
koun, sont surtout répandues en grand nombre dans l’arrondissement de Yostouïa, qui
possède deux champs de courses pour les exercices d’équitation des officiers de la
troupe et de la gendarmerie, tandis que Ton n’y rencontre pas un seul palais armorié
ni même un temple de quelque importance.
Sendaka-Tani, pareillement, n’a ni temples ni palais, mais on y voit deux rustiques
bonzeries, dont l’une est ornée d’un Fousi-yama artificiel, et l’autre, de deux ou trois
grands monuments funéraires abrités par des cèdres gigantesques. Avoï-yama enfin se
rapproche de Takanawa, en ce sens que l’on y.distingue un certain nombre de grosses
bonzeries et de résidences seigneuriales ; mais, impatients de découvrir les quartiers les
plus intéressants de la vilb, c’est vers le Nord que nous primes la résolution de pousser
nos investigations. Après avoir étudié notre itinéraire sur l’excellente carte japonaise de Yédo,
nous annonçâmes un beau jour à nos yakounines que nous allions faire une grande
promenade à pied dans la direction du Castel.
Cette communication ne leur plut que médiocrement : autant ils aiment à escorter
à cheval leurs hôtes étrangers, et à parcourir au grand trot avec eux les longues rues
de la capitale, autant il leur est désagréable de prendre part à des excursions pédestres
qui mettent leur vigilance continuellement aux prises avec les fantaisies de la curiosité
occidentale.
M. Kaiser et M. Favre, qui avaient gagné dans les veilles du poste du Tjoôdji les
bonnes grâces des principaux officiers de la garde, eurent l’heureuse idée de leur
fournir un sujet de distraction pour la route. Ils les persuadèrent de profiter de l’occasion
pour apprendre à marcher au pas. Tous les yakounines, les uns après les autres, se
mirent en devoir de suivre consciencieusement la recommandation et l’exemple de leurs
instructeurs improvisés. Les bourgeois de Yédo ¿s'arrêtaient à contempler l’allure
inusitée de leurs samouraïs, et ceux-ci ne pouvaient s’empêcher de baisser la tête de
temps en temps pour jeter un regard de satisfaction sur la pointe de leurs pieds. Quelquefois
même, relevant délicatement leur large pantalon de soie, qui ne ressemble pas
mal à un jupon, ils dévoilaient tout à coup un superbe alignement de jambes à demi
nues et de chaussettes en cotonnade bleue, accompagnées de sandales de paille.
A mesure que la marche se prolongeait, les coiffures, à leur tour, subissaient une
ingénieuse .modification : Jes yakounines détachèrent leurs lourds chapeaux laqués et
les suspendirent à leur ceinture comme des bpücliers ; après quoi, saisissant un éventail,
qu’ils portent volontiers derrière la nuque, sous le collet de leur justaucorps, ils
s’en'firent une vi&ière, fixée sous la mèche en boudin qui surmonte leur front rasé.
-Le tableau ne serait pas complet, si je n ’ajoutais que nous-mêmes nous étions, quant
au costume, à peu près à l’unisson de notre entourage. Yédo est peut-être la seule ville
du monde où les Européens parviennent à s’affranchir du despotisme de la. mode. II est
impossible de résister à la contagion de toute une immense population qui, sauf à la coùr
et dans; les. fêtes solennelles, ne connaît pas d’âulre règle, concernant le vêtement, que
celle'de s’habiller à sa guise;et de se déshabiller à son aise, en laissant au voisin la
lib e tté ia plus absolue d’en agir de même.