
Cependant d est de ces légendes qui, malgré toutes les protestations du bon sens et
du goût, savent, jusquhî un certain point, captiver l’imagination, exciter la curiosité,
provoquer la réflexion ou éveiller la rêverie:
Maintes lois je me suis demandé quelle pouvait être l’origine, la cause traditionnelle
de 1 importance presque religieuse que Ton attache dans toutes les familles bourgeoises
à une image représentant un vieillard armé d’un racloir en bambou dont’on se sert pour
râteler soit des épis de riz, soit des coquillages, et une vieille femme tenant un balai qui
semble destiné à amonceler des feuilles sèches. A les voir l’un à. coté de l’autre, debout
ou assis au pied d un cèdre antique, dont le tronc caverneux paraît leur offrir un asile,
l’UlLÉMOK ET BAUCIS. ■
je me rappelais involontairement la fable Philémon et Baucis ; mais la légende ne
parle point de la lin du vénérable couple japonais. Un interprète m’a dit que les gens de
sa province considèrent ces deux personnages comme l’Adam et l’Ève de leur pays. On
leur associe fréquemment la tortue et la grue, deux animaux doués d’une inaltérable
béatitude et d’une trèsJongue vie. Enfin Ton aime à exhiber dans les repas de noces le
bon vieux et la bonne vieille, soit sous forme de tableau, soit comme ornement de deisert.
Ils symbolisent sans doute,, aux yeux des jeunes mariés, le contentement demeurant jusqu’aux
dernières limites de la vieillesse l’apanage d’une vie simple et d’une loyal«
affection.