
des Jésuites. Aujourd’hui, selon le témoignage de Siebold, on ne donne le nom de
Kwanto qu’à la contrée située à l’orient du poste de Fakoné (ou Akoni), dans la province
de Sagami, c’est-à-dire aux provinces qui bordent la baie de Yédo. »
C’est sans doute sous cette signification extrêmement restreinte que la nouvelle école
donne aux derniers Taïkouns la qualité de princes de Kwanto, et je ne fais aucune difficulté
de l’admettre, à titre purement honorifique. D’un autre côté, je ne vois pas en quoi
cette découverte, si c’en est une, doit bouleverser une histoire aussi claire et aussi connue
que celle des pouvoirs politiques qui ont gouverné le Japon ; car il faut remarquer que
tous les témoignages qui nous sont parvenus sur le règne simultané des Mikados et des
Siogouns’, concordent entre eux quant aux faits essentiels, et ne diffèrent que dans la traduction,
plus ou moins heureuse ou plus ou moins impropre, de titres et de qualifications
indigènes sans équivalents dans nos États de l'Europe.
Ainsi, sans remonter au delà de l’an 1593, ce que 1 histoire constate avec une entière
certitude, c’est que la charge de Siogoun, ou lieutenant général du Mikado, est
devenue entre les mains d’iyéyas une institution dynastique; en sorte que, depuis Iyéyas
jusqu’à nos jours, l’Empiré du Japon fut gouverné, sous la suprématie’ de son empereur
ou Mikado, par des lieuténSnts généraux de celui-ci, lesquels se succédaient au trône
siogounal, dans leur castel de Yédo, selon les lois d’hérédité de Gonghensama et de ses
petits-fils'.
Ces*descendants et successeurs. d’Iyéyas étaient à la fois des seigneurs féodaux,
membres de la confédération des princes héréditaires du Japon, au même titre que les
autres taïshious, et cependant les supérieurs de ces dynastes, leurs collègues, puisqu’ils
pouvaient être dans le cas de leur donner des ordres, soit en vertu du pacte de Gonghensama,
soit au nom et par délégation du Mikado.
Tous, à commencer par Iyéyas, ont appartenu au clan des Tokoungawa, et la plupart
à la famille des princes de Ksiou, le dernier à la famille des princes de Mito.
En leur qualité de dynastes féodaux, ils portaient les armes des Tokoungawa, telles
qu’elles figurent dans les écussons particuliers à la branche des princes de Ksiou et à
la branche des princes de Mito.
En vertu de leur charge de Siogouns, ils arboraient, en outre, le pavillon national de
l’Empire, le globe de carmin sur un fond blanc.
Je ne sache pas qu’ils aient jamais élevé, ni même qu’il ait jamais existé une bannière
de la principauté de Kwanto.
Comme membres de la confédération japonaise, ils faisaient partie du Conseil des
Kokoushis ou grands daïmios, et devaient sans doute se soumettre aux décisions de la
majorité, dans les limites du pacte de Gonghensama; mais ce pacte leur donnait le pouvoir
de réunir autour de leur castel de Yédo toute la noblesse féodale du Japon.
. Un simple coup d’oeil sur le plan de Yédo, et en particulier sur le Soto-Siro, démontre
à tout esprit non prévenu que l’installation de la cour des Taïkouns n’est point
l’installation d’un dynaste féodal, mais véritablement celle de l’administrateur civil et
militaire de l’Empire.