
11 ne lui eut pas été possible de fermer cette dernière place, qui longe sur une dëmi-
lieue d’étendue la grande route impérialé ; il lui était facile, au contraire, de convertir
Yokohama en un second Décima, et c’est ce qu’il fit par la création d’un large canal (Me
creék), qui acheva d’isoler la ville européenne en la séparant du faubourg d’Omoura.
Les ponts de bois jetés sur le canal n’étaient praticables que pour les piétons, et une
seule issue s’offrait à la circulation des marchandises, savoir : la chaussée et le grand
pont de bois établis au delà de Benten, dans la direction de la colline des gouverneurs.
Rien ne pouvait plus entrer à Yokohama ni en sortir que sous le contrôle et
moyennant la permission de l’autorité. Le régime du monopole et du bon plaisir remplaçait
la liberté commerciale promise par les traités, et du haut de leur résidence fortifiée
les gouverneurs de Kanagawa tenaient à leur merci toute la population de la colonie,
depuis les fiers négociants de l’Occident, jusqu’aux pêcheurs et aux marchands de
coquillages de la bourgade de Benten.
M AKCBAM) DE COQUILLAGES.
CH A P IT R E LV111
P R EMIÈ R E S LEÇONS DE COMMERCE
Jusqu’à l’époque des traités le gouvernement hollandais tint les rênes du commerce
qui se faisait entré l’Europe et le Japon. Il avait pour agent la Compagnie des Indes néerlandaises,
dont la factorerie japonaise était installée à Décima.
En 1857, quelques maisons d’Amsterdam et de l’Allemagne du Nord établirent dés
comptoirs sur la même place; Elles se vouèrent avec succès à l'importation de cotonnades"
et de tissus de laine appropriés a*u goût et aux modestes ressources financières des consommateurs
indigènes. Les tissus du Japon en soie et en coton sont peu solides ; la laine
est inconnue dans èe pays. Les produits manufacturés de l’Angleterre, de la Suisse et de
la Hollande, principalement les tosans ou taffachétéas, tissus de coton d’un prix plus abordable
que celui du drap> devinrent l’objet d’une .forte demande. Les pièces achetées à
décima s expédiaient à Simonoséki, d’où elles sè répandaient sur les marchés de l’intérieur.
-* Les pionniers du commerce européen, qui avaient fait leur première étape à Nagasaki,