
XI. Soui'ouga, ou Jida-Malsi, Sourouga-Daï, Ogawa-Matsi;
XII. Daïmiô-Kodzi, l’avenue des Daïmios.
Laissant donc de côté la cité bourgeoise, à l’Est de la résidence, nous entrons dans la
première enceinte ou zone extérieure du Castel, par un pont qui relie l’arrondissement
d’Atakosta au Sud à celui de Sakourada au Nord. Marchant ensuite à l’Occident, nous
traversons à l’Ouest du Castel le quartier de Bantsiô, et au Nord du Castel une partie de
Sourouga. De là nous pénétrons dans fenceinte intérieure, et, traversant, du Nord au Midi
le quartier des Daïmios, nous nous retrouvons dans celui de Sakourada, et enfin à notre
point de départ.
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Tel est le plan que nous exécutâmes en quatre heures de marche. Il déroula devant
nos pas, comme les replis d’un mystérieux labyrinthè de pierre, les remparts, les
tours, les palais, où s’est abritée, pendant plus de deux siècles et demi, la puissance des
Taïkouns.
C’est un spectacle imposant, mais qui laisse une impression glaciale. L’ordre de choses
a s i
politique institué au Japon par l’usurpateur Iyéyas rappelle vaguement le régime de la
république vénitienne sous la domination de son conseil des Dix. Il en a sinon toute la
grandeur, du moins toutes les terreurs : la sombre majesté du chef de l’État, le mystère
impénétrable de son gouvernement, l’action latente et continue d’un système d’espionnage
officiellement organisé dans toutes les branches de l’administration, et traînant dans
l’ombre, à sa suite, les proscriptions, l’assassinat, les exécutions secrète^, à |
Il ne faut pas pousser la comparaison plus loin. C’est en vain que i’on chercherait à
Yédo, dans la vaste étendue des glacis du Castel, quelque monument qui méritât d’ètre
mentionné à côté des merveilleux édifices de la place Saint-Marc et du quai des Esclavons.
Le goût artistique fait complètement défaut à la cour des Taïkouns. On l’abandonne au
peuple avec la poésie, la religion, la vie de société, toutes choses superflues qui ne feraient
qu’embarrasser les rouages de la machine gouvernementale. D’un bout à l’autre de la
hiérarchie administrative, chaque fonctionnaire étant flanqué d’un contrôleur attitré, le
génie des employés s’épuise à ne rien faire, à ne rien dire, qui puisse fournir matière
à des rapports compromettants. Quant à leur vie privée, elle se cache, comme celle des
nobles japonais en général, derrière les murailles de leurs forteresses domestiques.
Tandis que les rues bourgeoises, composées de maisons toutes grandes ouvertes sur la voie
publique, sont constamment animées d’une foule d’allants et de venants de toutâgeetdes
deux sexes, dans les quartiers aristocratiques on n ’aperçoit ni femmes ni enfants, si ce
n’est à la dérobée, à travers le grillage des fenêtres, dans les bâtiments des gens de service.
Il y a donc à Yédo deux sociétés en présence, dont l’une, aMiée et privilégiée, vil
comme emprisonnée dans une vaste citadelle ; et l’autre, désarmée, soumise à la domination
de la première, semble jouir, en apparence, de tous les avantages de la liberté.
En réalité, cependant, un joug de fer pèse sur la bourgeoisie de Yédo. Sur cinq chefs
de famille, l’administration taïkounale en établit un coqime magistrat sur les quatre
autres. Des lois iniques punissent toute une famille, tout un quartier, pour le crime d’un
seul de leurs membres. La propriété, la vie même des citadins ne sont entourées d’aucune
garantie légale. Les extorsions et les actes de brutalité des gens à deux-sabres demeurent
le plus souvent impunis. Mais le bourgeois se rabat sur-les compensations que lui offrent
les charmes de sa bonne ville. Si le régime des Taïkouns lui paraît dur quelquefois, il se
souvient que les Mikados n ’ont pas été toujours débonnaires : l’un d’eux parmi les anciens
aimait à faire parade de son habileté à tirer de l’arc, en abattant à coups de flèches des
paysans qu’il invitait à monter sur les arbres.
Dans les pays façonnés au despotisme, c’est une- chose assez embarrassante pour le
pauvre peuple que de savoir où sa patience doit s’arrêter. En république, il devient
exigeant, parce que la république lui ouvre les perspectives d’une amélioration sociale
continue, et que tout gouvernement républicain reste nécessairement au-desjous de la
tâche qui lui est imposée par un tel programme. Sous le régime du bon plaisir, au contraire,
on sait gré au despote de ne pas faire tout le mal qu’il pourrait, on lui tient compte
de ce qu’il veut bien ne pas se montrer pire encore qu’on ne le connaît.
Un empereur japonais, qui* était né sous la constellation du Chien, ordonna