de vers à soie de la Chine appliqués sur des cartons
japonais ; tantôt ml 'découvrait, parmi la marchandise de provenance indigène, des oeufs
de la qualité lÿanehe teints en vert pour leur donner là couleur la plus recherchée par
les graineurs étrangers ; enfin, on dut même se convaincre qu’il existait des cartons où
dés grains de cire imitant les oeufs de vers à soie avaient été mêlés en grand nombre à
des graines, véritables.
Il y a remède à tout, en matière de négoce, s’il faut en croire lesrpraticiens experts.
Les difficultés du commerce des&soies développèrent au Japon l'industrie des commissaires
inspecteurs, travaillant en cet article, les uns au service des grandes maisons
d’exportation de la place., les autres pour Jeu r compte, à la commission, et sous leur
propre responsabilité. L’institution eut s e c o u r s de gloire, sa grandeur et sa décadence,
à mesure que le marché des soies tendait à se régulariser.
Le commerce du thé* d’abord abandonné sans contrôle à la bonne foi et aux procédés
de fabrication des indigènes, fui l’objet d’une intervention non moins énergique dé négociants
familiarisés avec les marchés de la Chine. Ils établirent de grandes fabriques
pour appliquer au thé japonais les principes de la préparation chinoise. Le gouvernement
paraissait suivre avec intérêt cette expérience de l’industrie occidentale. Il aidait’
les entrepreneurs à se procurer parmi la population indigène des ouvriers intelligents.
Lorsque ceux-ci eurent terminé leur apprentissage, ils disparurent un beau jour comme
par enchantement. On suppose qu’ils n’avaient fait en cela qu’obéir à un ordre du gouvernement,
qui réclamait leurs services pour organiser à l’intérieur des fabriques nationales,
en concurrence avec celles des spéculateurs étrangers.
Telle fut, sans entrer dans de plus amples détails, la première phase de nos rapports
avec l’Empire du Soleil levant.
Depuis le 1er janvier,1868, une nouvelle ère a commencé : quatre places de,§* plus
importantes se sont ouyertes au commerce de l’Occident : Yédo, Hiogo, dont lé qirartier
franc porte le nom de Kobé, Osaka et Niagata.
En y ajoutant les anciennes, Nagasaki, Hakodate et Yokohama, on compte donc sept
points sur lesquels il existe actuellement des* établissements européens, abstraction faite
d’autres ports qui ne sont encore que visités par nos navires, notamment Shendaï, Kago-
sima et Simonoséki.
Il serait téméraire de sé-livrer à des conjectures sur les résultats que l’on peut attendre*
de cette subite extension de nos relations commerciales. Ils dépendront essentiellement de
la solution que recevra la question du réseau des chemins de fer du Nipponilfe
Je suis persuadé que l’avenir de l’Occident au Japon est à Yédo même^ainsi que
dans les ports de la mer intérieure, Simonoséki, Hiogo, et surtout Osaka, qui deviendront,
dans des conditions différentes, les principaux entrepôts des produits manufacturés
dp l’Europe.
On estime généralement que Niagata, sur la côte occidentale de Nippon, sera une
place de plus en plus importante pour l’exportation des thés et des soies de l’intérieur, et