
la partie : son heureux rival est censé rester maître de l’arène. Souvent le fait a lieu sans
que les spectateurs y aient pris garde.
C’est moins par leur force musculaire et par leur adresse que par leur poids, c’est-à-
dire par le choc violent ou par la pression constante d’une masse charnue contre une
autre masse toute pareille, que les lutteurs japonais aspirent à remporter la victoire.
Jamais je n'ai vu d’athlète japonais lancé à terre. Les joutes animées, les incidents dramatiques,
les situations pittoresques, sont des cas tout à fait exceptionnels. Il est très-rare,
un le conçoit, que sur deux combat(ants également énormes il y en ail un qui lâche le
pied ou qui se laisse enlever en l’air. D’ailleurs, au moindre indice de danger, ou aussitôt
que la lutte prend un caractère passionné, lé petit régisseur se livre à mille simagrées
pathétiques et se hâte d’intervenir. Tout au plus permet-il qu’un athlète favorisé du sort
parvienne à saisir son rival par une jambe pour le faire reculer à cloche-pied. Il n’en
faut pas davantage pour provoquer chez les spectateurs un enthousiasme impossible à
décrire. Le vainqueur est toujours largement rémunéré par la société qui lui doit d’avoir
gagné un pari. Elle lui jette ordinairement des gages, tels que des ceintures et des mouchoirs,
dont il opère la restitution au domicile des propriétaires contre la somme que
ces derniers sont chargés de lui faire tenir.
Les lutteurs qui jouissent d’une certaine célébrité ont leurs entrées dans les maisons
de la haute bourgeoisie et même de la noblesse. Le gouvernement leur octroie le droit
de porter un sabre. Les enfants les désignent par leur nom sur la voie publique, et
lorsqu’il leur plaît de diriger leurs pas vers les places consacrées aux réjouissances populaires,
ils y rencontrent, de la part des deux sexes, un accueil digne des hommages qui
entourent les toreros dans les villes espagnoles.
Y É D 0
LES ARRONDISSEMENTS DE L’OUEST ET DU NORD