
.encablures du rivage, défendent l’accès-de Yédo, à la hauteur du faubourg de Sinagawa.
iG’est au Sud-Ouest de ces forts que se trouve l’ancrage des navires européens ; ils y
stationnent généralement'en compagnie de trois ou quatre gros vaisseaux de guerre
japonais et d’une demi-douzaine de jonques que leur tirant d’eau empêche de rejoindre
ce qu’on appelle le Port des jonques, à l’embouchure du grand fleuve’ qui traverse la
ville de Yédo.
A l’Ouest, une batterie de côte, celle d’Odaïwa, protège sur la rive le Goyodji, l’une
dés écoles de marine du gouvernement, et croise ses feux sur la rade avec ceux des
forts détachés. Elle est située à l’extrémité d’une langue .de terre formée par la rivière
qui sépare Sinagawa du quartier de Takanawa.
La côte orientalè de là baie, que l’on entrevoit à peine à l’horizon, paraît être abandonnée
sans autre protection que les nombreux atterrissements dont elle est bordée.
On ne descend jamais officiellement, à Yédo, ailleurs que dans l’enceinte du débarcadère
ou Hatoban de Takanawa. On ne saurait y parvenir qu’en chaloupe, et c’est, depuis
le mouillage, un trajet d’une heure à une heure et demie. Encore faut-il avoir soin de
profiter de la marée montante, sinon l’on court le risque de ne pouvoir aborder qu’à la
suite de manoeuvres aussi longues qu’ennuyeuses, opérées au moyen de petits bateaux
plats, que les coulies du Hatôban tirent à bras, en cheminant, les jambes plongées
dans la vase jusqu’au-dessus du gènou.
Nulle ville ouverte ne présenté un aspect plus inhospitalier que Yédo, vue du côté de
Ha mer. L’on dirait un parc immense dont l’entrée est interdite. Les collines, richement
boisées, sont parsemées de chalets et de vieux temples aux. énormes toitures. A leur
pied, s’étendent de longues rues de maisons en bois et quelques bâtiments aux murailles
blanches; mais sur toute.la vaste étendue de l’arc' de cercle que la baie dessine entre
Sinagawa et le Hatoban, l’on ne distingue absolument rieir qui réponde à nos notions de
quais,-de port, de débarcadère : partout des murs, des plànches, des palissades; nulle
part, des éscaliers, des jetées, quoi que ce soit qui invite à prendre terre. Le Hatoban lui-
même se. cache derrière une palissade en grossier pilotis, ayant deux issues latérales sur
la baie, et il se compose tout uniment de trois ou quatre mauvaises planches jetées sur
quelques pieux en avant d’une terrasse munie d ’une palanque, dont la porte donne accès
dans la cour des bâtiments de la douane.
C’est là que les délégués du gouvernement japonais souhaitent la bienvenue aux envoyés
étrangers èt les prient d’agréer les services de là garde d’honneur que le Taï-
koun a bien voulu charger du soin de leur protection. Ces formalités accomplies, les
principaux personnages des deux nations en présence montent à cheval ou en palanquin,
et le cortège, dûment organisé, sort d e'sa prison par la porte de la douane qui
ouvre sur .le Tokaïdo. Au bout de quinze à vingt minutes de marche entre deux haies
de curieux des. déux sexes accourus des boutiques, des maisons de thé et des maisons de
bains du voisinage, dans un négligé très-pittoresque sans doute, mais peu fait pour
rehausser la dignité dü spectacle, on gravit les collines de Takanawa, on entre dans les