
C H A P IT R E XXXV
POLICE DES RU E S ET SURE T E PURLIQUE
Parmi les contrastes que présente la société japonaise, il en est un qui se manifeste
avec une sorte d’obsession, dans presque toutes les rues de Yédo : c’est, d’un côté, l’aspect
si policé de cette ville, et, de l’autre, la barbarie de moeurs que révèle une certaine
catégorie de ses constructions publiques.
Ainsi, tandis que l’on admire le bel entretien des places, des promenades, et des
grandes voies de communication, le bon ordre qui règne, sur les marchés et dans la
circulation de la foule, tout à coup l’on est désagréablement frappé de découvrir, à quelque
distance devant soi, ou de rencontrer en tournant l’angle d’une rue, une haute et lourde
barrière, composée de poutres et de traverses peintes en noir, qui s’élève comme un
hideux monument de scènes de troubles et de violences. C’est qu’il, y a, en effet, deux
choses bien distinctes dans l’administration de la capitale : d’un côté, l’édilité bourgeoise,
qui a ses représentants dans chaque arrondissement, et de l’autre, la police du gouvernement,
dont tous les agents relèvent directement du Castel.
Ce sont eux qui font la garde à ces disgracieuses barrières au moyen desquelles les
communications peuvent être interceptées non-seulement d’un quartier à l’autre, mais
dans toutes les rues principales de Yédo.
Elles ont une grande porte centrale et deux poternes latérales, que Ton tient ouvertes
durant la journée, lorsque d’ailleurs tout est dans Tordre, mais que Ton ferme régulièrement
à neuf ou dix heures du soir, Les gens attardés doivent tirer le cordon de la poterne