
de' sociabilité, ce fonds de bonne humeur et cet esprit de repartie qui caractérisent
généralement la petite bourgeoisie de la capitale.
Les quartiers du Hondjo et de Foukagawa sont construits sur un plan dont le cadre
est de la plus parfaite régularité. Us sont bornés au Sud par la baie, à l’Ouest par l’Ogawa,
à l’Est par une petite rivière, et au Nord par un canal, qui les sépare du quartier de Su-
midagawa. Deux canaux les traversent du Nord au Sud dans toute leur longueur, et
trois de l’Ouest à l’Est dans toute leur largeur. Il résulte de cette distribution que le
Hondjo se divise en quatre parties égales ou quatre parallélogrammes allongés, deux au
Sud de Sumidagawa, deux au Nord de Foukagawa, et que ce dernier quartier pareillement
a ses quatre parallélogrammes, deux au Sud du Hondjo, et deux sur la baie.
A Yédo, comme dans d’autres capitales traversées par un fleuve, c’est tout un monde
à part que celui de la rive opposée au centre de la ville. Le Hondjo, qui fait face à la Cité,
n ’en a point le mouvement commercial ; il ne présente ni l’imposante agglomération des
résidences du Castel, ni l’animation des places réservées dans les quartiers du Nord aux
plaisirs de la foule ; cependant on y trouve, mais dans des conditions toutes spéciales, du
commerce et de l’industrie, des temples, des palais et des lieux de réjouissances publiques.
Quelques-uns des plus grands négociants du Japon habitent le Hondjo, tout en conservant
leurs comptoirs dans les quartiers du Kio-bassi ou du Nippon-bassi, à la manière des
riches armateurs de Rotterdam, qui ont leur maison à Verkade et leurs bureaux parmi
les entrepôts de la Wijnstraat.
La tranquillité relative dont on jouit sur la rive gauche et la facilité avec laquelle on y
obtient de grandes concessions de terrains, semblent y avoir favorisé l’établissement de
nombreuses bonzeries. Quelques-unes possèdent des temples considérables. Parmi les
vingt à trente temples du quartier de Foukagawa, l’ancien culte national est principalement
représenté par les deux'célèbres mias de Temmangô e td ’Hatchiman, et le culte bouddhiste
par la téra de Sandjiou-san-Ghendhô, qui mesure en longueur trente-trois nattes ou
environ soixante-six mètres. Dans le Hondjo, qui compte plus de quarante temples de
diverses dénominations, on distingue celui des Cinq-cents Génies, le Goïaka-Lakan ou
Goïakoura-Kandji, consacré à la mémoire des Racans et autres saints illustres du bouddhisme.
Autrefois cette vénérable armée, toute composée de statues de bois plus grandes
que nature, et passées en couleur, se déployait sur les eslrades et les galeries de la nef,
du choeur et des chapelles latérales du lieu sacré, à gauche et à droite de l’idole colossale
d’un bouddha révéré sous le nom de Tô-Schabori. Un tremblement de terre a jeté la
perturbation dans les rangs de la sainte milice. Les hangars du voisinage en ont recueilli
les victimes les plus mutilées, et le temple dévasté n ’a pas encore été réparé et rendu au
culte. Non loin de là, une autre bonzerie a fondé sa réputation sur une base moins fragile
que les images des héros de l’ascétisme et de la contemplation. Deux fois par an elle
engage à son servicè, pour une série de représentations publiques, l’élite des lutteurs
de Yedo, et cette pieuse spéculation ne manque jamais d’attirer sur le vaste préau de
l’enceinte claustrale une énorme affluence de curieux appartenant à toutes les classes de
la société. Au reste, chaque temple, chaque monastère a son genre de réclame et se fait