
fanons de l’ancienne toque du daïri ; mais ses grands yeux calmes et vigilants, sa main
droite armée du glaive et la fermeté de son attitude en font le type accompli de la bravoure
et de la prudence réunies. Longtêmps après qu’il eut cessé de vivre, Shyoki. remportait
encore des victoires. Quand les Mongols tentèrent d’envahir l’île de Kiousiou, le
Siogoun pe voulut pas se borner à leur opposer ses meilleures troupes, il fit déployer à
leurs yeux un grand nombre de bannières portant l’image de Shyoki, et ce spectacle seul
les glaça d’épouvante.
Malgré 1 inaltérable fidélité avec laquelle les artistes japonais reproduisent les traits
conventionnels de leurs grands types nationaux, ils en varient à l’infini les poses, l’action,
l’attitude, tous les accessoires, en un mot, qui ne peuvent compromettre l’identité du
personnage. Ainsi, le vieux Shyoki, dans sa carrière aventureuse, eut à combattre des
ennemis très-divers, entre autres une légion de petits démons à peau rouge, extrêmement
taquins, opiniâtres et malicieux : ils s’attachaient à ses pas, s’embusquant sur les
arbres, derrière les rochers, sous les ponts et dans les roseaux. La manière dont il leur
fait la chasse et dont sa proie tantôt lui échappe, tantôt reste en son pouvoirforme le
sujet d une épopée burlesque à laquelle depuis des siècles les peintres indigènes ne
cessent d’ajouter quelque épisode de leur invention. Souvent leurs dessins à l’encre de
Chine sont de petits chefs-d’oeuvre de verve héroï-comique.
La quatrième des grandes fetes annuelles, celle du septième jour du septième mois,
est connue sous le nom de fête des Lampes ou des Lanternes. A Yédo, les petites filles
parcourent en troupes les rues illuminées de la Cité, et chantent de tout leur coeur en
balançant de la main droite des lanternes de papier appropriées à leur taille. Dans certaines
villes du Sud, la population visite les collines tumulaires et passe la nuit parmi
les tombeaux.
Le treizième, le quatorzième et le quinzième sont des jours où Ton va dans les
temples prier pour les morts et brûler des cierges en leur faveur. Cependant, le
quinzième étant l’époque des règlements de comptes de la première moitié de Tannée,
les réjouissances publiques qui succèdent à l’accomplissement de ce lourd devoir admettent
les divertissements les plus variés.
Les mascarades accompagnées de danses nationales figurent au premier rang des
plaisirs populaires. "Tous les masques ont leur signification, leur caractère traditionnel.
Il y a les types nobles : d’abord les placides figures des gentilshommes et des dames du
daïri, puis les farouches physionomies des héros des guerres civiles. Il y a les masques
fantastiques, articulés, aux mâchoires mobiles, à l’imitation de ceux que portent les acteurs
du Mikado.
D autres représentent le grotesque et divin Tengou, la bonne Okamé, la plus joufflue
des Japonaises dont l’histoire fasse mention ; ou la malheureuse Hivotoko, idéal de la
laideur. Ceux-ci reproduisent toutes les variétés connues de la race des démons, ceux à
un oeil, à deux yeux, à trois et à quatre yeux, sans cornes ou avec une corne, ou à deux
et même trois cornes, depuis les diablotins jusqu’aux géants et jusqu’à l’odieuse Hanggia,
le démon lémiuin. Enfin une dernière catégorie comprend les masques faits à la res