
amateurs, soit dans des coquilles de mer, soit dans de longs cornets de papier imperméable.
Les Japonais font grand usage de son spécifique pour certaines;? maladies de la peau. II
èst moins facile de comprendre à quoi leur servent les peaux de grenouilles qui rentrent
aussi dans les articles de commerce de Yamasta.
Voici, sur d’élégants dressoirs, le séduisant étalage des lots d’une banque en plein
vent, ainsi que les petits livres mystérieux d’un diseur de bonne aventure. Un diablotin
cornu et cramoisi répond, en frappant du marteau sur un timbre, aux questions que le
sorcier lui pose.
Plus loin, un groupe de curieux examine au stéréoscope des sujets que la police européenne
prohibe, quant à la vente sur place, mais tolère sans scrupule lorsqu il ne s agit
que d’en infecter le commerce d’exportation. Survient une espèce de bonze jongleur, dont
la spécialité consiste à jouer impunément avec le feu. Une pièce d artifice est attachée à
son bras gauche, la mèche tout allumée. Chacun se hate d’éloigner 1 importun personnage,
en lui jetant un széni dans la boîte qu’il porte sur sa poitrine. Les petits marchands
ambulants qui lui succèdent rencontrent un meilleur accueil. Celui-ci vend des tranches
de melon d’eau; celui-là, de l’eau tiède légèrement infusée de thé. Le troisième est un
colporteur de tabac, de pipes et de sacs à tabac. Lui aussi aborde les promeneurs, en leur
montrant une mèche allumée, et, pour le coup, c’est le moyen de les attirer, car , chez
ce peuple où tout le monde fume, personne ne connaît 1 usage du briquet. Nos allumettes
phosphoriques n’ont pas de succès au Japon. Elles y arrivent avariées, ou s y détériorent
sous l’action d’une atmosphère presque constamment humide. Dans chaque maison, Ion
entretient^ jour et nuit, un brasier. Les voyageurs allument leur pipe à celle des fumeurs
qu’ils rencontrent sur leur route. Au surplus., tous les indigènes s entendent à faire du feu
à la manière des sauvages, par la friction de deux bûchettes en bois d essences différentes.
Plus on approche de la grande place de Yamasta, plus la foule augmente. Les trottoirs
sont envahis par des boutiques volantes, en perches de bambou et en paillassons. Çà
et là cependant quelques hardis industriels savent se passer de tout abri, et tenir néanmoins
le public à une distance respectueuse. Tels sont, entre autres, l’astronome populaire
et le marchand de nouvelles et faits divers. Le premier expose à un cercle d auditeurs
le meilleur des, systèmes planétaires et joint au charme de sa démonstration le
mystérieux attrait d’une longue lunette, au moyen de laquelle chacun peut faire, aux
moindres frais possible, toutes les observations qu’il lui plaira, sur le soleil, sur la lune
et sur les étoiles. Le second, vieux bonhomme à la voix nasillarde, répète machinalement
la complainte de la dernière exécution capitale, et lentement, sans s interrompre, il distribue,
feuille par feuille, aux passants qui lui tendent la pièce de monnaie, les paquets
d’imprimés dont il s’est chargé l’épaule et le bras gauche. Les productions éphémères des
presses de Yédo ajoutent quelquefois aux nouvelles de la ville une relation succincte, et
ornée de gravures, des événements les plus intéressants du monde occidental.
Bien qu’il n ’y soit, à proprement parler, jamais question dé politique, 1 histoire nationale
elle-même n ’étant pas? encore sortie des langes des annalistes, on ne peut s’em