
MM. Oliphant, Lindau, de Moges, Heine, Spiess, Kreyher, Layrle, Roussin, Rutherford
Alcock ! Que de fines et judicieuses observations, enlevées à la course et par-defeus les
épaules des yakounines ! et combien elles1 jettent plus de jour sur les diverses classes
de la société de Yédo et sur le vrai génie du gouvernement taïkounal, que si celui%i
eut fait, avec une civilité empressée, ’les honneurs de sa résidence aux ambassades
étrangères !
Nous devons notamment à M. Lindau un excellent aperçu sommaire de rétendue,
de la population et de la topographie de la ville de Yédo | Selon son estimation, cette
cité, à tous égards extraordinaire, occupe une superficie de terrain de quatre-vingt-cinq
kilomètres carrés, et renferme environ un million huit cent mille habitants. Il ajoute
qu en 1858 les éléments de cette énorme population se divisaient comme suit : les
bourgeois,'marchands et artisans, au nombre de cinq cent soixante-douze mille huit
cent quarante^huit ; les daïmios, leurs maisons, les gens dp leur suite, représentant
approximativement un chiffre de cinq cent mille habitants ; la maison du Taïkoun, évaluée
à cent quatre-vingt mille âmes ; les membres du clergé, supputés à deux cent
mille; lés voyageurs et les pèlerins, à deux cent mille ; les mendiants et les pariasf'à
cinquante mille.
J ai lieu de croire que, malgré les fluctuations auxquelles la population de Yédo est
plus sujette que celle de toute autre ville, on peut encore adopter aujourd’hui le
résultat des calculs de M. Lindau comme se rapprochant aussi près que possible de la
réalité.
La partie méridionale de la ville, qui js t celle où sont établies les légations étrangères,
renferme huit arrondissements, occupant tout l’espace compris entre le faubourg
de Sinagawa au Sud, la baie à l’Est, la première enceinte des fossés du castel taïkounal
au Nord, et les campagnes de ]a province de Mousasi à l’Ouest.
Ce sont, dans la direction du Sud au Nord, le long de Ja baie :
I. Siba-Takanawa,
et II. Atakosta ;
à l’Ouest de ceux.-ci :
III. Mégouro.Siroga-Néhen ; '
IV.'Asabou et V. Àkasaka ;
enfin, : à . l’Ouest dé ces: deux derniers :
! VI. Avoï-yama ;
VII. Sendaka-Tani
et VIII. Yostouïa, M
qui sont bornés aii Nord par une grande chaussée venant de l’intérieur du pays et
aboutissant au pont occidental des' fossés ïdu castel.
Tous ces quartiers du Midi de Yédo sont esséntiellement plébéiens. Ils contiennent
même une forte - population ^agricole, vouée à la culture des jardins potagers, des
1 Voyage autour du Japon, par Rodolphe Lindau. Paris, t . Cachette e t Cie, 1868.