
spécialement par le développement extraordinaire de leur système pileux : on dirait des
contemporains de l’ours des cavernes. Le géologue américain Rickmore, qui les a observés
sur les cotes de Yéso, les fait rentrer dans notre grande famille arienne, dont ce serait
probablement 1 unique branche qui se fût laissé refouler par des immigrations étrangères,
au lieu d’être elle-même envahissante.
Comme on a vu les Celtes disparaître de certains comtés de l'Angleterre où ils semblaient
enracinés, les Aïnos perdenl peu à peu dans les Kouriles, à Saghalien, à Yéso
même, le terrain qu’ils occupaient de toute ancienneté. Déjà ils ne forment plus qu’une
nation de 10 à 12,000 âmes. Leur souvenir toutefois reste'bn vénération parmi le peuple
japonais. De nos jours encore, dans les, repas les plus somptueux, il est d’usage de
servir, en commémoration des ancêtres, un coquillage très-vulgaire qui faisait, dit-on,
la nourriture primordiale des Aïnos. Jamais leur nom n ’emporte aucune idée de mépris :
l’équivalent du terme de barbare dans la bouche des Grecs existe aussi dans la langue
japonaise, mais c’ëst le mot de Yébis et non -celui d’Aïnos. Seulement, si les ¿peuplades
barbares que les fondateurs de l’empire japonais combattirent, sous le nom de
Yébis, n ’étaient pas des tribus d’Aïnos, on se demande en quoi elles différaient de ces
dernières et quelle était I origine des unes et des autres, et, plus spécialemen! encore,
d où venaienl leurs conquérants et lèurs dominateurs.
Après un pareil aperçu des difficultés que présente le point de départ de l’ethnographie
du Japon,' j espère que l’on ne s’attendra pas à un exposé bien lumineux des éléments
dont se compose la population actuelle de cet empire. En réalité, ce qu’il me reste à
dire ne fait qu’ajouter aux embarras du début. Je ne vois pas qu’il y ait grand profit à
poser en principe que, par la forme dé leur crâne, les Japonais appartiennent évidemment
à la famille touranienne : ce qu’il faudrait relever et, faire toucher du doigt, c’est 1 al-
taclig par laquelle la branche japonaise tient au tronc touranien; ce iq u ’il importerait
d expliquer, c est ce phénomène étrangef d’un tronc commun produisant en Chine et
en Corée des branches de la race jaune et, un peu plus loin, au Japon un rameau de
la race blanche.